Desacha-a-machas. Analyse de Sacha Ă  Macha de Rachel Hausfater Livre : De Sacha Ă  Macha - Auteur : Rachel Hausfater Biographie de Rachel Hausfater ï»żChapitre1 Le narrateur adulte, minĂ© par la solitude commence son rĂ©cit pour mieux comprendre sa solitude qui date depuis toujours. Il prĂ©sente ensuite les locataires de Dar chouafa : lalla kenza la voyante ( au rez-de-chaussĂ©e), Driss el Aouad , sa femme Rahma et leur fille zineb (au premier Ă©tage) et fatma Bziouya au deuxiĂšme Ă©tage).Il Machatente de lui donner un coup de main. Elle essaie d’analyser son histoire, Ă©met plusieurs hĂšses et lui conseille d’insister auprĂšs de son pĂšre afin qu’il lui raconte la vĂ©ritĂ©. Macha est inquiĂšte de ne plus recevoir de mails de son ami. C’est alors que Pierre Bourg lui e de Sacha et que ce dernier a disparu. DeSacha a macha. 354 mots | 2 pages. Sacha est un enfant solitaire qui cherche Ă  renouer le lien avec la Russie, sa terre natale et comprendre ses origines. Par hasard, il tombe via internet sur Macha, une jeune fille dynamique et pleine de vie. Une correspondance rĂ©guliĂšre va s'Ă©tablir entre les deux jeunes enfants. Jai chercher des rĂ©sumĂ©s sur internet mais je n'ai pas l'histoire en entiĂšre. Si quelqu'un pourrai me faire un resumĂ© en quelque ligne se serrai super gentil !!!!! Le livre est : de sacha a macha merci d'avance [email protected] Grand MaĂźtre. 4 Novembre 2008 #2. 4 Novembre 2008 #2. Et comme tu n'as aucun ami, tu n'as forçément personne Ă  qui tu pourrais te dĂ©pĂȘcher DerriĂšreson ordinateur, Sacha envoie des e-mails, comme des bouteilles Ă  la mer, Ă  des adresses imaginaires. Jusqu'au jour oĂč Macha lui rĂ©pond. Au fur et Ă  mesure de leurs Ă©changes, les deux adolescents apprennent Ă  se connaĂźtre, au-delĂ  de leurs diffĂ©rences : Macha, curieuse et pleine d'Ă©nergie, bouscule Sacha, le force Ă  sortir de son retrait, et finit par obtenir sa confiance. cn31. Sacha cherche quelqu'un ou plutĂŽt quelqu'une il cherche Ă  correspondre par ordinateur avec une jeune femme russe. Il rĂ©ussit Ă  communiquer avec une adolescente nommĂ©e Macha. Au fil de leur discussion, Macha dĂ©couvre que Sacha ne connaĂźt pas sa mĂšre. Suite Ă  leur conversation, Sacha questionne son pĂšre sur sa mĂšre. Mais celui-ci ne veut rien lui dire, alors Sacha part pour Saint-PĂ©tersbourg, espĂ©rant retrouver sa mĂšre...Cette histoire est originale car peu de livres sont, comme celui-ci, Ă©crits en livre nous montre ce qu'un enfant peut faire lorsqu’on lui cache son histoire Sacha se met en danger en discutant sur Internet avec une inconnue, ou en prenant le train tout seul pour Saint-Petersbourg, sans passeport ni roman mĂȘle suspense on se demande s’il va retrouver sa mĂšre et Ă©motion on comprend mieux le caractĂšre renfermĂ© de Sacha lorsqu’on apprend qu'il n’a jamais connu sa mĂšre. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID tQpc5GGLvsNFfg_Rjz_9bEoJmQyBNgmIH_Kv6s07_b3bM1JLQYYptA== Ukraine JĂ©sus s’est servi d’une illustration pour dĂ©crire ceux qui dĂ©veloppent une profonde reconnaissance pour la Parole de Dieu il les a comparĂ©s Ă  une semence plantĂ©e sur de la belle terre. Ces derniers “ portent du fruit avec endurance ” en continuant fidĂšlement Ă  proclamer le message de Dieu en dĂ©pit des Ă©preuves et des souffrances Luc 811, 13, 15. Il existe peu d’endroits dans le monde oĂč cela s’est vĂ©rifiĂ© davantage qu’en Ukraine ; malgrĂ© plus de 50 annĂ©es d’interdiction et de rude persĂ©cution, les TĂ©moins de JĂ©hovah ont survĂ©cu et ont vu leur nombre augmenter. Durant l’annĂ©e de service 2001, ce pays a enregistrĂ© un maximum de 120 028 proclamateurs. Plus de 56 000 d’entre eux ont appris la vĂ©ritĂ© biblique au cours des cinq annĂ©es Ă©coulĂ©es. Ces deux derniĂšres annĂ©es, les TĂ©moins ont distribuĂ© plus de 50 millions de pĂ©riodiques, chiffre qui correspond Ă  celui de la population du pays. Chaque mois, la filiale reçoit en moyenne un millier de lettres de la part de personnes qui dĂ©sirent obtenir davantage de renseignements. Tout cela aurait semblĂ© impossible il n’y a pas si longtemps. Quelle victoire pour le culte pur ! Avant d’examiner quelques pages de l’histoire de l’Ukraine, jetons un coup d’Ɠil sur le pays lui-​mĂȘme. En plus de la belle terre symbolique mentionnĂ©e par JĂ©sus, l’Ukraine possĂšde un excellent sol au sens littĂ©ral. Presque la moitiĂ© du pays consiste en une plaine de terre noire fertile que les Ukrainiens appellent tchernoziom, ce qui signifie “ terre noire ”. Cette terre, qui jouit d’un climat tempĂ©rĂ©, a fait de l’Ukraine une des rĂ©gions agricoles les plus productives du monde, avec, entre autres productions, la betterave Ă  sucre, le blĂ©, l’orge et le maĂŻs. Depuis des siĂšcles, l’Ukraine porte le surnom de “ grenier Ă  blĂ© ” de l’Europe. S’étendant sur 1 300 kilomĂštres d’est en ouest et sur 900 kilomĂštres du nord au sud, l’Ukraine est lĂ©gĂšrement plus grande que la France. Comme vous pouvez le voir sur la carte Ă  la page 123, le pays se situe en Europe de l’Est, au nord de la mer Noire. Le nord de l’Ukraine est couvert de forĂȘts. Vers le sud s’étendent des plaines fertiles qui mĂšnent aux magnifiques montagnes de CrimĂ©e. À l’ouest dĂ©butent les contreforts des montagnes abruptes des Carpates, oĂč vivent des lynx, des ours et des bisons. L’Ukraine compte environ 50 millions d’habitants. Ce sont des gens humbles, hospitaliers et travailleurs. Nombre d’entre eux parlent aussi bien l’ukrainien que le russe. Si vous ĂȘtes invitĂ© dans un foyer, on vous servira probablement du bortsch soupe de betterave et des vareniki boulettes de pĂąte bouillies. AprĂšs un agrĂ©able repas, on vous chantera peut-ĂȘtre des chansons folkloriques, car beaucoup d’Ukrainiens aiment chanter et jouer d’un instrument. Les Ukrainiens ont eu l’occasion d’entendre parler de toutes sortes de croyances religieuses. Au Xe siĂšcle, la religion orthodoxe s’est implantĂ©e dans le pays. Plus tard, l’Empire ottoman a introduit l’islam dans le sud. Au Moyen Âge, des nobles polonais ont propagĂ© le catholicisme. Et au XXe siĂšcle, nombre d’Ukrainiens sont devenus athĂ©es sous le rĂ©gime communiste. On trouve des TĂ©moins de JĂ©hovah partout en Ukraine. Cependant, avant la DeuxiĂšme Guerre mondiale, la plupart d’entre eux vivaient dans l’ouest du pays, qui Ă©tait divisĂ© en quatre territoires la Volhynie, la Galicie, la Transcarpatie et la Bucovine. Des graines de vĂ©ritĂ© sont semĂ©es en Ukraine Les Étudiants de la Bible, nom que portaient autrefois les TĂ©moins de JĂ©hovah, pratiquent leur culte en Ukraine depuis plus d’un siĂšcle. Lors de son premier voyage Ă  l’étranger, en 1891, Charles Russell, qui dirigeait l’Ɠuvre des Étudiants de la Bible, s’est rendu dans de nombreux pays d’Europe et du Moyen-Orient. En chemin vers ce qui Ă©tait alors Constantinople, en Turquie, il s’est arrĂȘtĂ© Ă  Odessa, dans le sud de l’Ukraine. Plus tard, en 1911, il a donnĂ© une sĂ©rie de discours bibliques dans de grandes villes d’Europe, y compris Lvov, dans l’ouest de l’Ukraine. FrĂšre Russell est arrivĂ© par le train Ă  Lvov, oĂč une grande salle, la Maison du Peuple, avait Ă©tĂ© louĂ©e Ă  l’occasion de sa confĂ©rence prĂ©vue pour le 24 mars. Neuf annonces publiĂ©es dans sept journaux locaux, ainsi que de grandes affiches, avaient invitĂ© la population Ă  venir Ă©couter le discours “ Le Sionisme dans la prophĂ©tie ”, prĂ©sentĂ© par le “ cĂ©lĂšbre et honorable confĂ©rencier de New York ”, le pasteur Russell. Il Ă©tait prĂ©vu que frĂšre Russell prĂ©sente son discours Ă  deux reprises ce jour-​lĂ . Toutefois, un rabbin juif des États-Unis qui s’opposait violemment Ă  l’activitĂ© de frĂšre Russell a envoyĂ© un tĂ©lĂ©gramme Ă  ses homologues de Lvov, dans lequel il dĂ©nigrait les Étudiants de la Bible. Cela a incitĂ© certains d’entre eux Ă  tenter d’empĂȘcher frĂšre Russell de prendre la parole. Bien que la salle ait Ă©tĂ© bondĂ©e l’aprĂšs-midi comme le soir, des opposants Ă©taient prĂ©sents. Un journal local, le Wiek Nowy, a Ă©crit “ Lorsque l’interprĂšte [de Russell] a traduit ses premiers mots, les sionistes se sont mis Ă  vocifĂ©rer et ont empĂȘchĂ© le missionnaire de parler par leurs cris et leurs sifflets. Le pasteur Russell a Ă©tĂ© obligĂ© de quitter l’estrade. [...] Les Ă©meutiers Ă©taient mĂȘme plus nombreux lors de la confĂ©rence du soir, Ă  20 heures. ” Cependant, de nombreuses personnes dĂ©siraient entendre ce que frĂšre Russell avait Ă  dire. Son message les intĂ©ressait et elles ont demandĂ© des publications bibliques. Plus tard, frĂšre Russell a fait part de son sentiment au sujet de son passage Ă  Lvov “ Dieu seul sait dans quelle mesure cet Ă©pisode est le fruit de sa volontĂ©. [...] L’agitation [des Juifs] relative au thĂšme traitĂ© amĂšnera peut-ĂȘtre certaines personnes Ă  demander plus de renseignements que si elles nous avaient entendus dans une ambiance convenable et dans l’ordre. ” Bien que le message soit restĂ© sans Ă©cho au dĂ©but, des graines de vĂ©ritĂ© avaient Ă©tĂ© semĂ©es, et plus tard de nombreux groupes d’Étudiants de la Bible ont Ă©tĂ© formĂ©s, non seulement Ă  Lvov, mais Ă©galement dans d’autres rĂ©gions d’Ukraine. En 1912, le bureau allemand des Étudiants de la Bible a publiĂ© une annonce dans un calendrier diffusĂ© en Ukraine. Ce message encourageait la lecture des Études des Écritures, dont les volumes avaient Ă©tĂ© traduits en allemand. De ce fait, le bureau d’Allemagne a reçu une cinquantaine de lettres d’Ukrainiens qui demandaient Ă  la fois les Études des Écritures et un abonnement Ă  La Tour de Garde. Le bureau a gardĂ© contact avec ces personnes intĂ©ressĂ©es par la vĂ©ritĂ© jusqu’à ce que la guerre Ă©clate, en 1914. Au sortir de la PremiĂšre Guerre mondiale, quatre pays limitrophes se sont partagĂ© l’Ukraine. Les territoires du centre et de l’est de l’Ukraine ont Ă©tĂ© saisis par la Russie communiste et incorporĂ©s dans l’Union soviĂ©tique, tandis que l’ouest de l’Ukraine a Ă©tĂ© rĂ©parti entre trois autres pays. Les rĂ©gions de la Galicie et de la Volhynie ont Ă©tĂ© rattachĂ©es Ă  la Pologne, la Bucovine Ă  la Roumanie, et la Transcarpatie Ă  la TchĂ©coslovaquie. Ces trois pays garantissaient une certaine libertĂ© religieuse et ont permis aux Étudiants de la Bible de poursuivre leur prĂ©dication. Ainsi, de nombreuses graines de vĂ©ritĂ©, qui allaient porter du fruit ultĂ©rieurement, ont Ă©tĂ© d’abord semĂ©es dans l’ouest de l’Ukraine. Les premiĂšres pousses TrĂšs tĂŽt au cours du XXe siĂšcle, de nombreux Ukrainiens ont Ă©migrĂ© aux États-Unis avec leur famille, Ă  la recherche d’une vie meilleure. Certains ont lu nos publications et les ont envoyĂ©es Ă  leurs proches en Ukraine. D’autres familles ont dĂ©couvert les enseignements des Étudiants de la Bible, sont retournĂ©es dans leur pays d’origine et se sont mises Ă  prĂȘcher dans leur village natal. Plusieurs groupes d’Étudiants de la Bible ont vu le jour et sont plus tard devenus des congrĂ©gations. Au dĂ©but des annĂ©es 20, des graines de vĂ©ritĂ© ont Ă©tĂ© semĂ©es en Galicie et en Volhynie par des Étudiants de la Bible polonais. Dans le mĂȘme temps, des frĂšres de Roumanie et de Moldavie ont apportĂ© la vĂ©ritĂ© en Bucovine. Tout cela a posĂ© un bon fondement pour une croissance ultĂ©rieure. La Tour de Garde du 15 dĂ©cembre 1921 rapportait “ RĂ©cemment, certains de nos frĂšres se sont rendus en Bucovine. [...] Leur sĂ©jour de quelques semaines a permis d’organiser sept classes qui Ă©tudient Ă  prĂ©sent les volumes des Études des Écritures ainsi que Les Figures du Tabernacle. L’une de ces classes compte environ 70 personnes. ” En 1922, dans le village de Kolinkivtsi, en Bucovine, Stepan Koltsa a acceptĂ© la vĂ©ritĂ©, s’est fait baptiser et a commencĂ© Ă  prĂȘcher. À notre connaissance, il s’agit du premier frĂšre Ă  s’ĂȘtre fait baptiser en Ukraine. Plus tard, dix familles se sont jointes Ă  lui. On a enregistrĂ© une croissance semblable dans la rĂ©gion de Transcarpatie. En 1925, il y avait une centaine d’Étudiants de la Bible dans le village de Velyki Loutchki et les environs. Puis les premiers serviteurs Ă  plein temps ont commencĂ© Ă  prĂȘcher en Transcarpatie et ont tenu des rĂ©unions dans les foyers des Étudiants de la Bible. De nombreuses personnes se sont fait baptiser. AlexeĂŻ Davidjouk, un TĂ©moin de longue date, raconte comment, Ă  l’époque, les gens avaient connaissance de la vĂ©ritĂ© “ En 1927, un villageois a emportĂ© l’une de nos publications dans le village de Lankov, dans la rĂ©gion de Volhynie. La lecture de cet imprimĂ© relatif Ă  l’enseignement de l’enfer de feu et de l’ñme a piquĂ© la curiositĂ© de plusieurs habitants du village. Comme le livre contenait l’adresse du bureau des Étudiants de la Bible Ă  Lodz, en Pologne, ces villageois ont Ă©crit une lettre dans laquelle ils demandaient que quelqu’un vienne leur rendre visite. Un mois plus tard, un frĂšre a fait le dĂ©placement et a organisĂ© un groupe d’étude de la Bible auquel 15 familles se sont jointes. ” Cet enthousiasme pour la vĂ©ritĂ© Ă©tait courant Ă  l’époque. Notez ces mots de reconnaissance dans une lettre parvenue au siĂšge des Étudiants de la Bible Ă  Brooklyn et provenant de la rĂ©gion de Galicie “ Les livres que vous publiez guĂ©rissent nombre des blessures de notre peuple et le mĂšnent vers la lumiĂšre. Je vous prie de nous en envoyer davantage. ” Une autre personne rĂ©ceptive Ă  la vĂ©ritĂ© a Ă©crit “ Je me permets de vous demander de nous envoyer des livres, car je ne peux pas me les procurer ici. Un habitant de notre village a reçu certaines de vos publications, mais des voisins les lui ont prises, si bien qu’il n’a mĂȘme pas pu les lire. En ce moment, il rend visite aux villageois dans l’espoir de rĂ©cupĂ©rer ses livres. ” L’intĂ©rĂȘt manifestĂ© a conduit Ă  l’ouverture d’un bureau des Étudiants de la Bible dans la rue Pekarska, Ă  Lvov. Ce bureau a reçu de nombreuses demandes de publications de Galicie et de Volhynie, et les a rĂ©guliĂšrement transmises Ă  Brooklyn pour qu’elles soient honorĂ©es. Dans le milieu des annĂ©es 20, les graines de la vĂ©ritĂ© ont incontestablement germĂ© dans l’ouest de l’Ukraine. De nombreux groupes d’Étudiants de la Bible se sont organisĂ©s et certains sont plus tard devenus des congrĂ©gations. Bien que trĂšs peu d’archives des activitĂ©s de l’époque aient Ă©tĂ© conservĂ©es, les rapports dont nous disposons montrent qu’en 1922, 12 personnes ont cĂ©lĂ©brĂ© le MĂ©morial en Galicie. En 1924, La Tour de Garde rapportait que 49 personnes avaient assistĂ© au MĂ©morial dans la ville de Sarata, dans le sud de l’Ukraine. En 1927, plus de 370 personnes Ă©taient prĂ©sentes au MĂ©morial en Transcarpatie. Au sujet de l’Ɠuvre accomplie dans diffĂ©rents pays du monde, on pouvait lire dans La Tour de Garde du 1er dĂ©cembre 1925 “ Cette annĂ©e, un frĂšre a Ă©tĂ© envoyĂ© des États-Unis en Ukraine ; [...] un bon travail a Ă©tĂ© effectuĂ© auprĂšs des Ukrainiens de cette rĂ©gion contrĂŽlĂ©e par la Pologne. On a enregistrĂ© Ă  cet endroit une demande importante de publications, qui ne cesse de croĂźtre. ” Quelques mois plus tard, la revue L’Âge d’Or aujourd’hui RĂ©veillez-vous ! dressait ce rapport “ En Galicie, il y a dĂ©jĂ  20 classes [congrĂ©gations]. [...] Certaines d’entre elles [...] tiennent des rĂ©unions dans la semaine ; d’autres se rĂ©unissent uniquement le dimanche, et d’autres encore sont sur le point de s’organiser. On espĂšre former d’autres classes ; il manque simplement un responsable pour les diriger. ” Tout cela prouvait qu’au sens spirituel la terre d’Ukraine Ă©tait trĂšs fertile. Les dĂ©buts de la prĂ©dication Vojtek Tchehy, de Transcarpatie, s’est fait baptiser en 1923 et s’est plus tard mis Ă  prĂȘcher Ă  plein temps dans la rĂ©gion de Berehov. Il partait gĂ©nĂ©ralement avec un sac de publications dans une main, un autre accrochĂ© Ă  sa bicyclette, et un plein sac Ă  dos d’imprimĂ©s. “ On nous avait attribuĂ© un territoire de 24 villages, raconte-​t-​il. Nous Ă©tions 15 proclamateurs et nous devions parcourir ces villages deux fois par an pour y proposer des publications. Nous avions rendez-vous chaque dimanche Ă  4 heures du matin dans l’un de ces villages. De lĂ , nous couvrions les environs sur 15 Ă  20 kilomĂštres, Ă  pied ou en autobus. Nous commencions gĂ©nĂ©ralement notre ministĂšre de porte en porte Ă  8 heures, et nous nous arrĂȘtions vers 14 heures. Nous rentrions souvent Ă  la maison Ă  pied, et le soir, une fois arrivĂ©s Ă  la rĂ©union, nous racontions tous avec joie ce que nous avions vĂ©cu. Il nous arrivait de prendre des raccourcis Ă  travers les bois et les riviĂšres, par beau temps comme par mauvais temps, mais jamais personne parmi nous ne s’en plaignait. Nous Ă©tions heureux de servir et de glorifier notre CrĂ©ateur. Les gens pouvaient constater que les frĂšres vivaient comme de vrais chrĂ©tiens, prĂȘts Ă  marcher mĂȘme 40 kilomĂštres pour assister aux rĂ©unions ou prĂȘcher. “ Dans notre ministĂšre nous rencontrions toutes sortes de personnes. Un jour, j’ai proposĂ© la brochure Le Royaume, l’EspĂ©rance du Monde Ă  une femme qui se disait intĂ©ressĂ©e mais qui n’avait pas d’argent pour se la procurer. Comme j’avais faim, je lui ai dit qu’elle pouvait Ă©changer un Ɠuf cuit contre la brochure. Ainsi, elle a obtenu la brochure et je me suis nourri d’un Ɠuf. ” À NoĂ«l, les habitants de Transcarpatie se rendaient de maison en maison et chantaient la naissance de JĂ©sus Christ. Les frĂšres ont mis Ă  profit cette tradition. Ils emportaient des publications dans leur sac et se rendaient chez les gens pour chanter des cantiques exprimant leur foi ! Comme de nombreuses personnes en apprĂ©ciaient les mĂ©lodies, les frĂšres Ă©taient souvent invitĂ©s Ă  entrer pour chanter d’autres cantiques. Parfois, pour leur prestation on leur donnait mĂȘme de l’argent, en contrepartie duquel ils offraient des publications bibliques. De ce fait, Ă  l’époque de NoĂ«l, le stock de publications Ă©tait souvent Ă©puisĂ©. Ces campagnes de chant duraient deux semaines, car les catholiques romains et les catholiques grecs cĂ©lĂ©braient la fĂȘte de NoĂ«l au cours de semaines diffĂ©rentes. Cependant, dans la deuxiĂšme moitiĂ© des annĂ©es 20, comme les Étudiants de la Bible s’étaient rendu compte de l’origine paĂŻenne de NoĂ«l, les campagnes de chant ont cessĂ©. Les frĂšres ont connu une grande joie dans leur activitĂ© intense de prĂ©dication, et de nouveaux groupes de proclamateurs ont continuĂ© Ă  se former en Transcarpatie. Les premiĂšres assemblĂ©es En mai 1926, la premiĂšre assemblĂ©e des Étudiants de la Bible organisĂ©e dans la rĂ©gion de Transcarpatie s’est tenue dans le village de Velyki Loutchki. Cent-cinquante personnes y Ă©taient prĂ©sentes et 20 s’y sont fait baptiser. L’annĂ©e suivante, 200 personnes ont assistĂ© Ă  une assemblĂ©e organisĂ©e en plein air dans le parc d’Oujgorod, ville de la mĂȘme rĂ©gion. D’autres assemblĂ©es n’ont pas tardĂ© Ă  ĂȘtre organisĂ©es dans diffĂ©rentes villes de Transcarpatie. En 1928, on a tenu pour la premiĂšre fois une assemblĂ©e Ă  Lvov. Plus tard, d’autres assemblĂ©es ont Ă©galement eu lieu en Galicie et en Volhynie. Au dĂ©but de l’annĂ©e 1932, le village de Solotvyno, en Transcarpatie, a accueilli une assemblĂ©e, dans la cour de la maison oĂč les Étudiants de la Bible tenaient rĂ©guliĂšrement leurs rĂ©unions. Environ 500 personnes y ont assistĂ©, y compris des frĂšres qui assumaient des responsabilitĂ©s en Allemagne. MykhaĂŻlo Tilniak, un frĂšre de la congrĂ©gation locale, raconte “ Nous avons vraiment apprĂ©ciĂ© les discours bien prĂ©parĂ©s prĂ©sentĂ©s par les frĂšres qui sont venus d’Allemagne et de Hongrie. Les larmes aux yeux, ils nous ont encouragĂ©s Ă  rester fidĂšles face aux Ă©preuves Ă  venir. ” Et des Ă©preuves pĂ©nibles sont effectivement survenues avec le dĂ©but de la DeuxiĂšme Guerre mondiale. En 1937, un train entier a Ă©tĂ© louĂ© pour que des dĂ©lĂ©guĂ©s puissent se rendre Ă  une importante assemblĂ©e Ă  Prague, en TchĂ©coslovaquie. Il est parti du village de Solotvyno et a parcouru toute la Transcarpatie, s’arrĂȘtant dans chaque gare pour permettre aux dĂ©lĂ©guĂ©s de monter Ă  bord. Dans chaque wagon figurait un Ă©criteau “ AssemblĂ©e des TĂ©moins de JĂ©hovah — Prague ”. C’était un excellent tĂ©moignage pour les gens de la rĂ©gion, et les plus ĂągĂ©s s’en souviennent encore. Construction de lieux de culte Les premiers groupes d’Étudiants de la Bible s’étant formĂ©s, ils ont ressenti le besoin de bĂątir leur propre lieu de culte. La premiĂšre salle de rĂ©union a Ă©tĂ© construite dans le village de Dibrova Transcarpatie, en 1932. Plus tard, deux autres salles ont Ă©tĂ© bĂąties dans les villages voisins de Solotvyno et Bila Tserkva. Bien que certaines de ces salles aient Ă©tĂ© dĂ©truites durant la guerre et d’autres saisies, les frĂšres ont entretenu le dĂ©sir d’avoir leurs propres Salles du Royaume. Aujourd’hui, il y en a 8 dans le village de Dibrova et 18 autres dans les six villages voisins. DĂ©veloppement de la traduction Vers la fin du XIXe siĂšcle et le dĂ©but du XXe siĂšcle, de nombreux Ukrainiens ont Ă©migrĂ© avec leur famille vers les États-Unis et le Canada. Certains d’entre eux ont embrassĂ© la vĂ©ritĂ© dans leur pays d’accueil, et plusieurs groupes de langue ukrainienne ont Ă©tĂ© formĂ©s. DĂšs 1918, Le divin Plan des Âges a Ă©tĂ© publiĂ© en ukrainien. Toutefois, il restait encore beaucoup Ă  faire pour fournir la nourriture spirituelle aux Ukrainiens vivant dans leur pays et Ă  l’étranger. Au dĂ©but des annĂ©es 20, il est devenu Ă©vident qu’un frĂšre qualifiĂ© devrait traduire les publications bibliques de façon rĂ©guliĂšre. En 1923, Emil Zarysky, qui vivait au Canada, a acceptĂ© l’invitation d’entreprendre le service Ă  plein temps. Il s’agissait principalement pour lui de traduire les publications bibliques en ukrainien. Il a Ă©galement rendu visite aux groupes ukrainiens, polonais et slovaques du Canada et des États-Unis. Emil Zarysky est nĂ© prĂšs de la ville de Sokal, dans l’ouest de l’Ukraine, et plus tard il a Ă©migrĂ© au Canada avec ses parents. LĂ , il a Ă©pousĂ© Maria, une jeune fille originaire d’Ukraine. Ensemble, ils ont Ă©levĂ© cinq enfants. MĂȘme chargĂ©s de lourdes responsabilitĂ©s familiales, Emil et Maria ont rĂ©ussi Ă  accomplir leurs activitĂ©s thĂ©ocratiques. En 1928, la SociĂ©tĂ© Watch Tower a achetĂ© Ă  Winnipeg Canada une maison qui a servi de local pour l’activitĂ© de traduction en ukrainien. À cette Ă©poque, dans le ministĂšre de porte en porte, les frĂšres utilisaient des phonographes portatifs sur lesquels ils passaient des discours bibliques enregistrĂ©s. FrĂšre Zarysky a Ă©tĂ© invitĂ© Ă  Brooklyn pour l’enregistrement de ces discours en ukrainien. Dans les annĂ©es 30, plusieurs Ă©missions d’une demi-heure ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es en ukrainien pour la station de radio de Winnipeg. Dans ces Ă©missions, Emil Zarysky et d’autres frĂšres d’expĂ©rience prĂ©sentaient des discours publics profonds. Ces discours Ă©taient accompagnĂ©s de chants Ă  quatre voix extraits du recueil de cantiques publiĂ© en 1928. Des centaines d’auditeurs ont exprimĂ© par lettre et par tĂ©lĂ©phone leur gratitude pour cette disposition. Pendant 40 ans, Emil Zarysky et sa femme, Maria, ont accompli fidĂšlement leur activitĂ© de traducteurs. Durant cette pĂ©riode, chaque numĂ©ro de La Tour de Garde a Ă©tĂ© traduit en ukrainien. Puis en 1964, Maurice Sarantchouk, qui, en compagnie de sa femme, Anne, avait aidĂ© frĂšre Zarysky pendant de nombreuses annĂ©es, a Ă©tĂ© chargĂ© d’organiser le travail de traduction. L’aide spirituelle arrive Bien que des proclamateurs zĂ©lĂ©s aient, Ă  titre individuel, semĂ© et arrosĂ© des graines de vĂ©ritĂ© dans toute l’Ukraine, il a fallu attendre 1927 pour que commence une prĂ©dication vraiment organisĂ©e, d’abord en Transcarpatie, et plus tard en Galicie. Auparavant, un grand nombre de livres et de brochures avaient Ă©tĂ© distribuĂ©s en roumain, en hongrois, en polonais et en ukrainien, mais l’activitĂ© de prĂ©dication n’avait pas Ă©tĂ© rapportĂ©e. Des groupes isolĂ©s ont commencĂ© Ă  s’organiser en congrĂ©gations, et des proclamateurs se sont mis Ă  prĂȘcher rĂ©guliĂšrement de maison en maison. De nombreuses publications bibliques ont Ă©tĂ© laissĂ©es Ă  cette Ă©poque. En 1927, le premier dĂ©pĂŽt de publications a Ă©tĂ© ouvert dans la ville d’Oujgorod, en Transcarpatie. En 1928, on a demandĂ© au bureau de Magdebourg, en Allemagne, de s’occuper des congrĂ©gations et des colporteurs du territoire de Transcarpatie, qui Ă  l’époque faisait partie de la TchĂ©coslovaquie. En 1930, un bureau a Ă©tĂ© ouvert dans la ville de Berehov, prĂšs d’Oujgorod, pour superviser l’Ɠuvre des Étudiants de la Bible en Transcarpatie. Vojtek Tchehy en Ă©tait le surveillant. Cette nouvelle disposition s’est rĂ©vĂ©lĂ©e trĂšs avantageuse pour l’Ɠuvre de prĂ©dication. Plusieurs frĂšres des bureaux de Prague et de Magdebourg ont fait preuve d’esprit de sacrifice en n’hĂ©sitant pas Ă  parcourir de longues distances dans les montagnes des Carpates pour porter la bonne nouvelle du Royaume de Dieu jusque dans les parties les plus reculĂ©es de cette magnifique rĂ©gion. L’un des ces frĂšres zĂ©lĂ©s Ă©tait Adolf Fitzke, de la filiale de Magdebourg. On l’a envoyĂ© prĂȘcher dans la rĂ©gion de Rakhiv, dans les Carpates. Beaucoup de TĂ©moins locaux gardent de ce frĂšre fidĂšle, modeste et accommodant un souvenir affectueux. En 2001, il y avait quatre congrĂ©gations Ă  cet endroit. Au cours des annĂ©es 30, le “ Photo-Drame de la CrĂ©ation ” a Ă©tĂ© projetĂ© dans beaucoup de villes et de villages de Transcarpatie. D’une durĂ©e de huit heures, le “ Photo-Drame ” consistait en une projection de diapositives et de films, synchronisĂ©s avec des commentaires bibliques enregistrĂ©s sur disque. Erich Frost, d’Allemagne, a Ă©tĂ© envoyĂ© pour aider les frĂšres locaux Ă  organiser les projections. Au prĂ©alable, les frĂšres distribuaient des feuillets et collaient des affiches pour inviter les gens. Cela suscitait beaucoup d’intĂ©rĂȘt. Dans la ville de Berehov, il y avait tellement de monde que plus d’un millier de personnes ont dĂ» attendre dans la rue. Quand les policiers ont vu cette Ă©norme foule, ils ont eu peur qu’elle se transforme en Ă©meutiers incontrĂŽlables, Ă  tel point qu’ils ont songĂ© un moment Ă  annuler la prĂ©sentation. Mais finalement ils s’en sont abstenus. AprĂšs la projection, de nombreuses personnes qui voulaient revoir le “ Photo-Drame ” ont communiquĂ© leur adresse. L’intĂ©rĂȘt manifestĂ© a poussĂ© les chefs religieux locaux Ă  employer tous les moyens pour contrecarrer l’Ɠuvre de prĂ©dication de la bonne nouvelle. MalgrĂ© cela, JĂ©hovah Dieu a continuĂ© de bĂ©nir l’Ɠuvre. Au cours des annĂ©es 20 et 30, les rĂ©gions de Volhynie et de Galicie ont Ă©tĂ© supervisĂ©es par la filiale de Pologne, situĂ©e Ă  Lodz. En 1932, les frĂšres polonais ont concentrĂ© leurs efforts sur ces territoires, en retournant voir tous les abonnĂ©s Ă  La Tour de Garde, dont ils avaient reçu les adresses de Brooklyn. Wilhelm Scheider, alors surveillant du bureau de Pologne, a racontĂ© “ Les Ukrainiens embrassaient la vĂ©ritĂ© avec un grand enthousiasme. Dans les villes et les villages de Galicie apparaissaient tout d’un coup des groupes de personnes intĂ©ressĂ©es, comme des champignons aprĂšs la pluie. Parfois, c’étaient des communes entiĂšres. ” MĂȘme si la majoritĂ© des frĂšres Ă©taient pauvres, ils faisaient de grands sacrifices pour se procurer des publications et des disques pour phonographe, qui les aideraient Ă  prĂȘcher et Ă  croĂźtre spirituellement. Mykola Volotchi, un Galicien qui s’est fait baptiser en 1936, a vendu l’un des deux chevaux qu’il avait pour s’acheter un phonographe. Imaginez ce que signifie vendre un cheval pour un fermier. Alors qu’il avait quatre enfants Ă  nourrir Ă  l’époque, il est parvenu Ă  la conclusion qu’il pourrait se dĂ©brouiller avec un seul cheval. De nombreux nouveaux en sont venus Ă  connaĂźtre JĂ©hovah et Ă  le servir grĂące Ă  des discours bibliques et des cantiques du Royaume en ukrainien qu’ils avaient entendus sur ce phonographe. Wilhelm Scheider a relatĂ© l’important accroissement du nombre de proclamateurs en Galicie et en Volhynie dans les annĂ©es 30 “ En 1928 la Pologne comptait 300 proclamateurs, et en 1939 elle en totalisait plus de 1 100, dont la moitiĂ© Ă©taient ukrainiens, alors que l’Ɠuvre dans leur pays en Galicie et en Volhynie ne devait dĂ©marrer que bien plus tard. ” Pour rĂ©pondre Ă  cet accroissement, Ludwik Kinicki a Ă©tĂ© nommĂ© surveillant itinĂ©rant et envoyĂ© par la filiale de Pologne en Galicie et en Volhynie pour dĂ©velopper l’Ɠuvre de prĂ©dication. Sa famille, originaire de Tchortkiv Galicie, avait Ă©migrĂ© au dĂ©but du XXe siĂšcle aux États-Unis, oĂč frĂšre Kinicki a connu la vĂ©ritĂ©. Plus tard, il est retournĂ© dans son pays natal pour y aider les personnes sincĂšres. De nombreux frĂšres et sƓurs n’oublieront jamais l’aide spirituelle qu’ils ont reçue par l’intermĂ©diaire de ce ministre zĂ©lĂ©. Quand, Ă  l’automne 1936, l’édition polonaise de L’Âge d’Or a Ă©tĂ© frappĂ©e d’interdiction et que le directeur de la publication a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  un an de prison, frĂšre Kinicki a Ă©tĂ© nommĂ© directeur de la revue Jour nouveau, publiĂ©e en remplacement de L’Âge d’Or. En 1944, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par la Gestapo et emmenĂ© au camp de concentration de Mauthausen-Gusen, oĂč il est mort fidĂšle Ă  JĂ©hovah. Dieu attire toutes sortes d’hommes Au dĂ©but des annĂ©es 20, Rola, un Étudiant de la Bible, est retournĂ© dans sa ville natale, Zolotyi Potik, en Galicie. Muni de sa bible, Rola s’est mis Ă  prĂȘcher la bonne nouvelle. Les gens le traitaient de fou parce qu’il avait dĂ©truit toutes ses images religieuses. Pour interrompre la prĂ©dication de Rola, le prĂȘtre local est allĂ© voir un policier et lui a dit “ Si tu t’arranges pour que Rola ne puisse plus marcher, je te donnerai un litre de whisky. ” Le policier a rĂ©pondu que ce n’était pas son rĂŽle de battre les gens. Plus tard, Rola a commencĂ© Ă  recevoir des colis de publications, envoyĂ©s par des frĂšres des États-Unis. Une fois encore, le prĂȘtre est allĂ© voir le policier pour lui dire cette fois-​ci qu’un colis rempli d’ouvrages communistes venait d’arriver Ă  la poste. Le lendemain, le policier est allĂ© attendre au bureau de poste pour voir qui viendrait retirer le colis. Il s’agissait bien entendu de Rola. Le policier l’a emmenĂ© au poste de police et a Ă©galement convoquĂ© le prĂȘtre. Ce dernier s’est mis Ă  crier que les livres en question provenaient du Diable. Pour dĂ©terminer si les publications contenaient des enseignements communistes, le policier en a envoyĂ© au tribunal local, et a gardĂ© le reste. En les lisant, il s’est aperçu qu’elles renfermaient la vĂ©ritĂ©. Peu de temps aprĂšs, lui et sa femme ont commencĂ© Ă  assister aux rĂ©unions des Étudiants de la Bible. Plus tard, il s’est fait baptiser et il est devenu un prĂ©dicateur zĂ©lĂ©. Ainsi, alors que le prĂȘtre s’efforçait de mettre un terme Ă  l’Ɠuvre consistant Ă  faire des disciples, il a involontairement encouragĂ© Ludwik Rodak Ă  embrasser la vĂ©ritĂ©. À la mĂȘme Ă©poque, un prĂȘtre catholique grec de Lvov a Ă©migrĂ© aux États-Unis avec sa femme. Peu de temps aprĂšs, sa femme est dĂ©cĂ©dĂ©e. AccablĂ© de chagrin, il voulait savoir oĂč l’ñme de sa femme avait pu aller. Il s’est procurĂ© l’adresse de spirites Ă  New York, mais, tandis qu’il cherchait leur local dans un immeuble, il s’est trompĂ© d’étage et s’est retrouvĂ© en pleine rĂ©union des Étudiants de la Bible. LĂ , il a appris la vĂ©ritĂ© sur la condition des morts. Plus tard il s’est fait baptiser et a travaillĂ© pendant quelque temps Ă  l’imprimerie du BĂ©thel de Brooklyn. Puis il est reparti en Galicie, oĂč il a continuĂ© de prĂȘcher avec zĂšle la bonne nouvelle. Un rayon de lumiĂšre dans l’est de l’Ukraine Comme nous l’avons vu, une part importante de l’activitĂ© de prĂ©dication des dĂ©buts a eu lieu dans l’ouest de l’Ukraine. Comment la vĂ©ritĂ© a-​t-​elle touchĂ© le reste du pays ? Cette terre spirituelle produirait-​elle autant que celle de l’ouest ? Au dĂ©but des annĂ©es 1900, frĂšre Trumpi, un Étudiant de la Bible suisse, est allĂ© travailler comme ingĂ©nieur dans une rĂ©gion houillĂšre de l’est de l’Ukraine. Il Ă©tait apparemment le premier Étudiant de la Bible dans cette rĂ©gion. Dans les annĂ©es 20, son activitĂ© de prĂ©dication a conduit Ă  la formation d’un groupe d’étude de la Bible dans le village de Liubymivskyi Post, prĂšs de la ville de Kharkov. En 1927, un autre frĂšre d’Europe de l’Ouest est venu travailler comme ingĂ©nieur dans une mine de charbon, dans le village de Kalynivka. Il a apportĂ© avec lui une valise pleine de publications bibliques, qu’il a utilisĂ©es pour prĂȘcher Ă  un petit groupe de baptistes qui montraient un grand intĂ©rĂȘt pour l’espĂ©rance du Royaume. Au bout de quelque temps, ce frĂšre est reparti dans son pays, laissant derriĂšre lui un petit groupe d’Étudiants de la Bible. La Tour de Garde de 1927 a rapportĂ© que 18 personnes sont venues Ă  Kalynivka pour cĂ©lĂ©brer le MĂ©morial. Dans le village voisin de Iepifanivka, on a comptĂ© 11 assistants. Enfin, 30 personnes ont commĂ©morĂ© la mort du Christ Ă  Liubymivskyi Post cette annĂ©e-​lĂ . Au siĂšge de Brooklyn, les frĂšres suivaient de prĂšs l’évolution de la situation en Union soviĂ©tique, cherchant Ă  Ă©tablir lĂ©galement l’Ɠuvre de prĂ©dication du Royaume. C’est avec cet objectif que George Young, un frĂšre canadien, s’est rendu en URSS en 1928. Durant son sĂ©jour, il a pu se rendre dans la ville de Kharkov, dans l’est de l’Ukraine, oĂč il a organisĂ© une petite assemblĂ©e de trois jours avec le groupe local d’Étudiants de la Bible. Plus tard, l’opposition des autoritĂ©s l’a obligĂ© Ă  quitter le pays, mais il avait notĂ© qu’à l’époque des groupes d’Étudiants de la Bible existaient Ă©galement Ă  Kiev et Ă  Odessa. FrĂšre Young a transmis Ă  Brooklyn un rapport sur la situation en Union soviĂ©tique. Sur la recommandation de frĂšre Young, Danyil Staroukhine, un Ukrainien, a Ă©tĂ© chargĂ© de reprĂ©senter les Étudiants de la Bible non seulement en Ukraine, mais dans toute l’URSS. Plusieurs annĂ©es avant la visite de George Young, frĂšre Staroukhine avait Ă©tĂ© en mesure de dĂ©fendre la Bible au cours d’un dĂ©bat avec Anatoly Lounatcharski, alors commissaire du peuple Ă  l’éducation. Dans une lettre adressĂ©e Ă  Joseph Rutherford, au siĂšge mondial Ă  Brooklyn, frĂšre Young a Ă©crit “ Danyil Staroukhine est zĂ©lĂ© et courageux. À l’ñge de 15 ans, il a eu une discussion avec un prĂȘtre au sujet de la Bible. Le prĂȘtre s’est mis tellement en colĂšre qu’il a saisi sa croix et a frappĂ© le jeune garçon sur la tĂȘte, au point que ce dernier est tombĂ© sans connaissance sur le sol ; il en a gardĂ© la marque Ă  la tĂȘte. Danyil aurait pu ĂȘtre pendu, mais en raison de son Ăąge il n’a Ă©tĂ© condamnĂ© qu’à quatre mois de prison. ” FrĂšre Staroukhine a essayĂ© de faire enregistrer la congrĂ©gation locale et d’obtenir la permission officielle d’imprimer des publications bibliques en Ukraine, mais les autoritĂ©s soviĂ©tiques s’y sont opposĂ©es. À la fin des annĂ©es 20 et dans les annĂ©es 30, les autoritĂ©s soviĂ©tiques ont systĂ©matiquement encouragĂ© l’athĂ©isme. La religion Ă©tait tournĂ©e en ridicule, et ceux qui prĂȘchaient aux autres Ă©taient considĂ©rĂ©s comme des “ ennemis de la patrie ”. AprĂšs une abondante rĂ©colte en 1932, les communistes ont confisquĂ© toutes les denrĂ©es alimentaires des villageois ukrainiens. Plus de six millions de personnes sont mortes Ă  cause de la famine artificielle qui a suivi. Des rapports attestent que de petits groupes de serviteurs de JĂ©hovah ont gardĂ© leur intĂ©gritĂ© durant cette pĂ©riode difficile, mĂȘme s’ils n’avaient aucun contact avec leurs frĂšres de l’étranger. Certains d’entre eux ont passĂ© de nombreuses annĂ©es en prison en raison de leur foi. Les Trumpi, les Hauser, Danyil Staroukhine, AndreĂŻ Savenko et sƓur Chapovalova ne sont que quelques-uns de ces serviteurs intĂšgres. Nous avons confiance que JĂ©hovah n’ oubliera pas leur Ɠuvre et l’amour qu’ils ont montrĂ© pour son nom ’. — HĂ©b. 610. Une pĂ©riode de dures Ă©preuves La fin des annĂ©es 30 a Ă©tĂ© marquĂ©e par la redĂ©finition des frontiĂšres de nombreux pays d’Europe de l’Est. L’Allemagne nazie et l’URSS ont Ă©tendu leurs sphĂšres d’influence pour engloutir les nations moins puissantes. En mars 1939, la Hongrie, avec l’appui de l’Allemagne nazie, a occupĂ© la Transcarpatie. L’activitĂ© des TĂ©moins de JĂ©hovah a Ă©tĂ© frappĂ©e d’interdiction et toutes les Salles du Royaume ont Ă©tĂ© fermĂ©es. Les autoritĂ©s ont fait preuve de brutalitĂ© Ă  l’égard des frĂšres et en ont envoyĂ© beaucoup en prison. La plupart des TĂ©moins des villages ukrainiens de Velykyi Bytchkiv et Kobyletska Poliana ont Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©s. Quand les SoviĂ©tiques sont arrivĂ©s en Galicie et en Volhynie, en 1939, les frontiĂšres occidentales de l’Ukraine ont Ă©tĂ© fermĂ©es. De ce fait, tout contact avec le bureau de Pologne a Ă©tĂ© rompu. AprĂšs le dĂ©but de la DeuxiĂšme Guerre mondiale, l’organisation est passĂ©e dans la clandestinitĂ©. Les frĂšres se rĂ©unissaient en petits groupes appelĂ©s cercles et poursuivaient leur ministĂšre avec davantage de prudence. Par la suite, les armĂ©es nazies ont envahi l’Ukraine. Sous l’occupation allemande, le clergĂ© a commencĂ© Ă  exciter les foules contre le peuple de JĂ©hovah. En Galicie, la persĂ©cution a fait rage. Les fenĂȘtres des maisons des TĂ©moins de JĂ©hovah ont Ă©tĂ© brisĂ©es et de nombreux frĂšres ont Ă©tĂ© gravement battus. Durant l’hiver, certains frĂšres ont Ă©tĂ© contraints Ă  rester debout dans l’eau froide pendant des heures parce qu’ils refusaient de faire le signe de croix. Des sƓurs ont reçu 50 coups de bĂąton. Beaucoup de frĂšres ont perdu la vie, mais pas leur intĂ©gritĂ©. Par exemple, la Gestapo a exĂ©cutĂ© Illia Hovoutchak, un ministre Ă  plein temps originaire des Carpates. Un prĂȘtre catholique l’avait dĂ©noncĂ© parce qu’il prĂȘchait le Royaume de Dieu. C’était un temps d’épreuve particuliĂšrement difficile. NĂ©anmoins, les serviteurs de JĂ©hovah ont continuĂ© de tenir ferme. Les TĂ©moins de JĂ©hovah s’entraidaient, mĂȘme si cela se rĂ©vĂ©lait souvent dangereux. À Stanislav aujourd’hui Ivano-Frankovsk, une femme d’origine juive et ses deux filles sont devenues TĂ©moins. Elles vivaient dans un ghetto juif. Ayant appris que les nazis prĂ©voyaient d’exĂ©cuter tous les Juifs de la ville, les frĂšres ont organisĂ© la fuite des trois sƓurs. Au prix de leur vie, les TĂ©moins ont cachĂ© ces sƓurs juives tout au long de la guerre. Au cours de la DeuxiĂšme Guerre mondiale, les frĂšres de l’ouest de l’Ukraine ont perdu temporairement le contact avec l’organisation et n’ont pas Ă©tĂ© sĂ»rs de la direction Ă  prendre. Certains pensaient que le dĂ©but de la DeuxiĂšme Guerre mondiale correspondait au dĂ©but d’Har-MaguĂ©dĂŽn. Pendant quelque temps cet enseignement a créé des malentendus parmi les frĂšres. Des graines germent sur le champ de bataille La DeuxiĂšme Guerre mondiale a apportĂ© Ă  l’Ukraine chagrin et ruine. Pendant trois ans, le pays a Ă©tĂ© transformĂ© en un gigantesque champ de bataille. Étant donnĂ© que le front se dĂ©plaçait sur le territoire ukrainien, d’abord vers l’est, puis de nouveau vers l’ouest, nombre de villes et de villages ont Ă©tĂ© complĂštement dĂ©truits. PrĂšs de 10 millions de citoyens ukrainiens ont Ă©tĂ© tuĂ©s durant cette pĂ©riode, dont 5,5 millions de civils. Devant les horreurs de la guerre, nombreux sont ceux qui ont perdu tout espoir et se sont mis Ă  ignorer tout principe moral. Toutefois, mĂȘme dans ces conditions, certains ont appris la vĂ©ritĂ©. En 1942, MykhaĂŻlo Dan, un jeune homme originaire de Transcarpatie qui aimait Ă©couter les TĂ©moins de JĂ©hovah avant la DeuxiĂšme Guerre mondiale, a Ă©tĂ© appelĂ© sous les drapeaux. Au cours de manƓuvres militaires, un prĂȘtre catholique a distribuĂ© aux soldats une brochure religieuse qui promettait la vie au ciel Ă  quiconque tuerait au moins un communiste. Le jeune homme en est restĂ© abasourdi. Au cours de la guerre, il a Ă©galement vu un ecclĂ©siastique tuer des gens. Cela a contribuĂ© Ă  le convaincre que les TĂ©moins de JĂ©hovah dĂ©tenaient la vĂ©ritĂ©. AprĂšs la guerre, il est rentrĂ© chez lui, a trouvĂ© les TĂ©moins de JĂ©hovah et s’est fait baptiser vers la fin de l’annĂ©e 1945. Plus tard, frĂšre Dan a connu l’horreur des prisons soviĂ©tiques. AprĂšs sa libĂ©ration, il a Ă©tĂ© nommĂ© ancien et Ă  prĂ©sent il est surveillant-prĂ©sident de l’une des congrĂ©gations de Transcarpatie. En repensant Ă  la brochure mentionnĂ©e prĂ©cĂ©demment, il dĂ©clare avec une pointe d’ironie “ Je ne m’attends pas Ă  aller au ciel puisque je n’ai tuĂ© aucun communiste, mais j’espĂšre vivre Ă©ternellement dans un paradis terrestre. ” Une belle terre porte du fruit dans les camps de concentration Comme cela a Ă©tĂ© dit dans l’introduction, une belle terre est en mesure de produire des rĂ©coltes exceptionnelles. C’est pourquoi, sous l’occupation allemande, la belle terre noire a Ă©tĂ© emportĂ©e d’Ukraine. Des wagons Ă©taient continuellement remplis de la bonne terre du centre de l’Ukraine, puis envoyĂ©s en Allemagne. Toutefois, d’autres wagons contenaient ce qui, plus tard, deviendrait pour ainsi dire une terre fertile. Environ 2,5 millions de jeunes hommes et de jeunes femmes ont Ă©tĂ© arrachĂ©s Ă  l’Ukraine pour aller effectuer un travail forcĂ© en Allemagne. Un nombre considĂ©rable d’entre eux ont fini dans des camps de concentration. LĂ , ils ont fait la connaissance des TĂ©moins allemands, qui Ă©taient emprisonnĂ©s Ă  cause de leur neutralitĂ© chrĂ©tienne. MĂȘme dans les camps, les TĂ©moins ne cessaient de prĂȘcher la bonne nouvelle, tant verbalement que par leur conduite. Un ancien prisonnier se souvient “ Les TĂ©moins se dĂ©marquaient du reste du camp. Ils avaient une attitude amicale et optimiste. Leur comportement montrait qu’ils avaient quelque chose de trĂšs important Ă  dire aux autres prisonniers. ” Durant ces annĂ©es, de nombreux Ukrainiens ont appris la vĂ©ritĂ© auprĂšs de TĂ©moins allemands qui Ă©taient leurs codĂ©tenus. Anastasia Kazak a connu la vĂ©ritĂ© en Allemagne, dans le camp de concentration du Stutthof. À la fin de la guerre, plusieurs centaines de prisonniers, y compris Anastasia et 14 TĂ©moins, ont Ă©tĂ© transportĂ©s par barge au Danemark, oĂč des frĂšres danois les ont recherchĂ©s et ont pris soin d’eux physiquement et spirituellement. Au cours de la mĂȘme annĂ©e, Ă  l’ñge de 19 ans, Anastasia s’est fait baptiser Ă  l’assemblĂ©e de Copenhague, puis elle est rentrĂ©e chez elle, dans l’est de l’Ukraine, oĂč elle s’est dĂ©pensĂ©e avec zĂšle pour semer des graines de vĂ©ritĂ©. Par la suite, Ă  cause de sa prĂ©dication, sƓur Kazak a encore Ă©tĂ© emprisonnĂ©e, pendant 11 ans. Voici le conseil qu’elle donne aux jeunes “ Quoi qu’il arrive dans votre vie — tribulation, opposition ou d’autres problĂšmes — n’abandonnez jamais. Continuez de demander Ă  JĂ©hovah son aide. Comme j’ai pu l’apprendre, il n’abandonne jamais ceux qui le servent. ” — Ps. 9414. Les Ă©preuves de la guerre La guerre, pĂ©nible et cruelle, charrie son lot d’épreuves et de souffrances, et cause la mort des civils comme des militaires. Les TĂ©moins de JĂ©hovah ne sont pas Ă©pargnĂ©s. Et pourtant, bien qu’ils vivent dans le monde, ils n’en font pas partie Jean 1715, 16. À l’exemple de leur chef, JĂ©sus Christ, ils observent une stricte neutralitĂ© politique. Par cette position, les TĂ©moins d’Ukraine comme partout ailleurs se sont dĂ©marquĂ©s et montrĂ©s de vrais chrĂ©tiens. Et tandis que le monde honore ses hĂ©ros de guerre, les vivants comme les morts, JĂ©hovah honore ceux qui dĂ©montrent courageusement leur fidĂ©litĂ© envers lui. — 1 Sam. 230. Vers la fin de l’annĂ©e 1944, les troupes soviĂ©tiques ont repris l’ouest de l’Ukraine aux Allemands et ont dĂ©crĂ©tĂ© la conscription militaire obligatoire pour tous. Dans le mĂȘme temps, des groupes de nationalistes ukrainiens combattaient Ă  la fois les Allemands et les SoviĂ©tiques, et incitaient les habitants de l’ouest de l’Ukraine Ă  rejoindre leurs rangs. Tout cela suscitait de nouvelles Ă©preuves pour les serviteurs de JĂ©hovah, qui voulaient garder leur neutralitĂ©. Parce qu’ils refusaient de se battre, de nombreux frĂšres ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s. Ivan Maksymiouk et son fils MykhaĂŻlo avaient appris la vĂ©ritĂ© grĂące Ă  Illia Hovoutchak. Pendant la guerre ils ont refusĂ© de prendre les armes, si bien qu’ils ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s par les nationalistes. Quelque temps plus tĂŽt, ces nationalistes avaient Ă©galement fait prisonnier un soldat soviĂ©tique. Ils ont alors ordonnĂ© Ă  Ivan Maksymiouk de l’exĂ©cuter, en lui promettant de le libĂ©rer s’il obĂ©issait. Comme frĂšre Maksymiouk refusait, ils l’ont tuĂ© avec sadisme. Son fils MykhaĂŻlo a connu le mĂȘme sort, tout comme Youri Freyouk et Mykola, son fils de 17 ans. D’autres frĂšres ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s parce qu’ils refusaient d’entrer dans l’armĂ©e soviĂ©tique Is. 24. D’autres encore ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  dix ans de prison. Les frĂšres emprisonnĂ©s avaient trĂšs peu de chances de survivre, car durant la pĂ©riode d’aprĂšs-guerre, mĂȘme ceux qui Ă©taient libres mouraient de faim en Ukraine. En 1944, MikhaĂŻl Dasevitch a Ă©tĂ© emprisonnĂ© en raison de sa neutralitĂ©. Avant de purger sa peine de dix ans, il a Ă©tĂ© interrogĂ© pendant six mois, ce qui l’a laissĂ© dans un Ă©tat d’épuisement total. La commission mĂ©dicale de la prison a prescrit pour lui un “ rĂ©gime riche en calories ”. Le personnel de la cuisine a alors commencĂ© Ă  ajouter une cuillerĂ©e Ă  cafĂ© d’huile dans sa portion de porridge — la seule nourriture qu’on lui accordait. FrĂšre Dasevitch a survĂ©cu et a fait partie du comitĂ© responsable de l’URSS pendant 23 ans, et plus tard du comitĂ© chargĂ© de l’Ukraine. En 1944, sept frĂšres d’une congrĂ©gation de Bucovine ont refusĂ© d’entrer dans l’armĂ©e et ont tous Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  trois ou quatre ans d’emprisonnement. Quatre sont morts de faim en prison. Cette mĂȘme annĂ©e, cinq frĂšres d’une congrĂ©gation voisine ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  passer dix ans dans un camp en SibĂ©rie. Seul un d’entre eux en est revenu, les autres Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ©s pendant leur captivitĂ©. À ce sujet, l’Annuaire de 1947 a fait ce commentaire “ Lorsqu’en 1944 le monstre nazi fut repoussĂ© vers l’ouest, on ordonna en Ukraine occidentale une mobilisation de tous les hommes [...] afin de terminer la guerre d’une façon aussi favorable que possible pour la Russie. Nos frĂšres ont une fois de plus respectĂ© l’intangibilitĂ© de l’alliance Ă©ternelle, et maintenu leur attitude de neutralitĂ©. Quelques-uns payĂšrent de leur vie leur fidĂ©litĂ© au Seigneur, et d’autres — cette fois-​ci, il y en avait plus de mille — firent, eux aussi, le grand voyage vers l’est dans les immenses plaines de ce pays gigantesque. ” En dĂ©pit de cet important bouleversement, les TĂ©moins de JĂ©hovah ont continuĂ© Ă  croĂźtre en nombre. En 1946, 5 218 personnes, parmi lesquelles quatre chrĂ©tiens oints, ont assistĂ© au MĂ©morial dans l’ouest de l’Ukraine. Un soulagement temporaire AprĂšs la fin de la DeuxiĂšme Guerre mondiale, les frĂšres, qui avaient endurĂ© toutes les Ă©preuves et Ă©taient demeurĂ©s fidĂšles Ă  Dieu, ont prĂȘchĂ© un vibrant message d’espĂ©rance et d’encouragement Ă  ceux qui revenaient du front. Les soldats ainsi que les prisonniers de guerre qui rentraient chez eux avaient perdu leurs illusions, mais ils Ă©taient profondĂ©ment dĂ©sireux de trouver un sens Ă  leur vie. De ce fait, nombre d’entre eux ont acceptĂ© la vĂ©ritĂ© biblique avec joie. Par exemple, vers la fin de l’annĂ©e 1945, dans le village de Bila Tserkva, en Transcarpatie, 51 personnes se sont fait baptiser dans la riviĂšre Tisza. À la fin de l’annĂ©e, la congrĂ©gation comptait 150 proclamateurs. À cette Ă©poque, les Ukrainiens et les Polonais dans l’ouest de l’Ukraine et l’est de la Pologne se vouaient une haine rĂ©ciproque. De nombreux gangs ukrainiens et polonais se sont formĂ©s. Il est arrivĂ© que ces gangs assassinent les habitants de villages entiers oĂč vivaient des ressortissants de l’autre pays. Malheureusement, des frĂšres sont morts dans ces massacres. Plus tard, Ă  la suite d’un accord entre l’Union soviĂ©tique et la Pologne, prĂšs de 800 000 Polonais d’Ukraine de l’ouest ont Ă©tĂ© relogĂ©s en Pologne, et environ 500 000 Ukrainiens de l’est de la Pologne ont Ă©tĂ© renvoyĂ©s en Ukraine. De nombreux TĂ©moins faisaient partie des Ă©migrants. Des congrĂ©gations entiĂšres ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es, et les frĂšres ont reçu de nouvelles affectations thĂ©ocratiques, considĂ©rant leur rapatriement comme une occasion de prĂȘcher dans de nouveaux territoires. On peut lire dans l’Annuaire de 1947 “ Tout ceci contribue Ă  faire rapidement pĂ©nĂ©trer la vĂ©ritĂ© dans des rĂ©gions oĂč elle ne serait guĂšre parvenue en temps normaux. Ainsi, ces circonstances concourent aussi Ă  la glorification du nom de Dieu. ” Lorsque les frontiĂšres occidentales de l’Ukraine ont Ă©tĂ© fermĂ©es, les frĂšres ont pris des mesures pour organiser les activitĂ©s des TĂ©moins de JĂ©hovah en Ukraine et dans le reste de l’URSS. Pavlo Ziatek avait auparavant Ă©tĂ© nommĂ© serviteur responsable de l’Ukraine et du reste de l’Union soviĂ©tique. Plus tard, deux autres frĂšres zĂ©lĂ©s, Stanislav Bourak et Petro Tokar, lui ont Ă©tĂ© adjoints. Ils habitaient en secret chez une sƓur chrĂ©tienne de Lvov et imprimaient des publications afin que la nourriture spirituelle puisse ĂȘtre distribuĂ©e dans l’ensemble de l’URSS. Les publications Ă©taient importĂ©es de Pologne au prix de grands risques pour ĂȘtre traduites et imprimĂ©es Ă  Lvov. De temps Ă  autre, quelques frĂšres et sƓurs parvenaient Ă  obtenir la permission de rendre visite Ă  des parents en Pologne et au retour ils rapportaient clandestinement des publications. Pendant un temps, un ingĂ©nieur des chemins de fer a transportĂ© des publications dans une boĂźte en mĂ©tal qu’il cachait dans une chaudiĂšre Ă  vapeur. À la fin de l’annĂ©e 1945, frĂšre Ziatek a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et condamnĂ© Ă  10 ans de prison. FrĂšre Bourak est alors devenu le serviteur responsable de l’Ukraine Ă  sa place. La persĂ©cution reprend En juin 1947, un frĂšre qui allait livrer des publications Ă  d’autres chrĂ©tiens a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© dans une rue de Lvov. Les services de sĂ©curitĂ© se sont engagĂ©s Ă  enregistrer lĂ©galement notre organisation s’il leur communiquait les adresses des TĂ©moins auxquels il livrait rĂ©guliĂšrement les publications. Confiant, il leur a donnĂ© les adresses de prĂšs de 30 frĂšres, y compris celle de frĂšre Bourak, le serviteur responsable du pays Ă  l’époque. Tous ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Le frĂšre en question s’est repenti sincĂšrement et a admis qu’il avait manquĂ© de clairvoyance en faisant confiance aux services de sĂ©curitĂ©. Les frĂšres qui avaient Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s ont Ă©tĂ© emmenĂ©s dans une prison de Kiev pour ĂȘtre interrogĂ©s plus longuement et ĂȘtre jugĂ©s devant un tribunal. Peu de temps aprĂšs, frĂšre Bourak est mort en prison. Avant son arrestation, frĂšre Bourak avait rĂ©ussi Ă  entrer en contact avec le serviteur de district, Mykola Tsiba, originaire de Volhynie, et Ă  lui dĂ©lĂ©guer la surveillance de l’Ɠuvre en Ukraine et dans le reste de l’Union soviĂ©tique. C’était la premiĂšre fois qu’en un coup de filet les services de sĂ©curitĂ© soviĂ©tiques arrĂȘtaient autant de frĂšres responsables ou servant dans les imprimeries clandestines. Les autoritĂ©s de l’URSS considĂ©raient que nos publications Ă©taient antisoviĂ©tiques. Les TĂ©moins Ă©taient accusĂ©s Ă  tort de troubler l’ordre public, et beaucoup d’entre eux ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  mort. Cependant, les condamnations Ă  mort ont Ă©tĂ© commuĂ©es en peines de 25 ans d’emprisonnement dans un camp. Les frĂšres ont dĂ» purger leur peine en SibĂ©rie. Quand ils ont demandĂ© Ă  un avocat pourquoi ils Ă©taient envoyĂ©s si loin, il leur a rĂ©pondu pour plaisanter “ Sans doute parce que vous devez y prĂȘcher votre Dieu. ” Ces paroles se sont rĂ©vĂ©lĂ©es exactes par la suite. Au cours de la pĂ©riode allant de 1947 Ă  1951, de nombreux frĂšres chargĂ©s de responsabilitĂ©s ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Les TĂ©moins Ă©taient incarcĂ©rĂ©s non seulement parce qu’ils imprimaient des publications, mais aussi parce qu’ils refusaient d’entrer dans l’armĂ©e, de voter lors des Ă©lections, d’inscrire leurs enfants dans l’organisation des Pionniers ou dans les organisations du Komsomol Union communiste de la jeunesse. Le simple fait d’ĂȘtre TĂ©moin de JĂ©hovah Ă©tait suffisant pour ĂȘtre emprisonnĂ©. Souvent des gens dĂ©posaient de faux tĂ©moignages lors des audiences. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, il s’agissait de voisins ou de collĂšgues que les services de sĂ©curitĂ© avaient soit intimidĂ©s, soit payĂ©s. Parfois, les reprĂ©sentants de l’État Ă©taient bienveillants, mĂȘme s’ils ne le montraient pas publiquement. Ivan Simtchouk a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et placĂ© en isolement pendant six mois. Dans sa cellule rĂ©gnait un silence total ; il n’entendait mĂȘme pas le bruit de la rue. Ensuite on l’a jugĂ©. Toutefois, l’enquĂȘteur l’a aidĂ© en lui expliquant comment rĂ©pondre “ Ne dis pas d’oĂč viennent les machines Ă  Ă©crire et les publications ni qui te les a donnĂ©es ! Ne rĂ©ponds pas Ă  ces questions ! ” Et lorsqu’on l’a emmenĂ© Ă  l’interrogatoire, l’enquĂȘteur lui a dit “ Ivan, tiens bon. N’abandonne pas, Ivan. ” Dans certains villages, on interdisait aux TĂ©moins de JĂ©hovah d’accrocher des rideaux Ă  leurs fenĂȘtres, afin que leurs voisins et la police puissent facilement voir s’ils lisaient leurs publications ou tenaient des rĂ©unions. NĂ©anmoins, les frĂšres trouvaient des moyens de se nourrir spirituellement. Parfois, l’“ estrade ” sur laquelle se tenait le frĂšre qui dirigeait l’étude de La Tour de Garde Ă©tait plus qu’originale. Ainsi, un frĂšre dirigeait l’étude de La Tour de Garde et lisait les paragraphes accroupi sous une table recouverte d’une nappe qui touchait le sol. Les “ assistants ”, quant Ă  eux, Ă©taient assis autour de la table pour Ă©couter attentivement et donner leurs commentaires. Personne ne pouvait soupçonner que les personnes autour de la table assistaient Ă  une rĂ©union religieuse. TĂ©moignage devant les tribunaux MykhaĂŻlo Dan, dont nous avons parlĂ© prĂ©cĂ©demment, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  la fin de l’annĂ©e 1948. À l’époque, il Ă©tait mariĂ© et avait un fils ĂągĂ© de un an, et sa femme attendait un autre enfant. Lors du procĂšs, le procureur a requis une peine de 25 ans d’emprisonnement. Dans les derniĂšres paroles qu’il a adressĂ©es aux juges, frĂšre Dan a citĂ© les paroles de JĂ©rĂ©mie 2614, 15 “ Me voici en votre main. Faites-​moi selon ce qui est bon et selon ce qui est droit Ă  vos yeux. Seulement vous devez bien savoir que, si vous me faites mourir, c’est du sang innocent que vous mettez sur vous, sur cette ville et sur ses habitants, car en vĂ©ritĂ© JĂ©hovah m’a envoyĂ© vers vous pour prononcer Ă  vos oreilles toutes ces paroles. ” Cet avertissement a influencĂ© les juges qui, aprĂšs avoir dĂ©libĂ©rĂ©, ont rendu leur dĂ©cision dix ans d’emprisonnement et cinq ans d’exil aux confins de la Russie. FrĂšre Dan a Ă©tĂ© reconnu coupable de trahison envers la patrie. Il a alors rĂ©torquĂ© aux juges “ Je suis nĂ© en Ukraine sous un gouvernement tchĂ©coslovaque, puis j’ai vĂ©cu sous la domination hongroise ; aujourd’hui, l’Union soviĂ©tique s’est emparĂ©e de notre territoire, et en ce qui me concerne je suis de nationalitĂ© roumaine. Quelle patrie ai-​je trahie ? ” Évidemment, sa question est restĂ©e sans rĂ©ponse. AprĂšs le procĂšs, frĂšre Dan a eu la joie d’apprendre qu’il avait eu une fille. Cela l’a aidĂ© Ă  endurer toutes les humiliations dans les prisons et les camps de Russie orientale. À la fin des annĂ©es 40, de nombreux frĂšres d’Ukraine, de Moldavie et de BiĂ©lorussie sont morts de faim dans les prisons soviĂ©tiques. FrĂšre Dan a, quant Ă  lui, perdu 25 kilos. Des sƓurs persĂ©cutĂ©es en Ukraine Les frĂšres n’étaient pas les seuls Ă  ĂȘtre persĂ©cutĂ©s et condamnĂ©s Ă  de longues peines sous le rĂ©gime soviĂ©tique ; les sƓurs Ă©taient traitĂ©es avec tout autant de brutalitĂ©. Maria Tomilko, par exemple, a connu la vĂ©ritĂ© dans le camp de concentration de RavensbrĂŒck durant la DeuxiĂšme Guerre mondiale. Plus tard, elle est retournĂ©e en Ukraine et a prĂȘchĂ© dans la ville de Dniepropetrovsk. En 1948, en raison de son activitĂ© de prĂ©dicatrice, elle a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  passer 25 ans dans un camp de prisonniers. Une autre sƓur, condamnĂ©e Ă  passer 20 ans dans le mĂȘme genre de camp, se souvient “ Au cours de l’enquĂȘte, j’ai Ă©tĂ© placĂ©e dans une cellule en compagnie de nombreuses criminelles. Toutefois, je n’avais pas peur d’elles et je leur ai donnĂ© le tĂ©moignage. À ma grande surprise, elles m’ont Ă©coutĂ©e attentivement. La cellule Ă©tait pleine Ă  craquer. Nous dormions toutes sur le sol, serrĂ©es comme des sardines. Pendant la nuit, la seule façon de changer de cĂŽtĂ© Ă©tait de le faire toutes ensemble, au mĂȘme moment, et sur ordre donnĂ©. ” En 1949, un responsable baptiste de la ville de ZaporoĆŸje a fourni aux services de sĂ©curitĂ© locaux des renseignements concernant cinq de nos sƓurs, qui ont alors Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es. InculpĂ©es pour propagande antisoviĂ©tique, toutes ont Ă©tĂ© condamnĂ©es Ă  25 ans de dĂ©tention dans un camp de prisonniers. Tous leurs biens ont Ă©tĂ© confisquĂ©s. Pendant sept ans elles ont purgĂ© leur peine dans l’extrĂȘme nord de la Russie, jusqu’à ce qu’une amnistie soit dĂ©crĂ©tĂ©e. L’une d’elles, Lydia Kourdas, se rappelle “ On nous permettait d’écrire Ă  notre famille seulement deux fois par an, et nos lettres Ă©taient sĂ©vĂšrement censurĂ©es. Pendant tout ce temps nous n’avions aucune publication. ” Et pourtant, elles sont restĂ©es fidĂšles Ă  JĂ©hovah et elles ont continuĂ© de prĂȘcher la bonne nouvelle du Royaume. De l’aide pour les frĂšres de Moldavie MĂȘme dans ces Ă©poques difficiles, les TĂ©moins se manifestaient de l’amour les uns aux autres. En 1947, la Moldavie, un pays voisin, a connu une grave famine. MalgrĂ© leur pauvretĂ©, les frĂšres d’Ukraine ont immĂ©diatement subvenu aux besoins de leurs frĂšres et sƓurs moldaves en leur envoyant de la farine. Des TĂ©moins d’Ukraine de l’ouest ont invitĂ© plusieurs TĂ©moins moldaves Ă  venir habiter chez eux. Un frĂšre qui vivait en Moldavie Ă  l’époque se souvient “ Étant orphelin, je devais recevoir du gouvernement 200 grammes de pain par jour. Mais comme je ne faisais pas partie de l’organisation des Pionniers, je ne recevais rien. Nous avons Ă©tĂ© trĂšs heureux lorsque les frĂšres d’Ukraine occidentale nous ont envoyĂ© de la farine, d’autant plus que chaque proclamateur a pu en recevoir quatre kilos. ” Tentative d’enregistrement lĂ©gal en URSS En 1949, trois anciens de la rĂ©gion de Volhynie Mykola Pyatokha, Ilya Babijtchouk et MykhaĂŻlo Tchoumak ont dĂ©posĂ© une demande d’enregistrement lĂ©gal de notre Ɠuvre. Peu de temps aprĂšs, frĂšre Tchoumak a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. L’un des deux autres frĂšres, Mykola Pyatokha, se souvient que lorsque la demande a Ă©tĂ© envoyĂ©e la premiĂšre fois, il n’y a eu aucune rĂ©ponse. Par consĂ©quent, ils ont envoyĂ© une deuxiĂšme demande Ă  Moscou. Les documents ont Ă©tĂ© transmis Ă  Kiev. LĂ , des reprĂ©sentants des autoritĂ©s ont accordĂ© aux frĂšres un entretien et leur ont dit que l’enregistrement serait possible Ă  condition que les TĂ©moins de JĂ©hovah acceptent de coopĂ©rer avec eux. Évidemment, les frĂšres ont refusĂ© de transiger avec leur position de neutralitĂ©. Peu aprĂšs, les deux frĂšres ont Ă©galement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et condamnĂ©s Ă  25 ans d’emprisonnement dans un camp. Dans un mĂ©morandum spĂ©cial envoyĂ© de Moscou aux autoritĂ©s locales de Volhynie, il Ă©tait expressĂ©ment mentionnĂ© que la “ secte ” religieuse des TĂ©moins de JĂ©hovah Ă©tait “ un mouvement antisoviĂ©tique dĂ©clarĂ© qui ne saurait en aucun cas ĂȘtre enregistrĂ© ”. Le chef du Bureau local des affaires religieuses a reçu l’ordre d’espionner les TĂ©moins de JĂ©hovah et de tout rapporter aux services de sĂ©curitĂ© de l’État. Des chefs religieux coopĂšrent avec les autoritĂ©s En 1949, un responsable baptiste de Transcarpatie s’est plaint aux autoritĂ©s de ce que les TĂ©moins faisaient des adeptes parmi ses ouailles. MykhaĂŻlo Tilniak, un ancien d’une congrĂ©gation locale, a de ce fait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et condamnĂ© Ă  dix ans d’emprisonnement. Sa femme s’est trouvĂ©e alors seule Ă  la maison avec deux enfants en bas Ăąge. Ce genre de comportement de la part des chefs religieux a aidĂ© des personnes sincĂšres Ă  comprendre et Ă  apprĂ©cier l’Ɠuvre des TĂ©moins de JĂ©hovah. En 1950, une jeune baptiste de Transcarpatie, Vasylyna Biben, a appris que le pasteur de son Ă©glise avait renseignĂ© les autoritĂ©s au sujet de l’activitĂ© de deux TĂ©moins de sa commune. Ces TĂ©moins ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et condamnĂ©s Ă  six ans d’emprisonnement. Une fois libĂ©rĂ©s, ils sont rentrĂ©s chez eux, mais n’ont manifestĂ© aucune animositĂ© Ă  l’égard de l’ecclĂ©siastique. Vasylyna a compris que ces TĂ©moins aimaient rĂ©ellement leur prochain. ImpressionnĂ©e, elle a Ă©tudiĂ© la Bible avec les TĂ©moins et s’est fait baptiser. “ Je remercie JĂ©hovah de m’avoir montrĂ© le chemin qui conduit Ă  la vie Ă©ternelle ”, dit-​elle. ExilĂ©s en Russie Les vĂ©ritĂ©s bibliques proclamĂ©es par les TĂ©moins de JĂ©hovah Ă©taient incompatibles avec l’idĂ©ologie athĂ©e du rĂ©gime communiste. Bien organisĂ©s, les TĂ©moins imprimaient et distribuaient en secret des publications qui soutenaient le Royaume de Dieu. En outre, ils communiquaient les enseignements de la Bible Ă  leurs voisins et Ă  leur famille. Entre 1947 et 1950, les autoritĂ©s ont arrĂȘtĂ© plus de 1 000 TĂ©moins. NĂ©anmoins, les frĂšres n’ont cessĂ© de croĂźtre en nombre. Par consĂ©quent, en 1951, les autoritĂ©s ont prĂ©parĂ© en secret un plan destinĂ© Ă  rĂ©duire Ă  nĂ©ant le peuple de Dieu. Il fallait exiler le reste des TĂ©moins en SibĂ©rie, Ă  5 000 kilomĂštres de lĂ , vers l’est. Le 8 avril 1951, plus de 6 100 TĂ©moins ont Ă©tĂ© exilĂ©s d’Ukraine occidentale en SibĂ©rie. TĂŽt le matin, des soldats sont arrivĂ©s en camion et ont frappĂ© Ă  la porte du domicile de chaque TĂ©moin, ne laissant aux familles que deux heures pour empaqueter leurs affaires en vue du voyage. Ne pouvaient ĂȘtre emportĂ©s que les effets personnels et les objets de valeur. Tous ceux qui Ă©taient trouvĂ©s chez eux Ă©taient exilĂ©s — les hommes, les femmes et les enfants. Personne n’était Ă©pargnĂ© en raison de son Ăąge ou de sa mauvaise condition physique. Rapidement, en l’espace d’une seule journĂ©e, ils ont Ă©tĂ© parquĂ©s dans des wagons de marchandises et envoyĂ©s en SibĂ©rie. Ceux qui n’étaient pas chez eux Ă  ce moment-​lĂ  ont Ă©tĂ© laissĂ©s de cĂŽtĂ©, et les autoritĂ©s ne se sont pas mises Ă  leur recherche. Certains d’entre eux ont demandĂ© officiellement aux autoritĂ©s la permission de rejoindre leur famille exilĂ©e, mais les autoritĂ©s n’ont pas rĂ©pondu Ă  leur demande, ni mĂȘme rĂ©vĂ©lĂ© oĂč leurs proches avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s. Des TĂ©moins de Moldavie, de BiĂ©lorussie occidentale, de Lituanie, de Lettonie et d’Estonie ont Ă©galement Ă©tĂ© exilĂ©s. Au total, environ 9 500 TĂ©moins de ces cinq rĂ©publiques ont Ă©tĂ© contraints Ă  l’exil, transportĂ©s sous escorte militaire dans des wagons de marchandises que les gens appelaient des Ă©tables, car en temps normal ces wagons servaient exclusivement au transport du bĂ©tail. Aucun des TĂ©moins ne savait oĂč ils Ă©taient emmenĂ©s. Tout au long de leur pĂ©riple, ils ont priĂ©, chantĂ© des cantiques et se sont entraidĂ©s. À l’extĂ©rieur des wagons, certains ont accrochĂ© des vĂȘtements sur lesquels ils avaient Ă©crit “ Nous sommes des TĂ©moins de JĂ©hovah de Volhynie ” ou “ Nous sommes des TĂ©moins de JĂ©hovah de Lvov ”. Lors des arrĂȘts dans les gares, ils pouvaient constater que d’autres trains portaient le mĂȘme genre d’inscriptions. Cela a permis aux frĂšres de comprendre que des TĂ©moins d’autres rĂ©gions de l’Ukraine occidentale Ă©taient Ă©galement exilĂ©s. Ces “ tĂ©lĂ©grammes ” les ont fortifiĂ©s pendant leurs deux Ă  trois semaines de voyage en train jusqu’en SibĂ©rie. Ce dĂ©placement de population Ă©tait censĂ© ĂȘtre un exil dĂ©finitif. Le plan prĂ©voyait que les TĂ©moins de JĂ©hovah ne soient jamais autorisĂ©s Ă  quitter la SibĂ©rie. MĂȘme s’ils n’étaient pas en prison, ils devaient rĂ©guliĂšrement se prĂ©senter au bureau local d’enregistrement. Quiconque manquait Ă  l’appel Ă©tait condamnĂ© Ă  plusieurs annĂ©es d’emprisonnement. À leur arrivĂ©e, certains ont simplement Ă©tĂ© dĂ©barquĂ©s dans la forĂȘt. Puis on leur a donnĂ© des haches pour couper des arbres, se bĂątir un logement et se procurer les moyens de subsistance. Afin de survivre aux premiers hivers, les TĂ©moins ont souvent dĂ» creuser dans le sol des abris de fortune qu’ils recouvraient de mottes de terre et d’herbe. Gregori Melnyk, qui est aujourd’hui ancien en CrimĂ©e, se rappelle “ AprĂšs l’arrestation de ma sƓur en 1947, j’ai souvent Ă©tĂ© convoquĂ© par les autoritĂ©s pour ĂȘtre interrogĂ©. Ils me frappaient avec un bĂąton. À plusieurs reprises ils m’ont fait rester debout face au mur pendant seize heures, tout ça pour m’obliger Ă  raconter des mensonges sur ma sƓur aĂźnĂ©e qui Ă©tait TĂ©moin. J’avais 16 ans Ă  l’époque. Comme je refusais de tĂ©moigner contre elle, les autoritĂ©s locales ne m’aimaient pas et voulaient se dĂ©barrasser de moi. “ Par consĂ©quent, au dĂ©but de l’annĂ©e 1951, nous avons Ă©tĂ© exilĂ©s en SibĂ©rie, bien que mes deux jeunes frĂšres, ma jeune sƓur et moi Ă©tions orphelins. Nos parents Ă©taient dĂ©jĂ  morts, et mon frĂšre et ma sƓur aĂźnĂ©s purgeaient une peine de dix ans d’emprisonnement. À l’ñge de 20 ans, il fallait que j’assume la responsabilitĂ© de veiller sur mes deux petits frĂšres et ma petite sƓur. “ Je me rappelle souvent les deux premiĂšres annĂ©es que nous avons passĂ©es en SibĂ©rie, oĂč nous avons survĂ©cu en mangeant des pommes de terre et en buvant du thĂ©. Nous buvions notre thĂ© dans des assiettes Ă  soupe, car les tasses Ă©taient un luxe en ce temps-​lĂ . Par contre, je me sentais trĂšs bien spirituellement. Au cours des premiers jours qui ont suivi notre arrivĂ©e, j’ai commencĂ© Ă  diriger des rĂ©unions publiques. Plus tard, nous avons Ă©galement organisĂ© l’École du ministĂšre thĂ©ocratique. Ce n’était pas facile pour moi d’assumer ces responsabilitĂ©s, en raison de l’épuisant travail physique que je devais effectuer pour subvenir aux besoins de mes jeunes frĂšres et sƓur. ” MalgrĂ© ces Ă©preuves, la famille Melnyk est demeurĂ©e fidĂšle Ă  JĂ©hovah et Ă  son organisation. Souhaitant empĂȘcher toute communication entre les TĂ©moins qui devaient arriver sous peu et la population locale, les autoritĂ©s sibĂ©riennes ont fait courir la rumeur que des cannibales allaient venir s’installer en SibĂ©rie. Une fois parvenus Ă  destination, des TĂ©moins ont dĂ» attendre quelques jours avant d’ĂȘtre logĂ©s dans les villages. Par consĂ©quent, ils se sont assis en plein air sur la berge du Tchoulim, un fleuve encore gelĂ©. Alors qu’on Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  la mi-​avril, le sol Ă©tait encore couvert de neige. Les frĂšres ont allumĂ© un grand feu, se sont rĂ©chauffĂ©s, ils ont chantĂ© des cantiques, priĂ© et racontĂ© des faits survenus durant leur voyage. Curieusement, aucun villageois ne venait Ă  leur rencontre. Au contraire, les habitants fermaient les portes et les fenĂȘtres de leur maison et n’invitaient pas les TĂ©moins Ă  entrer. Le troisiĂšme jour, les plus courageux d’entre les villageois, munis de haches, se sont approchĂ©s des TĂ©moins et ont commencĂ© Ă  discuter avec eux. Au dĂ©part, ils pensaient vraiment que des cannibales Ă©taient arrivĂ©s ! Mais ils ont rapidement constatĂ© que cela n’était pas vrai. En 1951, les autoritĂ©s ont Ă©galement prĂ©vu d’exiler les TĂ©moins de Transcarpatie. Des wagons vides avaient mĂȘme Ă©tĂ© acheminĂ©s. Toutefois, la dĂ©cision d’exiler les frĂšres a Ă©tĂ© annulĂ©e pour une raison indĂ©terminĂ©e. La Transcarpatie est devenue l’une des rĂ©gions principales oĂč l’on produisait les publications destinĂ©es Ă  l’ensemble de l’Union soviĂ©tique sous l’interdiction. L’unitĂ© demeure Comme la plupart des frĂšres avaient Ă©tĂ© exilĂ©s en SibĂ©rie, nombre de ceux qui Ă©taient passĂ©s au travers des mailles du filet ont perdu le contact avec l’organisation. Par exemple, Maria Hretchina, de Tchernovtsi, a vĂ©cu plus de six ans sans avoir de nouvelles de l’organisation ni de ses compagnons chrĂ©tiens. MalgrĂ© cela, elle a continuĂ© de s’appuyer sur JĂ©hovah et elle est demeurĂ©e fidĂšle. De 1951 au milieu des annĂ©es 60, la majoritĂ© des frĂšres Ă©tant emprisonnĂ©s ou exilĂ©s, il est devenu nĂ©cessaire que des sƓurs assument la direction de nombreuses congrĂ©gations. MikhaĂŻl Dasevitch, qui a Ă©tĂ© tĂ©moin de ces Ă©vĂ©nements, raconte “ Je n’ai pas Ă©tĂ© directement touchĂ© par l’exil en SibĂ©rie parce que, lorsque les listes de ceux qui allaient ĂȘtre exilĂ©s ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es, j’étais encore en Russie Ă  purger une peine de prison. Peu de temps aprĂšs mon retour en Ukraine, la plupart des frĂšres de ma rĂ©gion ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en SibĂ©rie. Il me fallait donc rechercher les TĂ©moins isolĂ©s qui avaient perdu le contact avec l’organisation et les rassembler en groupes d’étude de livre et en congrĂ©gations. J’ai ainsi commencĂ© Ă  effectuer l’Ɠuvre d’un surveillant de circonscription, bien que personne n’ait pu Ă  l’époque me nommer Ă  cette fonction. Chaque mois, je rendais visite Ă  toutes les congrĂ©gations pour rĂ©cupĂ©rer les rapports d’activitĂ©, et je transfĂ©rais d’une congrĂ©gation Ă  une autre les publications encore en notre possession. Il n’était pas rare que nos sƓurs assument les responsabilitĂ©s de serviteur de congrĂ©gation et mĂȘme, dans certaines rĂ©gions, de serviteur de circonscription en raison du manque de frĂšres. Pour des raisons de sĂ©curitĂ©, nous tenions toutes les rĂ©unions de serviteurs de congrĂ©gation pour notre circonscription la nuit, dans des cimetiĂšres. Comme nous savions qu’en gĂ©nĂ©ral les gens avaient peur des morts, nous Ă©tions sĂ»rs que personne ne viendrait nous dĂ©ranger. La plupart du temps, nous discutions Ă  voix basse lors de ces rassemblements. Une fois, nous avons chuchotĂ© trop fort, et deux hommes qui passaient prĂšs du cimetiĂšre ont pris leurs jambes Ă  leur cou. Ils ont sans doute cru que les morts parlaient ! ” À la suite de l’exil de 1951, Mykola Tsiba, Ă  l’époque serviteur pour le pays, a continuĂ© d’imprimer en secret des publications bibliques dans un bunker. En 1952, les services de sĂ©curitĂ© ont dĂ©couvert oĂč il se trouvait et l’ont arrĂȘtĂ©. Il a alors passĂ© de nombreuses annĂ©es en prison. FrĂšre Tsiba est demeurĂ© fidĂšle jusqu’à sa mort en 1978. Beaucoup d’autres frĂšres qui avaient aidĂ© frĂšre Tsiba ont Ă©galement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. En ce temps-​lĂ , les frĂšres n’avaient aucun contact avec l’étranger, si bien qu’il ne leur Ă©tait pas possible de recevoir les publications courantes Ă  temps. En une occasion, quelques frĂšres ont rĂ©ussi Ă  se procurer des numĂ©ros de La Tour de Garde en roumain des annĂ©es 1945 Ă  1949. Les frĂšres de l’endroit les ont traduits en ukrainien et en russe. Les TĂ©moins d’Ukraine qui n’avaient pas Ă©tĂ© exilĂ©s ou emprisonnĂ©s se souciaient Ă©normĂ©ment de leurs compagnons dans la foi. Ils ont redoublĂ© d’efforts pour Ă©tablir une liste de ceux qui avaient Ă©tĂ© emprisonnĂ©s, afin de leur envoyer des vĂȘtements chauds, de la nourriture et des publications. Par exemple, les TĂ©moins de JĂ©hovah de Transcarpatie ont gardĂ© le contact avec des frĂšres internĂ©s dans 54 camps dissĂ©minĂ©s dans toute l’Union soviĂ©tique. De nombreuses congrĂ©gations ont créé une autre boĂźte Ă  offrandes pour les “ Bonnes EspĂ©rances ”. L’argent collectĂ© dans cette boĂźte servait Ă  aider ceux qui se trouvaient en prison. Il Ă©tait trĂšs encourageant, pour les frĂšres fidĂšles et pleins d’abnĂ©gation qui Ă©taient en libertĂ©, de recevoir des prisons et des camps de chaleureuses lettres de reconnaissance ainsi que des rapports d’activitĂ©. La situation s’amĂ©liore AprĂšs la mort de Joseph Staline, chef de l’État soviĂ©tique, la politique Ă  l’égard des TĂ©moins s’est adoucie. À partir de 1953, une amnistie a Ă©tĂ© proclamĂ©e en URSS, qui a entraĂźnĂ© la libĂ©ration de certains frĂšres. Plus tard, la Commission d’État a Ă©tĂ© formĂ©e et a procĂ©dĂ© au rĂ©examen de sentences prononcĂ©es par le passĂ©. De ce fait, de nombreux frĂšres ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s, tandis que d’autres ont vu leur peine rĂ©duite. Au cours des annĂ©es suivantes, la plupart des TĂ©moins emprisonnĂ©s ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©s. Mais l’amnistie ne s’appliquait pas Ă  ceux qui avaient Ă©tĂ© exilĂ©s en 1951. Dans certains camps et certaines prisons, le nombre de ceux qui Ă©taient devenus TĂ©moins de JĂ©hovah dĂ©passait le nombre de TĂ©moins qui y avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s au dĂ©part. Cet accroissement encourageait les frĂšres et leur donnait la conviction que JĂ©hovah les avait bĂ©nis en raison de leur attitude ferme durant cette pĂ©riode. AprĂšs leur libĂ©ration, beaucoup de frĂšres ont pu rentrer chez eux. Des efforts soutenus ont Ă©tĂ© faits pour trouver les TĂ©moins qui avaient perdu le contact avec l’organisation. Volodymyr Volobuyev, qui vivait dans la rĂ©gion de Donetsk, se souvient “ Jusqu’à ce que je sois de nouveau arrĂȘtĂ© en 1958, j’ai pu retrouver et aider environ 160 TĂ©moins qui avaient Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s de l’organisation. ” La proclamation de l’amnistie n’a pas entraĂźnĂ© une plus grande libertĂ© de prĂȘcher. Nombre de frĂšres et sƓurs qui avaient Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s ont Ă©tĂ© de nouveau condamnĂ©s Ă  de longues peines peu de temps aprĂšs. Par exemple, en raison de l’amnistie de mars 1955, Maria Tomilko, originaire de Dniepropetrovsk, n’a accompli que huit ans de prison sur les 25 qu’elle devait purger. Toutefois, trois ans plus tard elle a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  nouveau Ă  dix ans d’emprisonnement et Ă  cinq ans d’exil. Pourquoi ? Dans les attendus de son jugement on pouvait lire “ Elle a conservĂ© et lu des publications et des manuscrits jĂ©hovistes. ” Et elle a “ participĂ© activement Ă  la diffusion des enseignements jĂ©hovistes auprĂšs de ses voisins ”. Sept ans plus tard elle a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e parce qu’elle Ă©tait invalide. SƓur Tomilko a endurĂ© toutes sortes d’épreuves et elle est demeurĂ©e fidĂšle jusqu’à ce jour. L’amour ne disparaĂźt jamais Les autoritĂ©s s’efforçaient tout particuliĂšrement de sĂ©parer les familles de TĂ©moins de JĂ©hovah. Souvent, les services de sĂ©curitĂ© s’évertuaient Ă  placer les TĂ©moins devant un choix Dieu ou la famille. Cependant, dans la plupart des cas les serviteurs de JĂ©hovah ont dĂ©montrĂ© leur fidĂ©litĂ© Ă  JĂ©hovah en dĂ©pit des Ă©preuves les plus difficiles. Hanna Bokotch, de Transcarpatie, dont le mari, Noutsou, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  cause de sa prĂ©dication zĂ©lĂ©e, se souvient “ Durant son sĂ©jour en prison, mon mari a endurĂ© de nombreuses humiliations malveillantes. Il a passĂ© six mois en isolement, avec pour seul meuble une chaise, pas mĂȘme un lit. On l’a cruellement battu et privĂ© de nourriture. En l’espace de quelques mois il a Ă©normĂ©ment maigri et ne pesait plus que 36 kilos, la moitiĂ© de son poids normal. ” Sa femme, fidĂšle, est demeurĂ©e seule avec leur fille encore jeune. Les reprĂ©sentants des autoritĂ©s ont fait pression sur frĂšre Bokotch pour qu’il transige avec sa foi et coopĂšre avec eux. On lui a demandĂ© de choisir entre sa famille et la mort. FrĂšre Bokotch n’a pas reniĂ© ses croyances et il est restĂ© fidĂšle Ă  JĂ©hovah et Ă  son organisation. Il a passĂ© 11 ans en prison et, aprĂšs sa libĂ©ration, il a continuĂ© Ă  exercer ses activitĂ©s chrĂ©tiennes en tant qu’ancien et, plus tard, comme surveillant de circonscription, jusqu’à sa mort en 1988. Il puisait souvent de la force dans les paroles de Psaume 912 “ Je veux dire Ă  JĂ©hovah Tu es mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je veux mettre ma confiance. ’ ” ConsidĂ©rons un autre exemple remarquable d’endurance. Youri Popcha Ă©tait surveillant itinĂ©rant en Transcarpatie. Dix jours aprĂšs son mariage, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. Au lieu de partir en voyage de noces, il a passĂ© dix ans en prison, en Mordovie Russie. FidĂšle, sa femme Maria lui a rendu visite 14 fois, parcourant chaque fois environ 1 500 kilomĂštres Ă  l’aller comme au retour. Aujourd’hui, frĂšre Popcha est ancien dans une des congrĂ©gations de Transcarpatie, et Maria, sa femme bien-aimĂ©e, le soutient fidĂšlement et avec amour. Oleksi et Lydia Kourdas, qui vivaient dans la ville de ZaporoĆŸje, ont Ă©galement laissĂ© un bel exemple d’endurance dans les Ă©preuves. En mars 1958, 17 jours aprĂšs la naissance de leur fille Halyna, ils ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Quatorze autres frĂšres et sƓurs ont aussi Ă©tĂ© interpellĂ©s dans la rĂ©gion. FrĂšre Kourdas a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  passer 25 ans dans un camp et sa femme a Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  une peine de 10 ans. Ils ont Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s, Oleksi Ă©tant envoyĂ© en Mordovie et Lydia en SibĂ©rie avec leur petite fille. Voici comment sƓur Kourdas dĂ©crit le voyage de trois semaines d’Ukraine en SibĂ©rie “ C’était terrible. Il y avait ma fille et moi, Nadia Vitchniak avec son bĂ©bĂ© nĂ© en prison juste quelques jours auparavant tandis qu’elle Ă©tait soumise Ă  un interrogatoire, et deux autres sƓurs. On nous a fait monter toutes les six dans un wagon et poussĂ©es dans une cellule destinĂ©e Ă  ne recevoir que deux prisonniers. Nous avons allongĂ© nos enfants sur la couchette du bas, et pendant tout le voyage nous sommes restĂ©es assises, serrĂ©es, sur la couchette du haut. Nous avions du pain, du hareng salĂ© et de l’eau. La nourriture Ă©tait fournie pour seulement quatre adultes. Nous n’avions rien pour nourrir nos enfants. “ Quand nous sommes arrivĂ©es Ă  destination, on m’a envoyĂ©e Ă  l’hĂŽpital de la prison avec mon bĂ©bĂ©. J’y ai rencontrĂ© plusieurs sƓurs Ă  qui j’ai racontĂ© que l’inspecteur m’avait menacĂ©e de prendre ma fille et de la mettre Ă  l’orphelinat. Les sƓurs ont rĂ©ussi Ă  informer les frĂšres locaux de ma situation. Plus tard, Tamara Bouriak aujourd’hui Ravliouk, qui avait 18 ans, est venue Ă  l’hĂŽpital pour prendre ma fille, Halyna. C’était la premiĂšre fois que je rencontrais Tamara. Il Ă©tait trĂšs pĂ©nible de laisser ma petite fille chĂ©rie Ă  une personne que je n’avais jamais vue auparavant, mĂȘme s’il s’agissait de ma sƓur spirituelle. NĂ©anmoins, j’ai Ă©tĂ© grandement rĂ©confortĂ©e lorsque des sƓurs du camp m’ont parlĂ© de la fidĂ©litĂ© de la famille Bouriak. Ma fille avait 5 mois et 18 jours quand je l’ai laissĂ©e aux soins de Tamara. Je n’allais la revoir que sept ans plus tard ! “ En 1959, une nouvelle amnistie a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ©e en URSS. Elle s’appliquait aux femmes qui avaient des enfants de moins de sept ans. Mais les responsables de la prison m’ont dit que je devais d’abord renoncer Ă  ma foi. Ayant refusĂ© cette condition, j’ai dĂ» rester dans le camp. ” FrĂšre Kourdas a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© en 1968, Ă  l’ñge de 43 ans. Au total, il a passĂ©, pour la vĂ©ritĂ©, 15 ans en prison, dont huit dans une prison de haute sĂ©curitĂ©. Finalement, il est retournĂ© en Ukraine retrouver sa femme et sa fille. Leur famille Ă©tait enfin rĂ©unie. Halyna s’est assise sur les genoux de son pĂšre et lui a dit “ Papa ! Je n’ai jamais pu m’asseoir sur tes genoux, alors maintenant je rattrape le temps perdu. ” Par la suite, la famille Kourdas a dĂ©mĂ©nagĂ© plusieurs fois, car les autoritĂ©s ne cessaient de les expulser. Au dĂ©part ils ont vĂ©cu dans l’est de l’Ukraine, puis dans l’ouest de la GĂ©orgie et le nord du Caucase. Finalement ils se sont installĂ©s Ă  Kharkov, oĂč ils vivent encore aujourd’hui, heureux. Halyna est Ă  prĂ©sent mariĂ©e, et tous continuent de servir fidĂšlement leur Dieu, JĂ©hovah. Un extraordinaire exemple de foi Parfois, nos frĂšres enduraient de dures Ă©preuves pour la foi pendant des mois, des annĂ©es, voire des dĂ©cennies. Youri Kopos, par exemple, est nĂ© et a grandi prĂšs de la magnifique ville de Khoust, en Transcarpatie. En 1938, Ă  l’ñge de 25 ans, il est devenu TĂ©moin de JĂ©hovah. En 1940, pendant la DeuxiĂšme Guerre mondiale, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  huit mois d’emprisonnement parce qu’il refusait de rejoindre l’armĂ©e hongroise, qui soutenait le rĂ©gime nazi. À l’époque, en Transcarpatie, la loi n’autorisait pas l’exĂ©cution des objecteurs de conscience. Par consĂ©quent, les frĂšres Ă©taient envoyĂ©s au front, oĂč la loi nazie appliquait ce genre d’exĂ©cution. En 1942, frĂšre Kopos a Ă©tĂ© emmenĂ© sous escorte militaire sur le front russe, prĂšs de Stalingrad, avec d’autres prisonniers parmi lesquels figuraient 21 autres TĂ©moins. On les envoyait lĂ  pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©s. Toutefois, peu de temps aprĂšs leur arrivĂ©e, l’armĂ©e soviĂ©tique a lancĂ© une attaque et s’est rendue maĂźtre des troupes allemandes, ainsi que des frĂšres. Les TĂ©moins ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans un camp de prisonniers soviĂ©tique, oĂč ils sont restĂ©s jusqu’en 1946, date de leur libĂ©ration. FrĂšre Kopos est rentrĂ© chez lui et a pris une part active Ă  l’Ɠuvre de prĂ©dication dans sa rĂ©gion natale. C’est pour cette raison qu’en 1950, les autoritĂ©s soviĂ©tiques l’ont condamnĂ© Ă  passer 25 ans dans un camp de travail. Cependant, Ă  la suite d’une amnistie, il a Ă©tĂ© relĂąchĂ© au bout de six ans. AprĂšs sa libĂ©ration, frĂšre Kopos, alors ĂągĂ© de 44 ans, a dĂ©cidĂ© d’épouser Hanna Chichko. Elle aussi Ă©tait TĂ©moin et avait rĂ©cemment Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e de prison aprĂšs avoir purgĂ© une peine de dix ans. Tous deux ont rempli une demande d’enregistrement de leur mariage. Mais la veille au soir de leur mariage, on les a de nouveau arrĂȘtĂ©s et condamnĂ©s Ă  dix ans d’emprisonnement dans un camp. MalgrĂ© cela, ils ont survĂ©cu Ă  toutes ces Ă©preuves et leur amour a endurĂ© toutes ces choses, mĂȘme le report de dix ans de leur mariage 1 Cor. 137. AprĂšs leur libĂ©ration, en 1967, ils se sont finalement mariĂ©s. Leur histoire ne s’arrĂȘte pas lĂ . En 1973, alors ĂągĂ© de 60 ans, frĂšre Kopos a une fois encore Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et condamnĂ© Ă  cinq ans d’emprisonnement dans un camp et Ă  cinq ans d’exil. Avec sa femme, Hanna, il a purgĂ© cette peine en SibĂ©rie, Ă  5 000 kilomĂštres de Khoust, sa ville natale. Cette rĂ©gion ne bĂ©nĂ©ficiait d’aucune voie de communication routiĂšre ou ferroviaire ; on n’y accĂ©dait que par avion. En 1983, frĂšre Kopos est rentrĂ© chez lui Ă  Khoust avec sa femme. Hanna est morte en 1989, et frĂšre Kopos a continuĂ© de servir fidĂšlement JĂ©hovah jusqu’à sa mort en 1997. En tout, frĂšre Kopos a passĂ© 27 ans dans diffĂ©rentes prisons et 5 ans en exil, soit un total de 32 ans. Cet homme modeste et humble a passĂ© prĂšs d’un tiers de siĂšcle dans les prisons soviĂ©tiques et les camps de travail. C’est un extraordinaire exemple de foi qui montre clairement que les ennemis ne peuvent venir Ă  bout de l’intĂ©gritĂ© des fidĂšles serviteurs de Dieu. Une division temporaire L’ennemi de l’humanitĂ©, Satan le Diable, utilise de nombreuses mĂ©thodes pour combattre ceux qui pratiquent le vrai culte. La persĂ©cution physique mise Ă  part, il s’efforce d’instiller le doute et de susciter des dissensions chez les frĂšres. Cela ressort particuliĂšrement de l’histoire des TĂ©moins de JĂ©hovah d’Ukraine. Au cours des annĂ©es 50, les TĂ©moins de JĂ©hovah ont Ă©tĂ© harcelĂ©s sans relĂąche. Les autoritĂ©s recherchaient constamment les endroits oĂč l’on imprimait des publications. Les frĂšres ayant des responsabilitĂ©s Ă©taient rĂ©guliĂšrement arrĂȘtĂ©s. De ce fait, ceux qui assuraient la direction de l’Ɠuvre Ă©taient souvent remplacĂ©s au bout de quelques mois. Constatant qu’ils ne pouvaient rĂ©duire les TĂ©moins de JĂ©hovah au silence par l’exil, l’emprisonnement, la violence et la torture, les services de sĂ©curitĂ© ont employĂ© de nouvelles tactiques. Ils ont tentĂ© de diviser l’organisation de l’intĂ©rieur en semant la suspicion parmi les frĂšres. Dans le milieu des annĂ©es 50, les services de sĂ©curitĂ© ont cessĂ© d’arrĂȘter tous les frĂšres actifs et responsables de l’Ɠuvre, et se sont mis Ă  les espionner. Ces frĂšres Ă©taient rĂ©guliĂšrement convoquĂ©s aux bureaux des services de sĂ©curitĂ©. On leur promettait alors de l’argent et une carriĂšre importante s’ils coopĂ©raient. S’ils refusaient, ils Ă©taient mis en prison et soumis Ă  des traitements humiliants. Quelques-uns, manquant de foi en Dieu, ont cĂ©dĂ© par crainte ou par appĂąt du gain. Ils sont restĂ©s dans les rangs de l’organisation pour informer les services de sĂ©curitĂ© des activitĂ©s des TĂ©moins de JĂ©hovah. Ils appliquaient scrupuleusement les instructions des autoritĂ©s, faisant passer des frĂšres innocents pour des traĂźtres aux yeux de nombreux frĂšres. Pavlo Ziatek a beaucoup souffert de ces suspicions non fondĂ©es. Ce frĂšre humble et zĂ©lĂ© a passĂ© de nombreuses annĂ©es dans des camps, et a consacrĂ© sa vie entiĂšre au service de JĂ©hovah. Dans le milieu des annĂ©es 40, frĂšre Ziatek a Ă©tĂ© serviteur responsable pour le pays. ArrĂȘtĂ©, il a passĂ© dix ans dans une prison de l’ouest de l’Ukraine. En 1956 il a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©, puis en 1957 il a retrouvĂ© ses fonctions. Le comitĂ© de pays comprenait huit frĂšres en plus de frĂšre Ziatek quatre de SibĂ©rie et quatre d’Ukraine. Ces frĂšres assuraient la surveillance de l’Ɠuvre de prĂ©dication dans toute l’URSS. En raison des importantes distances Ă  parcourir et de la persĂ©cution constante, ces frĂšres ne pouvaient entretenir une bonne communication entre eux ni se rĂ©unir rĂ©guliĂšrement. Au fil du temps, des rumeurs et des commĂ©rages se sont rĂ©pandus au sujet de frĂšre Ziatek et d’autres membres du comitĂ©. On prĂ©tendait que frĂšre Ziatek coopĂ©rait avec les services de sĂ©curitĂ©, qu’il s’était fait construire une grande maison en se servant des fonds destinĂ©s Ă  l’Ɠuvre de prĂ©dication, et qu’on l’avait aperçu en uniforme militaire. Ces allĂ©gations ont Ă©tĂ© rĂ©unies dans un cahier et envoyĂ©es aux surveillants de district et de circonscription en SibĂ©rie. Aucune de ces accusations n’était fondĂ©e. Finalement, en mars 1959, certains surveillants de circonscription de SibĂ©rie ont cessĂ© d’envoyer leurs rapports d’activitĂ© au comitĂ©. Ceux qui se sont sĂ©parĂ©s l’ont fait sans consulter le bureau. Ils n’ont pas suivi les instructions des surveillants de leur rĂ©gion. Tout cela a provoquĂ© une division dans les rangs des TĂ©moins de JĂ©hovah de l’URSS pendant quelques annĂ©es. Les frĂšres dissidents ont persuadĂ© d’autres surveillants de circonscription d’adopter une position semblable. De ce fait, les rapports d’activitĂ© de certaines circonscriptions Ă©taient envoyĂ©s aux frĂšres qui avaient fait scission alors que c’est le comitĂ© du pays qui aurait dĂ» les recevoir. La plupart des frĂšres des congrĂ©gations ne savaient pas que leurs rapports de service n’avaient pas Ă©tĂ© transmis au comitĂ©, de sorte que l’activitĂ© des congrĂ©gations n’en Ă©tait pas affectĂ©e. FrĂšre Ziatek a effectuĂ© plusieurs voyages en SibĂ©rie, aprĂšs quoi diffĂ©rentes circonscriptions ont recommencĂ© Ă  envoyer leurs rapports de service au comitĂ©. Retour Ă  l’organisation thĂ©ocratique Le 1er janvier 1961, tandis qu’il revenait d’une tournĂ©e de service en SibĂ©rie, frĂšre Ziatek a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© dans le train. Il a de nouveau Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  une peine de 10 ans de prison, cette fois dans un camp “ spĂ©cial ” en Mordovie Russie. Qu’est-​ce que ce camp avait de si “ spĂ©cial ” ? Les frĂšres, qui purgeaient leur peine d’emprisonnement dans diffĂ©rents camps, avaient l’occasion de prĂȘcher Ă  d’autres prisonniers, dont beaucoup sont devenus TĂ©moins. Cela contrariait les autoritĂ©s, qui ont dĂ©cidĂ© de rassembler les TĂ©moins les plus actifs dans un camp, afin qu’ils ne puissent plus prĂȘcher aux autres. Vers la fin des annĂ©es 50, plus de 400 frĂšres et environ une centaine de sƓurs, qui Ă©taient dispersĂ©s dans diffĂ©rents camps de l’URSS, ont Ă©tĂ© regroupĂ©s dans deux camps en Mordovie. Parmi les prisonniers figuraient des frĂšres du comitĂ© du pays ainsi que des surveillants de circonscription et de district qui s’étaient sĂ©parĂ©s du canal de communication choisi par JĂ©hovah. Quand ces derniers ont vu que frĂšre Ziatek Ă©tait Ă©galement emprisonnĂ©, ils ont compris qu’ils n’avaient pas de raison valable de croire qu’il avait coopĂ©rĂ© avec les services de sĂ©curitĂ©. Par ailleurs, en prĂ©vision de l’arrestation de frĂšre Ziatek, des dispositions avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prises pour que Ivan Pachkovski assume la charge de serviteur responsable pour le pays. Vers le milieu de l’annĂ©e 1961, frĂšre Pachkovski a rencontrĂ© les frĂšres responsables de l’Ɠuvre en Pologne et leur a expliquĂ© qu’il y avait des divisions parmi les frĂšres de l’URSS. Il a demandĂ© si Nathan Knorr, du siĂšge mondial Ă  Brooklyn, accepterait de rĂ©diger une lettre dans laquelle il apporterait son soutien Ă  frĂšre Ziatek. Plus tard, en 1962, frĂšre Pachkovski a reçu un exemplaire de la lettre adressĂ©e aux TĂ©moins de JĂ©hovah de l’URSS, datĂ©e du 18 mai 1962. En voici un extrait “ RĂ©guliĂšrement, j’entends dire que vous, frĂšres de l’URSS, vous entretenez toujours le profond dĂ©sir d’ĂȘtre des serviteurs fidĂšles de JĂ©hovah Dieu. Mais certains parmi vous ont eu des difficultĂ©s Ă  rester unis Ă  leurs frĂšres. Je pense que cela est dĂ» au peu de moyens de communication et Ă  la propagation dĂ©libĂ©rĂ©e de mensonges orchestrĂ©e par ceux qui s’opposent Ă  JĂ©hovah Dieu. C’est pourquoi je vous Ă©cris pour vous rappeler que la SociĂ©tĂ© considĂšre frĂšre Pavlo Ziatek et les frĂšres qui coopĂšrent avec lui comme les surveillants chrĂ©tiens responsables de l’Ɠuvre en URSS. Refusez tout compromis et tout point de vue extrĂ©miste. Nous devons ĂȘtre sains d’esprit, raisonnables, disposĂ©s Ă  nous adapter, mais Ă©galement fermes quant aux principes divins. ” Cette lettre, associĂ©e au fait que frĂšre Ziatek avait Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  10 ans d’emprisonnement, a contribuĂ© Ă  unifier les serviteurs de JĂ©hovah en URSS. De nombreux frĂšres dissidents qui se trouvaient en prison et dans des camps se sont de nouveau associĂ©s Ă  l’organisation. Ils ont compris que frĂšre Ziatek n’avait pas trahi l’organisation et que le siĂšge mondial lui accordait pleinement son soutien. Quand ils Ă©crivaient Ă  leur famille et Ă  leurs amis, les frĂšres emprisonnĂ©s encourageaient les anciens de leur congrĂ©gation Ă  prendre contact avec les frĂšres qui Ă©taient demeurĂ©s fidĂšles et Ă  rapporter leur activitĂ© de prĂ©dication. Au cours de la dĂ©cennie suivante, la majoritĂ© des frĂšres dissidents ont suivi ce conseil mĂȘme si, comme nous le verrons, il Ă©tait difficile de rester unis. La fidĂ©litĂ© dans les camps La vie en prison Ă©tait difficile. Pourtant, par rapport aux autres prisonniers, les TĂ©moins s’en sortaient souvent mieux, grĂące Ă  leur spiritualitĂ©. Ils avaient des publications et discutaient avec des compagnons chrĂ©tiens mĂ»rs. Tout cela contribuait Ă  maintenir un bon Ă©tat d’esprit et concourait Ă  leur croissance spirituelle. Dans un camp, les sƓurs enterraient si habilement les publications dans le sol que personne ne pouvait les trouver. Un jour, un inspecteur a dit que, pour dĂ©barrasser le territoire de toutes les “ publications antisoviĂ©tiques ”, il faudrait retourner le sol autour de la prison jusqu’à deux mĂštres de profondeur et passer la terre au tamis. Des sƓurs incarcĂ©rĂ©es ont Ă©tudiĂ© des Tour de Garde si attentivement que, 50 ans plus tard, certaines d’entre elles peuvent encore en rĂ©citer des passages. MalgrĂ© cette pĂ©riode difficile, les frĂšres et sƓurs ont maintenu leur fidĂ©litĂ© Ă  JĂ©hovah et n’ont pas transigĂ© sur les principes bibliques. Maria Rechina, qui a passĂ© cinq ans dans un camp en raison de son activitĂ© de prĂ©dicatrice, raconte ce qui suit “ Quand nous avons reçu La Tour de Garde qui contenait l’article Maintenir son innocence en respectant la saintetĂ© du sang ’, nous avons dĂ©cidĂ© de ne pas nous rendre Ă  la salle Ă  manger du camp lorsqu’il y avait de la viande au menu. Souvent, la viande servie dans les camps n’avait pas Ă©tĂ© correctement saignĂ©e. Quand le directeur de la prison a dĂ©couvert pourquoi les TĂ©moins ne mangeaient pas Ă  certains repas, il a dĂ©cidĂ© de nous forcer Ă  transgresser nos principes. Il a ordonnĂ© que de la viande soit servie tous les jours, le matin, le midi et le soir. Pendant deux semaines nous n’avons mangĂ© que du pain. Nous nous sommes appuyĂ©es totalement sur JĂ©hovah, convaincues qu’il voit tout et qu’il sait jusqu’à quel point nous pouvons endurer. À la fin de la deuxiĂšme semaine de ce rĂ©gime ’, le directeur a changĂ© d’avis et s’est mis Ă  nous servir des lĂ©gumes, du lait et mĂȘme du beurre. Nous avons constatĂ© que JĂ©hovah se souciait rĂ©ellement de nous. ” De l’aide pour endurer En comparaison des autres prisonniers, les frĂšres gardaient un point de vue confiant et trĂšs positif sur la vie. Cela leur a permis d’endurer les atrocitĂ©s des prisons soviĂ©tiques. FrĂšre Oleksi Kourdas, qui a passĂ© de nombreuses annĂ©es en prison, raconte “ Ce qui m’a aidĂ© Ă  endurer c’est une foi profonde en JĂ©hovah et en son Royaume, la participation aux activitĂ©s thĂ©ocratiques en prison et la priĂšre rĂ©guliĂšre. Une autre chose m’a aidĂ© la conviction d’agir d’une maniĂšre qui plaĂźt Ă  JĂ©hovah. J’ai Ă©galement veillĂ© Ă  rester actif. L’ennui est quelque chose de terrible en prison. Il peut dĂ©truire la personnalitĂ© et conduire Ă  la folie. C’est pourquoi je m’efforçais de rester occupĂ© Ă  des activitĂ©s thĂ©ocratiques. J’empruntais aussi Ă  la bibliothĂšque de la prison tous les livres traitant de l’histoire mondiale, de la gĂ©ographie et de la biologie. Je consultais les passages qui soutenaient mes opinions sur la vie. De cette façon, je pouvais fortifier ma foi. ” En 1962, SergeĂŻ Ravliouk a passĂ© trois mois en isolement. Il ne pouvait parler Ă  personne, mĂȘme pas aux gardes de la prison. Afin de ne pas perdre la raison, il a tĂąchĂ© de se remĂ©morer tous les versets qu’il connaissait. Il s’est ainsi souvenu de plus de mille versets bibliques qu’il a Ă©crits sur des morceaux de papier avec une mine de crayon. Il cachait la mine dans une rainure. Il s’est Ă©galement rappelĂ© plus d’une centaine d’articles de La Tour de Garde qu’il avait Ă©tudiĂ©s par le passĂ©. Il a calculĂ© la date du MĂ©morial pour les 20 annĂ©es Ă  venir. Tout cela l’a aidĂ© Ă  conserver sa santĂ© mentale, mais aussi spirituelle. Sa foi en JĂ©hovah est ainsi restĂ©e vivante et forte. “ L’aide ” des gardiens de prison MalgrĂ© l’opposition des services de sĂ©curitĂ©, nos publications franchissaient toutes les barriĂšres et parvenaient Ă  nos frĂšres emprisonnĂ©s. Les gardiens en Ă©taient conscients et, de temps Ă  autre, ils procĂ©daient Ă  une fouille approfondie de toutes les cellules, examinant littĂ©ralement jusqu’à chaque fissure. Afin de mettre la main sur les publications, les gardes dĂ©plaçaient rĂ©guliĂšrement les prisonniers d’une cellule Ă  une autre, et en profitaient pour les fouiller des pieds Ă  la tĂȘte. Toute publication trouvĂ©e Ă©tait confisquĂ©e. Comment les frĂšres ont-​ils rĂ©ussi Ă  faire en sorte que des publications ne soient pas dĂ©couvertes ? En gĂ©nĂ©ral, les frĂšres les cachaient dans leur oreiller, dans leur matelas, dans leurs chaussures ou sous leurs vĂȘtements. Dans certains camps, ils recopiaient manuellement La Tour de Garde en caractĂšres minuscules. Parfois, quand les prisonniers Ă©taient transfĂ©rĂ©s d’une cellule Ă  une autre, les frĂšres recouvraient de plastique un pĂ©riodique miniature et le cachaient sous la langue. Ils rĂ©ussissaient ainsi Ă  prĂ©server leur maigre ration spirituelle et Ă  continuer de se nourrir spirituellement. Vasyl Bounha a passĂ© de nombreuses annĂ©es en prison pour la vĂ©ritĂ©. Son codĂ©tenu, Petro Tokar, et lui ont pris une boĂźte Ă  outils et l’ont amĂ©nagĂ©e d’un double fond. À l’intĂ©rieur, ils cachaient des originaux de publications qu’ils introduisaient clandestinement dans la prison. Ces frĂšres Ă©taient les charpentiers de la prison, et la boĂźte Ă  outils leur Ă©tait confiĂ©e lorsqu’ils procĂ©daient Ă  des travaux de charpente dans l’enceinte de l’établissement. Avant de rendre la boĂźte, ils ĂŽtaient le pĂ©riodique pour le copier. AprĂšs leur journĂ©e de travail, le pĂ©riodique Ă©tait replacĂ© dans la boĂźte Ă  outils. Le directeur de la prison fermait la boĂźte avec trois cadenas et la conservait derriĂšre deux portes fermĂ©es Ă  clĂ©, car les scies, les ciseaux Ă  bois et les autres outils de charpentier pouvaient servir d’armes aux prisonniers. De ce fait, lors des fouilles, les gardiens ne pensaient pas Ă  vĂ©rifier la boĂźte Ă  outils cadenassĂ©e, qui demeurait avec les affaires du directeur de la prison. FrĂšre Bounha a trouvĂ© un autre endroit pour cacher les textes originaux des publications. Comme il avait une mauvaise vue, il possĂ©dait plusieurs paires de lunettes. Chaque prisonnier Ă©tait autorisĂ© Ă  n’en garder qu’une paire. Les autres devaient ĂȘtre stockĂ©es dans un endroit particulier, et les prisonniers pouvaient les demander s’ils en avaient besoin. FrĂšre Bounha a fabriquĂ© des Ă©tuis spĂ©ciaux pour ses lunettes et il y dissimulait des copies miniatures de publications. Quand les frĂšres avaient besoin de recopier les pĂ©riodiques, frĂšre Bounha demandait simplement aux gardiens de lui apporter une autre paire de lunettes. Il semble qu’en certaines occasions seuls les anges ont pu empĂȘcher les gardes de mettre la main sur les publications. FrĂšre Bounha se souvient d’une fois oĂč Tcheslav Kazlaukas a apportĂ© 20 savonnettes Ă  la prison. La moitiĂ© Ă©taient remplies de publications. Un des gardes de la prison en a choisi une dizaine pour les percer, mais aucune de celles qui contenaient des publications. Un travail constant d’unification À partir de 1963, les membres du comitĂ© ont Ă©tĂ© en mesure de transmettre rĂ©guliĂšrement les rapports de prĂ©dication Ă  Brooklyn. Il a Ă©galement Ă©tĂ© possible pour les frĂšres de recevoir les publications sur microfilm. À l’époque, il y avait 14 circonscriptions pour toute l’URSS, dont quatre en Ukraine. Comme le nombre de serviteurs de Dieu s’était accru, on a formĂ© sept districts en Ukraine. Pour des raisons de sĂ©curitĂ©, chaque district portait le nom d’une femme. On surnommait Alla l’est de l’Ukraine, Oustina la Volhynie, Liouba la Galicie ; en Transcarpatie, les districts portaient les noms de Katia, Kristina et Macha. Pendant ce temps, le KGB ComitĂ© pour la sĂ©curitĂ© d’État s’efforçait toujours de briser l’unitĂ© des TĂ©moins. Le responsable d’un bureau du KGB a Ă©crit ce qui suit Ă  son supĂ©rieur “ En vue d’accentuer l’éclatement de la secte, nous nous efforçons de supprimer l’activitĂ© hostile des dirigeants jĂ©hovistes, de les discrĂ©diter aux yeux de leurs coreligionnaires et de crĂ©er en leur sein une ambiance de suspicion. Les agences du KGB ont fait en sorte de diviser la secte en deux groupes antagonistes. L’un est constituĂ© de partisans du dirigeant jĂ©hoviste Ziatek, qui purge actuellement une peine de prison, et l’autre groupe est composĂ© de partisans de la prĂ©sumĂ©e opposition. Cette situation a créé les conditions favorables et posĂ© le fondement d’une dissension idĂ©ologique chez les militants de base et d’une dĂ©tĂ©rioration plus profonde des unitĂ©s d’organisation. ” La lettre admettait ensuite que les efforts du KGB rencontraient une rĂ©sistance “ Les responsables jĂ©hovistes les plus rĂ©actionnaires prennent des mesures pour contrer nos actions et s’efforcent de toutes les maniĂšres possibles de consolider l’unitĂ© de leur organisation. ” Effectivement, les frĂšres ont poursuivi leur travail d’unification et JĂ©hovah a bĂ©ni leurs efforts. Le KGB a envoyĂ© aux frĂšres dissidents une lettre, prĂ©sentĂ©e comme venant de frĂšre Knorr, qui soutenait l’idĂ©e de former une organisation sĂ©parĂ©e et indĂ©pendante des TĂ©moins de JĂ©hovah. Cette lettre, qui prenait le cas d’Abraham et de Lot comme un exemple justifiant la sĂ©paration possible d’avec le canal de l’organisation, a Ă©tĂ© distribuĂ©e dans toute l’URSS. Des frĂšres fidĂšles ont envoyĂ© une copie de la lettre Ă  Brooklyn, et en 1971 ils ont reçu une rĂ©ponse qui dĂ©nonçait la lettre comme Ă©tant un faux. Dans une lettre adressĂ©e aux frĂšres qui demeuraient sĂ©parĂ©s du reste des serviteurs de Dieu, frĂšre Knorr dĂ©clarait “ La seule voie de communication utilisĂ©e par la SociĂ©tĂ© est celle des surveillants nommĂ©s dans votre pays. Personne, en dehors de ces surveillants nommĂ©s, n’est autorisĂ© Ă  vous donner des directives. [...] Les vĂ©ritables serviteurs de JĂ©hovah sont un groupe uni. J’espĂšre donc et je prie pour que tous vous retrouviez l’unitĂ© de la congrĂ©gation chrĂ©tienne sous la direction des surveillants nommĂ©s et que vous puissiez tous unis participer Ă  l’Ɠuvre de tĂ©moignage. ” Cette lettre a grandement contribuĂ© Ă  unifier les frĂšres. NĂ©anmoins, certains s’efforçaient encore d’établir de maniĂšre indĂ©pendante le contact avec le siĂšge mondial, car ils n’avaient toujours pas confiance dans le canal de communication existant. Ces frĂšres dissidents ont donc dĂ©cidĂ© de faire un test. Ils ont envoyĂ© un billet de dix roubles Ă  Brooklyn, en demandant aux frĂšres de le dĂ©chirer en deux et de renvoyer les deux parties en Ukraine une moitiĂ© aux frĂšres dissidents par courrier, et l’autre moitiĂ© par le moyen de communication utilisĂ© par le siĂšge mondial. ConformĂ©ment aux instructions, une moitiĂ© a Ă©tĂ© envoyĂ©e par courrier. La deuxiĂšme moitiĂ© a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  un messager qui l’a remise aux membres du comitĂ© du pays. Ces derniers l’ont, Ă  leur tour, transmise aux frĂšres de Transcarpatie qui sont allĂ©s Ă  la rencontre des frĂšres dissidents. Cependant, parmi eux, certains persistaient Ă  croire que les membres du comitĂ© Ă©taient de mĂšche avec les services de sĂ©curitĂ© et ne leur faisaient toujours pas confiance. Reste que la plupart des frĂšres dissidents sont revenus Ă  l’organisation. Les efforts de Satan et du KGB en vue de rĂ©duire Ă  nĂ©ant l’organisation des TĂ©moins de JĂ©hovah en URSS par la division n’ont pas abouti. Le peuple de JĂ©hovah s’est accru et fortifiĂ©, effectuant consciencieusement l’Ɠuvre d’unification et de propagation des graines de vĂ©ritĂ© dans de nouveaux territoires. Vasyl Kaline a dĂ©clarĂ© “ Ils ont utilisĂ© de nombreuses mĂ©thodes pour tenter de supprimer notre dĂ©sir de mener une vie chrĂ©tienne. Pourtant, nous avons continuĂ© de prĂȘcher Ă  nos compagnons d’exil qui Ă©taient athĂ©es. Ces derniers avaient Ă©tĂ© exilĂ©s pour diffĂ©rentes raisons et pour diffĂ©rents dĂ©lits. Nombre d’entre eux ont manifestĂ© de l’intĂ©rĂȘt pour notre message. Plusieurs ont fini par devenir TĂ©moins de JĂ©hovah, tout en Ă©tant conscients de la persĂ©cution dont nous Ă©tions l’objet tant de la part de la sĂ©curitĂ© d’État que de l’administration locale. ” Vivre sa foi chrĂ©tienne sous l’interdiction À prĂ©sent, examinons briĂšvement comment nos frĂšres accomplissaient leur activitĂ© chrĂ©tienne au cours des premiĂšres dĂ©cennies d’interdiction. L’Ɠuvre des TĂ©moins de JĂ©hovah a Ă©tĂ© interdite dans toute l’Ukraine Ă  partir de 1939. Pourtant, la prĂ©dication et les activitĂ©s des congrĂ©gations ont connu un essor, mĂȘme si les frĂšres devaient se montrer trĂšs prudents lorsqu’ils donnaient le tĂ©moignage. Au dĂ©part, les frĂšres ne se prĂ©sentaient jamais comme TĂ©moins de JĂ©hovah quand ils discutaient avec des personnes intĂ©ressĂ©es par la vĂ©ritĂ©. Ils dirigeaient souvent des Ă©tudes bibliques en se servant uniquement de la Bible. De nombreuses personnes ont appris la vĂ©ritĂ© de cette façon. Les rĂ©unions de la congrĂ©gation se dĂ©roulaient dans des conditions semblables. Dans de nombreux endroits, les frĂšres se rĂ©unissaient plusieurs fois par semaine en fin de soirĂ©e ou tard dans la nuit. Ils mettaient aux fenĂȘtres des rideaux en tissus Ă©pais pour ne pas ĂȘtre dĂ©couverts et Ă©tudiaient Ă  la lueur d’une lampe Ă  pĂ©trole. En gĂ©nĂ©ral, chaque congrĂ©gation recevait un exemplaire seulement de La Tour de Garde, qui avait Ă©tĂ© recopiĂ© Ă  la main. Plus tard, les frĂšres ont commencĂ© Ă  recevoir des pĂ©riodiques imprimĂ©s sur des machines Ă  polycopier. D’habitude, les frĂšres se rĂ©unissaient deux fois par semaine dans un appartement pour Ă©tudier La Tour de Garde. Le KGB n’avait de cesse de rechercher les lieux de rĂ©union des TĂ©moins de JĂ©hovah pour punir les frĂšres responsables. Les frĂšres profitaient Ă©galement des mariages et des enterrements pour se rassembler et s’encourager mutuellement au moyen de discours bibliques bien prĂ©parĂ©s. Lors des mariages, de nombreux jeunes frĂšres et sƓurs lisaient des poĂšmes traitant de sujets bibliques ou jouaient des drames bibliques en costume d’époque. Tout cela donnait un bon tĂ©moignage Ă  tous les non-TĂ©moins qui Ă©taient prĂ©sents. Au cours des annĂ©es 40 et 50, nombre de frĂšres et sƓurs ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et emprisonnĂ©s pour avoir simplement assistĂ© Ă  ces rĂ©unions. Cependant, dans les annĂ©es 60 la situation a changĂ©. Quand des agents des services de sĂ©curitĂ© surprenaient une rĂ©union, ils dressaient gĂ©nĂ©ralement une liste des personnes prĂ©sentes et condamnaient le propriĂ©taire de la maison Ă  payer une amende d’un mois de salaire. Parfois, cette mesure frisait l’absurditĂ©. Un jour, Mykola Kostiouk et sa femme ont rendu visite Ă  leur fils. AussitĂŽt la police est arrivĂ©e et a dressĂ© une liste de “ tous ceux qui Ă©taient prĂ©sents ”. Par la suite, le fils de frĂšre Kostiouk a Ă©tĂ© convoquĂ© pour payer une amende sous prĂ©texte d’avoir tenu “ une rĂ©union illĂ©gale de JĂ©hovistes ”. La famille Kostiouk a dĂ©posĂ© une plainte Ă  propos de cet incident, car il n’y avait eu aucune rĂ©union. Les autoritĂ©s ont finalement annulĂ© la contravention. La cĂ©lĂ©bration du MĂ©morial Il n’était pas facile d’affronter constamment des difficultĂ©s. Toutefois, les frĂšres ne se dĂ©courageaient pas et continuaient Ă  se rĂ©unir rĂ©guliĂšrement. CĂ©lĂ©brer le MĂ©morial Ă©tait le dĂ©fi le plus grand. Les agents du KGB Ă©taient particuliĂšrement vigilants Ă  l’époque du MĂ©morial, car ils savaient toujours approximativement Ă  quelle date il aurait lieu. Ils espĂ©raient, en gardant l’Ɠil sur les TĂ©moins, dĂ©couvrir les lieux de rĂ©union pour le MĂ©morial. Ils pourraient ainsi “ faire la connaissance ” de nouveaux TĂ©moins. Comme les frĂšres Ă©taient au courant de ces tactiques, ils se montraient extrĂȘmement prudents le jour du MĂ©morial. Ils organisaient la cĂ©lĂ©bration dans des endroits difficiles Ă  trouver. On ne communiquait pas Ă  l’avance la date et le lieu du MĂ©morial aux personnes intĂ©ressĂ©es par la vĂ©ritĂ©. GĂ©nĂ©ralement, des TĂ©moins passaient Ă  leur domicile le jour prĂ©vu et les emmenaient directement au lieu de rĂ©union. Une fois, les frĂšres de Transcarpatie ont cĂ©lĂ©brĂ© le MĂ©morial dans la cave de la maison d’une sƓur. Comme l’endroit Ă©tait inondĂ©, personne ne pouvait songer que des gens se rassembleraient lĂ , avec de l’eau jusqu’aux genoux. Les frĂšres ont construit un plancher au-dessus du niveau de l’eau et ont rendu l’endroit convenable pour le MĂ©morial. Ils ont dĂ» s’accroupir car, du fait que le plancher Ă©tait surĂ©levĂ©, le plafond Ă©tait devenu bas, mais au moins personne ne les a dĂ©rangĂ©s tandis qu’ils cĂ©lĂ©braient joyeusement le MĂ©morial. En une autre occasion, dans les annĂ©es 80, les membres d’une famille chrĂ©tienne ont quittĂ© leur maison tĂŽt le matin pour assister au MĂ©morial. À la tombĂ©e du jour ils ont retrouvĂ© d’autres frĂšres dans une forĂȘt. Comme il pleuvait Ă  verse, tous les frĂšres et sƓurs ont dĂ» se regrouper en cercle sous des parapluies, Ă  la lueur des bougies. AprĂšs la priĂšre de conclusion, tous se sont sĂ©parĂ©s. À leur retour, les membres de cette famille ont trouvĂ© le portail de la cour ouvert. Il ne faisait aucun doute que la police, ou les services de sĂ©curitĂ©, les avait cherchĂ©s. Bien que fatiguĂ©s et trempĂ©s, tous Ă©taient heureux d’avoir quittĂ© la maison le matin et d’ĂȘtre venus au MĂ©morial, ce qui leur avait permis d’éviter une confrontation avec les autoritĂ©s. À Kiev, il Ă©tait extrĂȘmement difficile pour les frĂšres de trouver un lieu sĂ»r pour le MĂ©morial. Une annĂ©e, ils ont dĂ©cidĂ© d’observer le MĂ©morial dans un autocar. Étant donnĂ© qu’un frĂšre travaillait comme chauffeur dans une sociĂ©tĂ© de transport, les frĂšres ont louĂ© un car, qui n’a pris que des TĂ©moins de JĂ©hovah, puis a quittĂ© la ville pour se rendre dans une clairiĂšre en forĂȘt. Dans le car, les frĂšres ont dressĂ© une petite table sur laquelle ils ont disposĂ© les emblĂšmes du MĂ©morial. Ils avaient Ă©galement apportĂ© de la nourriture. Tout d’un coup, la police a surgi. Cependant, les agents n’avaient aucune raison de dĂ©ranger les frĂšres, car ces derniers semblaient juste ĂȘtre en train de souper dans le car aprĂšs une journĂ©e de travail. Dans d’autres rĂ©gions d’Ukraine, des descentes de police avaient lieu au domicile des frĂšres le jour du MĂ©morial. DĂšs le coucher du soleil, trois ou quatre agents s’arrĂȘtaient en voiture devant les maisons oĂč habitaient des TĂ©moins. Ils vĂ©rifiaient alors si les frĂšres Ă©taient chez eux ou sur le point de se rendre Ă  une cĂ©lĂ©bration religieuse. Les TĂ©moins se prĂ©paraient toujours Ă  cette Ă©ventualitĂ©. Ils revĂȘtaient de vieux habits de travail par-dessus leur tenue de rĂ©union et vaquaient Ă  leurs occupations domestiques. De cette maniĂšre, ils donnaient l’impression de rester Ă  la maison et de n’avoir prĂ©vu aucune activitĂ© religieuse. DĂšs que la police Ă©tait partie, ils enlevaient leurs vieux habits et Ă©taient prĂȘts pour se rendre au MĂ©morial. Les autoritĂ©s locales avaient le sentiment d’avoir fait leur travail, et les frĂšres pouvaient alors cĂ©lĂ©brer le MĂ©morial en paix. Comment cacher les publications Rappelez-​vous qu’à la fin des annĂ©es 40, les TĂ©moins de JĂ©hovah Ă©taient condamnĂ©s Ă  25 ans d’emprisonnement pour le simple fait d’avoir possĂ©dĂ© des publications bibliques. AprĂšs la mort de Staline en 1953, les peines de prison pour dĂ©tention de publications ont Ă©tĂ© rĂ©duites Ă  10 ans. Par la suite, la possession d’ouvrages des TĂ©moins a Ă©tĂ© punie d’amendes, et les publications Ă©taient confisquĂ©es et dĂ©truites. C’est pourquoi durant toute la pĂ©riode de l’interdiction, les frĂšres ont rĂ©flĂ©chi attentivement Ă  la maniĂšre de stocker les publications en toute sĂ©curitĂ©. Certains laissaient leurs publications chez les membres de leur famille qui n’étaient pas TĂ©moins ou chez leurs voisins ; d’autres les enterraient dans leur jardin, protĂ©gĂ©es dans des boĂźtes en mĂ©tal ou des sacs en plastique. Vasyl Gouzo, un ancien de Transcarpatie, se souvient que dans les annĂ©es 60, il utilisait une forĂȘt des montagnes des Carpates comme “ bibliothĂšque thĂ©ocratique ”. Il plaçait ses publications dans des bidons de lait qu’il enterrait dans la forĂȘt de maniĂšre Ă  ce que le couvercle soit au niveau de la surface du sol. Un frĂšre qui a passĂ© 16 ans en prison en raison de ses activitĂ©s chrĂ©tiennes raconte “ Nous cachions des publications dans tous les endroits possibles dans des bunkers, dans le sol, dans les murs des immeubles, dans des boĂźtes Ă  double fond et dans des niches au plancher double. Nous cachions Ă©galement des publications dans des manches Ă  balai et dans des rouleaux Ă  pĂątisserie creux oĂč nous gardions gĂ©nĂ©ralement les rapports d’activitĂ© de prĂ©dication. D’autres endroits servaient aussi de cachettes des puits, des toilettes, des portes, des toits et des tas de bois de chauffage. ” Des imprimeries clandestines MalgrĂ© l’Ɠil vigilant des espions communistes et des autoritĂ©s, la nourriture spirituelle continuait de parvenir Ă  ceux qui Ă©taient affamĂ©s et assoiffĂ©s de justice. Les ennemis de la vĂ©ritĂ© avaient du mal Ă  empĂȘcher que les publications pĂ©nĂštrent en URSS et se voyaient contraints de les tolĂ©rer. À la fin de l’annĂ©e 1959, Goudok, le journal des ouvriers du rail soviĂ©tique, a mĂȘme affirmĂ© que les TĂ©moins de JĂ©hovah se servaient de ballons pour faire entrer des publications bibliques en Union soviĂ©tique ! Évidemment, nos publications n’entraient pas en Ukraine par ballon. Elles Ă©taient reproduites sur place, dans des foyers privĂ©s. Avec le temps, les frĂšres ont compris que le lieu le plus pratique et le plus sĂ»r pour imprimer des publications Ă©tait un bunker bien camouflĂ©. Ils en construisaient dans les caves et dans les collines. Dans les annĂ©es 60, on a bĂąti un bunker de ce genre dans l’est de l’Ukraine. Il Ă©tait Ă©quipĂ© d’un systĂšme de ventilation et de l’électricitĂ©. L’entrĂ©e Ă©tait tellement bien dissimulĂ©e que des policiers ont passĂ© toute une journĂ©e sur le haut du bunker Ă  sonder le sol avec des tiges en mĂ©tal, sans rien trouver. À un moment donnĂ©, une imprimerie clandestine Ă©tait surveillĂ©e de prĂšs par les services de sĂ©curitĂ©. Ils suspectaient l’impression de publications dans une maison et voulaient apprĂ©hender les responsables. Cela constituait un problĂšme pour les frĂšres. Comment allaient-​ils fournir le papier et faire sortir les publications ? Ils ont finalement trouvĂ© une solution. Un frĂšre enveloppait des blocs de papier dans une couverture pour bĂ©bĂ© et faisait comme s’il amenait un bĂ©bĂ© Ă  la maison. Une fois Ă  l’intĂ©rieur, il y laissait le papier, enveloppait de nouveaux pĂ©riodiques dans la couverture et ressortait avec son “ bĂ©bĂ© ”. Les agents du KGB observaient les allĂ©es et venues du frĂšre mais n’ont rien suspectĂ©. Les frĂšres de la rĂ©gion de Donetsk CrimĂ©e, de Moscou et de Leningrad aujourd’hui Saint-PĂ©tersbourg recevaient des publications imprimĂ©es dans ce bunker. Quelques jeunes frĂšres ont construit un bunker semblable dans la ville de Novovolynsk, en Volhynie. Ils Ă©taient si dĂ©terminĂ©s Ă  garder secret l’endroit de ce bunker que ce n’est que neuf ans aprĂšs la reconnaissance lĂ©gale de notre Ɠuvre en Ukraine qu’ils ont permis Ă  d’autres frĂšres de le voir. Une imprimerie du mĂȘme genre fonctionnait dans le trĂ©fonds des montagnes des Carpates. Les frĂšres acheminaient l’eau d’un petit ruisseau dans le bunker grĂące Ă  une conduite, et l’eau alimentait un petit gĂ©nĂ©rateur qui fournissait de l’électricitĂ© pour la lumiĂšre, tandis que la presse Ă©tait actionnĂ©e Ă  la main. Une grande quantitĂ© de publications sortait de ce bunker. Quand les agents du KGB se sont aperçus qu’on trouvait davantage de publications dans la rĂ©gion, ils se sont mis Ă  la recherche de l’imprimerie. La police a procĂ©dĂ© Ă  des fouilles importantes pour trouver le bunker. Des agents se sont mĂȘme dĂ©guisĂ©s en gĂ©ologues pour parcourir les montagnes. Lorsque les frĂšres ont suspectĂ© les autoritĂ©s de n’ĂȘtre pas loin de dĂ©couvrir le bunker, Ivan Dziabko s’est portĂ© volontaire pour assurer la surveillance de l’imprimerie, car il n’était pas mariĂ© et de ce fait, en cas d’arrestation, aucun enfant ne se trouverait privĂ© de pĂšre. À la fin de l’étĂ© 1963, le bunker a Ă©tĂ© dĂ©couvert et frĂšre Dziabko a Ă©tĂ© immĂ©diatement exĂ©cutĂ© Ă  proximitĂ©. Ravies, les autoritĂ©s locales ont organisĂ© des excursions gratuites pour que les adultes et les enfants puissent visiter “ l’endroit oĂč les TĂ©moins de JĂ©hovah communiquaient avec l’AmĂ©rique par radio ”. C’était un mensonge, mais ce triste incident a donnĂ© un tĂ©moignage Ă  tous les habitants de la rĂ©gion. Nombre d’entre eux ont commencĂ© Ă  Ă©prouver un grand intĂ©rĂȘt pour notre message. Aujourd’hui, il y a plus de 20 congrĂ©gations dans cette partie des Carpates. L’importance de l’enseignement parental Outre la confiscation de leurs publications, les amendes, les peines d’emprisonnement, la torture et les exĂ©cutions, certains TĂ©moins ont vĂ©cu l’expĂ©rience dĂ©chirante de se voir retirer leurs enfants. Lydia Perepiolkina, qui vivait dans l’est de l’Ukraine, avait quatre enfants. En 1964, son mari, un officier du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, a demandĂ© le divorce parce qu’elle Ă©tait TĂ©moin. La cour a refusĂ© Ă  sƓur Perepiolkina le droit de garde des enfants. Ses jumeaux de sept ans — un garçon et une fille — ont Ă©tĂ© confiĂ©s Ă  son mari, qui a dĂ©mĂ©nagĂ© avec eux Ă  1 000 kilomĂštres de lĂ , dans l’ouest de l’Ukraine. La cour a jugĂ© que ses deux autres enfants seraient envoyĂ©s dans un orphelinat. Quand Lydia a Ă©tĂ© autorisĂ©e Ă  prendre la parole, elle a dit Ă  la cour “ Je suis convaincue que JĂ©hovah a le pouvoir de me rendre mes enfants. ” AprĂšs le procĂšs, Lydia a constatĂ© que JĂ©hovah la guidait et la soutenait. Pour une raison qu’elle ignore, les autoritĂ©s n’ont pas envoyĂ© ses deux autres enfants Ă  l’orphelinat, mais leur ont permis de rester avec leur mĂšre. Sept ans de suite, pendant ses vacances, Lydia a fait l’aller et retour pour voir ses deux jumeaux. MĂȘme si son ex-mari ne lui a pas permis de les voir, elle n’a pas abandonnĂ© pour autant. Une fois arrivĂ©e dans la ville oĂč demeuraient ses enfants, elle passait la nuit Ă  la gare, puis elle allait Ă  leur rencontre sur le chemin de l’école. Elle mettait Ă  profit ces prĂ©cieuses minutes pour leur parler de JĂ©hovah. Les annĂ©es ont passĂ© et Lydia a fidĂšlement semĂ© avec larmes ’ dans le cƓur de ses enfants. Plus tard, elle a pu moissonner avec un cri de joie ’. Ps. 1265. Quand ses jumeaux ont eu 14 ans, ils ont choisi de rejoindre leur mĂšre. Lydia a redoublĂ© d’efforts pour enseigner la vĂ©ritĂ© Ă  ses enfants. Aujourd’hui, les jumeaux servent fidĂšlement JĂ©hovah avec leur mĂšre, tandis que les deux autres enfants ont choisi une voie diffĂ©rente. Vers une amĂ©lioration En juin 1965, la Cour suprĂȘme d’Ukraine a jugĂ© que les publications des TĂ©moins de JĂ©hovah Ă©taient de nature religieuse et non antisoviĂ©tiques. Bien que cette dĂ©cision n’ait concernĂ© qu’un seul procĂšs, elle a influencĂ© les dĂ©cisions ultĂ©rieures des tribunaux de toute l’Ukraine. Les autoritĂ©s ont cessĂ© d’arrĂȘter les gens qui lisaient les publications bibliques, mais ont continuĂ© d’emprisonner les TĂ©moins en raison de leur activitĂ© de prĂ©dication. Un autre changement marquant est survenu vers la fin de l’annĂ©e 1965. Le gouvernement de l’URSS a Ă©mis un dĂ©cret rendant leur libertĂ© Ă  tous les TĂ©moins qui avaient Ă©tĂ© exilĂ©s en SibĂ©rie en 1951. DĂ©sormais, ils pouvaient se dĂ©placer sans contrainte dans toute l’Union soviĂ©tique, mais ne pouvaient exiger la rĂ©cupĂ©ration de leur maison, de leur bĂ©tail et de leurs autres biens. En raison de difficultĂ©s d’enregistrement, seul un petit nombre de frĂšres ont pu retourner dans leur lieu d’origine. Nombre de ceux qui avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s en SibĂ©rie en 1951 se sont installĂ©s dans diffĂ©rentes parties de l’URSS, telles que le Kazakhstan, le Kirghizistan, la GĂ©orgie et le nord du Caucase. D’autres se sont Ă©tablis dans l’est et le sud de l’Ukraine, et y ont semĂ© des graines de vĂ©ritĂ©. Fermes malgrĂ© les pressions Bien que les changements mentionnĂ©s ci-dessus aient amĂ©liorĂ© la situation des TĂ©moins de JĂ©hovah, le KGB n’a pas changĂ© d’attitude Ă  leur Ă©gard. Il a utilisĂ© toutes sortes de techniques pour intimider les TĂ©moins et les forcer Ă  renoncer Ă  leur foi. Les agents allaient par exemple chercher un frĂšre sur son lieu de travail et le gardaient pendant quelques jours dans un bureau du KGB ou un hĂŽtel. Pendant sa dĂ©tention, une Ă©quipe de trois ou quatre agents le rĂ©primandaient, l’interrogeaient, l’amadouaient ou le menaçaient. Ils procĂ©daient ainsi Ă  tour de rĂŽle, de sorte que le frĂšre Ă©tait privĂ© de sommeil. Puis ils le libĂ©raient, pour lui faire subir encore le mĂȘme traitement un ou deux jours plus tard. Le KGB agissait de la mĂȘme maniĂšre avec des sƓurs, mais plus rarement. Les frĂšres Ă©taient sans cesse convoquĂ©s dans les bureaux du KGB. En faisant pression sur eux pour qu’ils renoncent Ă  leur foi, les services de sĂ©curitĂ© espĂ©raient s’adjoindre de nouveaux collaborateurs Ă  l’intĂ©rieur de l’organisation. Et quand les frĂšres refusaient de transiger, les agents exerçaient une pression morale et affective sur eux. MykhaĂŻlo Tilniak, qui a Ă©tĂ© pendant de nombreuses annĂ©es surveillant de circonscription en Transcarpatie, se souvient “ Au cours d’un entretien, les officiers de la sĂ©curitĂ©, en uniforme, se sont montrĂ©s bienveillants et positifs. Ils m’ont invitĂ© Ă  venir avec eux dans un restaurant du coin. Je me suis contentĂ© de leur sourire, j’ai mis 50 roubles l’équivalent d’un demi-salaire mensuel sur la table et je leur ai dit qu’ils pouvaient aller manger sans moi. ” FrĂšre Tilniak avait bien conscience qu’ils essaieraient certainement de prendre une photo de lui pendant qu’il mangeait et buvait avec des gens en uniforme militaire. Une telle photo pouvait plus tard ĂȘtre utilisĂ©e comme “ preuve ” qu’il avait transigĂ© avec sa foi, ce qui sĂšmerait des graines de suspicion parmi les frĂšres. Pour nombre de frĂšres, les pressions visant Ă  les faire renoncer Ă  leur foi ont durĂ© des dizaines d’annĂ©es. Bela Meysar, de Transcarpatie, en est un exemple. ArrĂȘtĂ© pour la premiĂšre fois en 1956, ce jeune frĂšre inexpĂ©rimentĂ© a signĂ© par mĂ©garde des dĂ©clarations au sujet de notre Ɠuvre, ce qui a fait que des frĂšres ont Ă©tĂ© convoquĂ©s par les services de sĂ©curitĂ©. Plus tard, frĂšre Meysar a compris son erreur et a priĂ© JĂ©hovah pour qu’aucun de ces frĂšres ne soit condamnĂ©. Finalement, aucun d’entre eux n’a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, mais frĂšre Meysar, lui, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  huit ans de prison. De retour dans son village, il n’a pas Ă©tĂ© autorisĂ© Ă  le quitter avant deux ans. Chaque lundi, il devait se prĂ©senter au bureau de police pour confirmer sa prĂ©sence. En 1968, comme il refusait d’accomplir son service militaire, on l’a condamnĂ© Ă  un an de prison. À sa sortie, il est rentrĂ© chez lui et a continuĂ© de servir JĂ©hovah avec zĂšle. En 1975, Ă  l’ñge de 47 ans, il a de nouveau Ă©tĂ© condamnĂ©. Quand frĂšre Meysar a eu fini de purger ses cinq ans d’emprisonnement, on l’a exilĂ© pour cinq ans dans la rĂ©gion de Iakoutsk, en Russie. On l’y a envoyĂ© par avion, car il n’y avait pas de route menant Ă  cette rĂ©gion. Pendant le vol, les jeunes soldats qui avaient reçu la mission de l’escorter lui ont demandĂ© “ Eh, le vieux, qu’est-​ce que t’as fait pour ĂȘtre jugĂ© aussi dangereux ? ” En rĂ©ponse, frĂšre Meysar a expliquĂ© son mode de vie et leur a donnĂ© un bon tĂ©moignage au sujet du dessein de Dieu concernant la terre. AprĂšs son arrivĂ©e, les policiers de l’endroit ont dans un premier temps craint ce “ criminel particuliĂšrement dangereux ”, comme on le dĂ©crivait dans son dossier. Plus tard, en raison de la belle conduite chrĂ©tienne de frĂšre Meysar, ils ont dit Ă  l’officier des services de sĂ©curitĂ© “ Si vous avez d’autres criminels de ce genre, n’hĂ©sitez pas Ă  nous les envoyer. ” FrĂšre Meysar a regagnĂ© son foyer en 1985, Ă  l’ñge de 57 ans. Au cours des 21 ans qu’il a passĂ©s en prison, sa femme, RĂ©gina, qui l’a fidĂšlement soutenu, est restĂ©e sous le toit familial, en Transcarpatie. MalgrĂ© la longue distance et la dĂ©pense considĂ©rable que cela reprĂ©sentait, elle a souvent rendu visite Ă  son mari en prison, cumulant ainsi un total de 140 000 kilomĂštres. MĂȘme aprĂšs sa libĂ©ration, frĂšre Meysar a souvent eu la visite de policiers et d’officiers de la sĂ©curitĂ© Ă  son domicile, dans le village de Rakochino. L’une de ces descentes de police a entraĂźnĂ© une scĂšne assez comique. Au dĂ©but des annĂ©es 90, Theodore Jaracz, du CollĂšge central, ainsi que des frĂšres du ComitĂ© de la filiale d’Ukraine sont passĂ©s par la ville d’Oujgorod, en Transcarpatie. Sur le chemin du retour vers Lvov, ils ont dĂ©cidĂ© de rendre une petite visite Ă  frĂšre Meysar. Une sƓur qui vivait dans le quartier a vu trois voitures s’arrĂȘter devant la modeste demeure de frĂšre Meysar et neuf hommes en sortir. Elle a tellement eu peur qu’elle a couru chez un autre frĂšre pour, Ă  bout de souffle, l’avertir que le KGB Ă©tait revenu arrĂȘter frĂšre Meysar. Elle a Ă©tĂ© soulagĂ©e d’apprendre qu’elle s’était trompĂ©e. AmĂ©liorations et changements en matiĂšre d’organisation En 1971, MikhaĂŻl Dasevitch a Ă©tĂ© nommĂ© serviteur responsable pour le pays. Le comitĂ© de l’époque comprenait trois frĂšres de l’ouest de l’Ukraine, deux de Russie et un du Kazakhstan. Chacun d’eux Ă©tait Ă©galement surveillant itinĂ©rant. En outre, ils exerçaient tous un travail profane pour subvenir aux besoins de leur famille. Les territoires sous la surveillance des frĂšres de l’ouest de l’Ukraine se trouvaient assez loin de leur domicile. Stepan Kojemba desservait la Transcarpatie, tandis qu’AlexeĂŻ Davidjouk parcourait le reste de l’Ukraine occidentale ainsi que l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. FrĂšre Dasevitch s’est rendu dans l’est de l’Ukraine, dans l’ouest et le centre de la Russie, dans le nord du Caucase et en Moldavie. Les frĂšres du comitĂ© parcouraient rĂ©guliĂšrement les territoires mentionnĂ©s prĂ©cĂ©demment, organisaient des rencontres avec les surveillants de circonscription et de district, encourageaient les TĂ©moins des environs et collectaient les rapports de service. Ces frĂšres restaient Ă©galement en contact avec des messagers de l’étranger qui passaient pour des touristes et qui apportaient des publications et du courrier. De la fin des annĂ©es 60 jusqu’au dĂ©cret sur la libertĂ© de religion en 1991, nos opposants n’ont jamais rĂ©ussi Ă  empĂȘcher la transmission des courriers. En 1972, le CollĂšge central a donnĂ© l’instruction de faire par Ă©crit les recommandations pour la nomination d’éventuels anciens. Certains se montraient hĂ©sitants, craignant que ces listes de frĂšres recommandĂ©s ne tombent aux mains de la police. Jusqu’alors ce genre de liste n’avait jamais existĂ© dans aucune congrĂ©gation. Souvent, les frĂšres ne connaissaient mĂȘme pas le nom de famille des membres de leur congrĂ©gation. Dans un premier temps, peu de frĂšres ont Ă©tĂ© recommandĂ©s comme anciens parce que beaucoup ne voulaient pas que leur nom apparaisse sur une liste. Mais aprĂšs que cette disposition a Ă©tĂ© suivie sans consĂ©quences fĂącheuses, plusieurs ont changĂ© d’avis, ont Ă©tĂ© recommandĂ©s et ont fidĂšlement assumĂ© la responsabilitĂ© d’ancien dans leur congrĂ©gation. La protection de JĂ©hovah durant les poursuites Un matin, des policiers sont venus perquisitionner au domicile de Vasyl et Nadia Bounha. SƓur Bounha Ă©tait Ă  la maison avec son fils de quatre ans encore endormi lorsque, soudain, quelqu’un a frappĂ© Ă©nergiquement Ă  la porte. Comprenant qu’il s’agissait de la police, sƓur Bounha s’est dĂ©pĂȘchĂ©e de jeter dans le poĂȘle les rapports de service et les autres documents relatifs Ă  l’activitĂ© de prĂ©dication. Puis elle a ouvert la porte aux policiers, qui se sont ruĂ©s vers la cuisiniĂšre. Ils ont ĂŽtĂ© du feu les rapports et les ont Ă©talĂ©s sur un journal posĂ© sur la table. On pouvait encore lire ce qui Ă©tait Ă©crit sur le papier brĂ»lĂ©. Quand la perquisition de la maison a Ă©tĂ© terminĂ©e, tous les policiers sont allĂ©s fouiller la grange, emmenant sƓur Bounha avec eux. Dans l’intervalle, le jeune garçon s’est rĂ©veillĂ©, a vu les papiers brĂ»lĂ©s sur la table et a dĂ©cidĂ© de tout ranger. Il a pris tous les rapports et les a jetĂ©s dans la poubelle. Puis il est retournĂ© dans son lit. Quand les policiers sont revenus, ils ont Ă©tĂ© consternĂ©s de voir que leurs maigres “ preuves ” avaient complĂštement disparu. En 1969, la maison des Bounha a de nouveau fait l’objet d’une perquisition. Cette fois, frĂšre Bounha Ă©tait chez lui et les policiers ont trouvĂ© le rapport de service de la congrĂ©gation. Toutefois, ils l’ont nĂ©gligemment laissĂ© sur la table, ce qui a permis Ă  frĂšre Bounha de le dĂ©truire. De ce fait, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  15 jours de prison. Par la suite, les services de sĂ©curitĂ© ont forcĂ© frĂšre Bounha Ă  dĂ©mĂ©nager, de sorte que pendant quelque temps il a vĂ©cu et prĂȘchĂ© en GĂ©orgie et au Daghestan. Plus tard il est revenu en Ukraine et il est restĂ© fidĂšle jusqu’à sa mort, en 1999. “ Des voyages missionnaires ” organisĂ©s par les services de sĂ©curitĂ© Dans les annĂ©es 60 et 70, de nombreux frĂšres actifs ont Ă©tĂ© contraints par les services de sĂ©curitĂ© Ă  dĂ©mĂ©nager d’un lieu Ă  un autre. Pour quelle raison ? Les autoritĂ©s locales ne voulaient pas remettre Ă  Kiev un rapport sur l’activitĂ© antireligieuse dans leurs districts qui leur soit dĂ©favorable. Selon leurs observations, le nombre de TĂ©moins de JĂ©hovah augmentait chaque annĂ©e. Toutefois, dans leurs rapports, ils souhaitaient montrer que le nombre de TĂ©moins n’augmentait pas. Par consĂ©quent, ils obligeaient les frĂšres Ă  quitter le territoire afin de pouvoir affirmer que les TĂ©moins ne connaissaient pas d’accroissement dans leur rĂ©gion. Ce mouvement de TĂ©moins d’un territoire Ă  un autre a contribuĂ© Ă  rĂ©pandre les graines de vĂ©ritĂ©. Il s’agissait en gĂ©nĂ©ral de TĂ©moins qui prenaient la direction de l’Ɠuvre. En rĂ©alitĂ©, ces frĂšres et sƓurs zĂ©lĂ©s Ă©taient “ encouragĂ©s ” par les autoritĂ©s Ă  dĂ©mĂ©nager oĂč, comme on le dit aujourd’hui, “ le besoin Ă©tait grand ”. Ils se sont dĂ©pensĂ©s dans ces rĂ©gions et, avec le temps, de nouvelles congrĂ©gations ont vu le jour. Par exemple, on a ordonnĂ© Ă  Ivan Malitski, qui habitait prĂšs de la ville de Ternopol, de quitter son domicile. Il est allĂ© en CrimĂ©e, dans le sud de l’Ukraine, oĂč ne vivaient que quelques frĂšres. En 1969, il n’y avait qu’une seule congrĂ©gation en CrimĂ©e, alors qu’aujourd’hui il y en a plus de 60 ! Ivan Malitski est toujours ancien dans l’une d’elles. Les derniĂšres annĂ©es d’interdiction En 1982, Ă  la suite de changements politiques en URSS, une nouvelle vague de persĂ©cution a balayĂ© l’Ukraine pendant deux ans. Il semble que cette persĂ©cution n’a pas Ă©tĂ© cautionnĂ©e par les dirigeants de l’URSS. Au contraire, les nouveaux dirigeants soviĂ©tiques demandaient des changements et des rĂ©formes dans les rĂ©publiques. Pour dĂ©montrer leur zĂšle et leur empressement Ă  opĂ©rer ces rĂ©formes, les autoritĂ©s locales de certaines parties de l’Ukraine ont emprisonnĂ© quelques TĂ©moins investis de responsabilitĂ©s. Bien que cette vague de persĂ©cution n’ait pas touchĂ© la majoritĂ© des frĂšres, certains d’entre eux en ont souffert affectivement et physiquement. En 1983, Ivan Migali, originaire de Transcarpatie, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  quatre ans de prison. Les autoritĂ©s soviĂ©tiques ont confisquĂ© tous les biens de cet ancien de 58 ans. Au cours de leur perquisition au domicile de frĂšre Migali, les services de sĂ©curitĂ© ont trouvĂ© 70 pĂ©riodiques. Cet homme humble et pacifique Ă©tait bien connu dans sa commune pour ĂȘtre un prĂ©dicateur de la Bible. Ces deux faits — la possession de publications et la prĂ©dication — ont servi de prĂ©texte Ă  son arrestation. En 1983 et 1984, une sĂ©rie de procĂšs collectifs a eu lieu dans l’est de l’Ukraine. De nombreux TĂ©moins ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  quatre ou cinq ans de prison. La plupart ont dĂ» purger leur peine, non pas dans le froid de la SibĂ©rie ou du Kazakhstan, mais en Ukraine. Certains d’entre eux ont Ă©tĂ© persĂ©cutĂ©s mĂȘme en prison, aprĂšs avoir Ă©tĂ© faussement accusĂ©s d’outrepasser le rĂšglement intĂ©rieur. L’objectif Ă©tait de trouver des prĂ©textes pour prolonger leur peine d’emprisonnement. Nombre de directeurs de prison ont Ă©galement envoyĂ© des frĂšres dans des hĂŽpitaux psychiatriques soviĂ©tiques, souhaitant qu’ils sombrent dans la folie et cessent de servir Dieu. Mais l’esprit de JĂ©hovah les a soutenus, et ils lui sont restĂ©s fidĂšles ainsi qu’à son organisation. Le triomphe de la thĂ©ocratie Durant la seconde moitiĂ© des annĂ©es 80, l’opposition au culte pur s’est un peu calmĂ©e. Les congrĂ©gations locales ont enregistrĂ© un accroissement du nombre de proclamateurs et les frĂšres ont disposĂ© de davantage de publications. De leurs voyages Ă  l’étranger, durant lesquels ils rendaient visite Ă  des membres de leur famille, des TĂ©moins rapportaient des publications et des livres. C’était la premiĂšre fois que les frĂšres, et en particulier ceux qui avaient Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©s dans des camps de prisonniers soviĂ©tiques, pouvaient avoir dans les mains l’original d’une publication biblique. MalgrĂ© cela, certains n’arrivaient pas Ă  croire qu’ils vivraient suffisamment longtemps pour voir un jour un original de La Tour de Garde passer Ă  travers le rideau de fer. AprĂšs avoir luttĂ© pendant de nombreuses annĂ©es contre les TĂ©moins de JĂ©hovah, les autoritĂ©s ont finalement commencĂ© Ă  s’adoucir. Les frĂšres Ă©taient dĂ©sormais invitĂ©s Ă  rencontrer des reprĂ©sentants civils des bureaux locaux des Affaires religieuses. Certains d’entre eux ont exprimĂ© le dĂ©sir d’avoir une entrevue avec des TĂ©moins de JĂ©hovah du siĂšge mondial Ă  Brooklyn. Au dĂ©but, les frĂšres soupçonnaient un piĂšge, ce qui est comprĂ©hensible. Mais le peuple de JĂ©hovah vivait Ă  coup sĂ»r une Ă©poque de changement. En 1987, les autoritĂ©s se sont mises Ă  relĂącher des TĂ©moins emprisonnĂ©s. En 1988, de nombreux TĂ©moins ont cherchĂ© Ă  assister Ă  l’assemblĂ©e de district organisĂ©e en Pologne, le pays voisin. Sur leur demande officielle, ils dĂ©claraient vouloir rendre visite Ă  des amis et Ă  des parents. À leur grande surprise, on leur a permis de se dĂ©placer Ă  l’étranger. Les frĂšres polonais ont gĂ©nĂ©reusement fait des dons de publications Ă  leurs visiteurs d’Ukraine. Sur le chemin du retour, Ă  la frontiĂšre, les frĂšres d’Ukraine ont Ă©tĂ© fouillĂ©s, mais la plupart des officiers des douanes n’ont pas confisquĂ© les publications bibliques. Ainsi, les frĂšres ont pu rapporter des bibles et d’autres publications dans leur pays. Hospitaliers, les TĂ©moins polonais ont invitĂ© davantage d’Ukrainiens Ă  venir les voir l’annĂ©e suivante. C’est ainsi qu’en 1989 des milliers de frĂšres et sƓurs ont discrĂštement assistĂ© Ă  trois assemblĂ©es internationales en Pologne et ont rapportĂ© chez eux encore plus de publications. La mĂȘme annĂ©e, avec l’accord du bureau des Affaires religieuses, les TĂ©moins de JĂ©hovah ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  recevoir par courrier des publications religieuses de l’étranger, mais seulement deux exemplaires de chaque publication par envoi. Les frĂšres d’Allemagne ont commencĂ© Ă  envoyer rĂ©guliĂšrement des colis de livres et de pĂ©riodiques. Au lieu d’effectuer clandestinement des photocopies de pĂ©riodiques dans des bunkers ou tard le soir dans la cave de leur maison, les frĂšres recevaient dĂ©sormais officiellement des publications par la poste. Ils avaient l’impression de rĂȘver. De nombreux TĂ©moins de longue date ont Ă©prouvĂ© les mĂȘmes sentiments que les Juifs aprĂšs leur retour d’exil Ă  JĂ©rusalem “ Nous sommes devenus comme ceux qui rĂȘvent. ” Ps. 1261. Pourtant, ce n’était que le dĂ©but d’un “ rĂȘve ” magnifique. AssemblĂ©e Ă  Varsovie En 1989, les frĂšres de Brooklyn ont recommandĂ© au comitĂ© responsable pour le pays d’entamer des nĂ©gociations avec les autoritĂ©s en vue de l’enregistrement de notre ministĂšre public. En outre, Milton Henschel et Theodore Jaracz, du BĂ©thel de Brooklyn, ont rendu visite aux frĂšres d’Ukraine. L’annĂ©e suivante, les autoritĂ©s ont officiellement autorisĂ© des milliers de TĂ©moins de JĂ©hovah Ă  assister Ă  l’assemblĂ©e en Pologne. Au moment de faire enregistrer leurs papiers pour le voyage, les frĂšres dĂ©claraient — avec fiertĂ© et les yeux brillants — qu’ils voulaient aller en Pologne, non pas pour rendre visite Ă  des amis et Ă  des membres de leur famille, mais pour assister Ă  l’assemblĂ©e des TĂ©moins de JĂ©hovah. L’assemblĂ©e de Varsovie a Ă©tĂ© vraiment particuliĂšre pour ceux qui venaient d’Ukraine. Ils ont versĂ© des larmes de joie la joie de rencontrer des compagnons chrĂ©tiens, la joie de recevoir dans leur langue maternelle leurs propres exemplaires de publications en quatre couleurs, et la joie de se rĂ©unir librement. Les TĂ©moins polonais ont manifestĂ© leur amour et leur hospitalitĂ© en subvenant aux besoins des frĂšres ukrainiens. De nombreux anciens prisonniers qui partageaient la mĂȘme foi se sont rencontrĂ©s pour la premiĂšre fois Ă  l’assemblĂ©e de Varsovie. Plus d’une centaine de frĂšres qui avaient connu le camp “ spĂ©cial ” de Mordovie — oĂč des centaines de TĂ©moins avaient Ă©tĂ© emprisonnĂ©s — se sont revus Ă  cette occasion. Nombre d’entre eux se contentaient de se regarder, en pleurant de joie. Un TĂ©moin de Moldavie qui avait passĂ© cinq ans dans une cellule avec Bela Meysar ne l’a pas reconnu. Pourquoi ? “ Je me souviens de toi habillĂ© en prisonnier, et aujourd’hui je te vois en costume et cravate ! ” s’est-​il exclamĂ©. Enfin libres de pratiquer leur religion ! À la fin de l’annĂ©e 1990, les institutions judiciaires ont commencĂ© Ă  disculper certains TĂ©moins de JĂ©hovah et Ă  les rĂ©tablir dans leurs droits. À la mĂȘme Ă©poque, le comitĂ© responsable pour le pays a dĂ©signĂ© des frĂšres pour reprĂ©senter les TĂ©moins de JĂ©hovah dans leurs rencontres avec les porte-parole du gouvernement. Willi Pohl, de la filiale d’Allemagne, a Ă©tĂ© chargĂ© de diriger ce groupe. Au bout du compte, ces rencontres avec les reprĂ©sentants de l’État Ă  Moscou et Ă  Kiev ont permis aux TĂ©moins d’obtenir la libertĂ© tant attendue. Le 28 fĂ©vrier 1991, on a procĂ©dĂ© Ă  l’enregistrement officiel de l’organisation religieuse des TĂ©moins de JĂ©hovah en Ukraine, le premier du genre sur le territoire de l’URSS. Un mois plus tard, le 27 mars 1991, cette organisation a Ă©galement Ă©tĂ© enregistrĂ©e par la fĂ©dĂ©ration de Russie. Ainsi, aprĂšs plus de 50 ans d’interdiction et de persĂ©cution, les TĂ©moins de JĂ©hovah ont finalement obtenu la libertĂ© de pratiquer leur religion. Peu de temps aprĂšs, Ă  la fin de l’annĂ©e 1991, l’Union soviĂ©tique a cessĂ© d’exister et l’Ukraine a proclamĂ© son indĂ©pendance. La belle terre produit en abondance En 1939, dans ce qui est aujourd’hui l’Ukraine, il y avait environ 1 000 proclamateurs du Royaume de Dieu qui semaient des graines de vĂ©ritĂ© sur une terre fertile, le cƓur des gens. Au cours des 52 annĂ©es d’interdiction, les frĂšres ont connu les horreurs de la DeuxiĂšme Guerre mondiale, l’exil en SibĂ©rie, la brutalitĂ©, la torture et les exĂ©cutions. NĂ©anmoins, tout au long de cette pĂ©riode “ la belle terre ” a produit plus de 25 fois autant Mat. 1323. En 1991, il y avait en Ukraine 25 448 proclamateurs dans 258 congrĂ©gations, et environ 20 000 proclamateurs dans les autres rĂ©publiques de l’ex-URSS qui, pour la plupart, avaient connu la vĂ©ritĂ© par l’intermĂ©diaire de leurs frĂšres ukrainiens. Cette terre avait besoin de “ fertilisants ”, de publications bibliques. Par consĂ©quent, aprĂšs l’enregistrement lĂ©gal de notre Ɠuvre, des dispositions ont Ă©tĂ© prises pour recevoir des livraisons de publications en provenance de Selters, en Allemagne. Le premier chargement de publications est arrivĂ© le 17 avril 1991. Les frĂšres ont ouvert un petit dĂ©pĂŽt Ă  Lvov, Ă  partir duquel ils ont envoyĂ© les publications par camion, par train et mĂȘme par avion aux congrĂ©gations de toute l’Ukraine, du Kazakhstan et d’autres pays de l’ex-Union soviĂ©tique. La croissance spirituelle a dĂšs lors Ă©tĂ© stimulĂ©e. Au dĂ©but de 1991, il n’y avait qu’une seule congrĂ©gation Ă  Kharkov, une ville de deux millions d’habitants. À la fin de l’étĂ© 1991, cette congrĂ©gation de 670 proclamateurs a Ă©tĂ© scindĂ©e en huit congrĂ©gations. Il y a aujourd’hui 40 congrĂ©gations dans cette ville. Bien que l’URSS ait cessĂ© d’exister en 1991, le comitĂ© responsable pour le pays s’est occupĂ© des 15 rĂ©publiques de l’ex-Union soviĂ©tique jusqu’en 1993. Cette annĂ©e-​lĂ , lors d’une rĂ©union avec des frĂšres du CollĂšge central, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que deux comitĂ©s seraient formĂ©s un pour l’Ukraine et un autre pour la Russie et les 13 autres rĂ©publiques de l’ex-Union soviĂ©tique. En plus de MikhaĂŻl Dasevitch, d’AlexeĂŻ Davidjouk, de Stepan Kojemba et d’Anani Hrohoul, trois autres frĂšres ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s au comitĂ© responsable pour l’Ukraine Stepan Hlinski, Stepan Mikevitch et Roman Yourkevitch. Il est alors devenu nĂ©cessaire de constituer une Ă©quipe de traducteurs pour faire face Ă  la demande croissante de publications en ukrainien. Comme nous l’avons vu prĂ©cĂ©demment, les frĂšres canadiens Emil Zarysky et Maurice Sarantchouk, ainsi que leurs femmes, ont participĂ© Ă  ce travail. Cette petite Ă©quipe de travailleurs dĂ©vouĂ©s a traduit de nombreuses publications. Toutefois, Ă  partir de 1991, une Ă©quipe plus importante de traducteurs ukrainiens s’est attelĂ©e Ă  la tĂąche en Allemagne. En 1998 ils ont dĂ©mĂ©nagĂ© en Pologne oĂč ils ont poursuivi leur activitĂ© avant de s’installer finalement en Ukraine. Des assemblĂ©es de district À la suite d’une rĂ©union avec des frĂšres de Lvov en 1990, frĂšre Jaracz a examinĂ© le stade de la ville et a dit “ Il se pourrait que nous utilisions ce stade pour l’assemblĂ©e de district l’an prochain. ” Les frĂšres n’ont pu s’empĂȘcher de sourire, se demandant comment cela serait possible Ă©tant donnĂ© que notre organisation n’avait pas encore Ă©tĂ© enregistrĂ©e et que les frĂšres n’avaient jamais organisĂ© d’assemblĂ©e auparavant. Pourtant, l’annĂ©e suivante, l’organisation Ă©tait enregistrĂ©e. En aoĂ»t 1991, 17 531 personnes ont assistĂ© Ă  l’assemblĂ©e de district dans ce stade, et 1 316 frĂšres et sƓurs se sont fait baptiser. Des TĂ©moins polonais ont Ă©tĂ© invitĂ©s en Ukraine pour participer Ă  l’organisation de l’assemblĂ©e. Au cours de ce mĂȘme mois d’aoĂ»t, une autre assemblĂ©e devait ĂȘtre organisĂ©e Ă  Odessa. Mais en raison de troubles politiques survenus en Russie au dĂ©but de la semaine durant laquelle l’assemblĂ©e devait avoir lieu, des responsables de l’endroit ont informĂ© les frĂšres qu’ils ne pourraient la tenir dans cette ville. Les frĂšres ont tout de mĂȘme renouvelĂ© leur demande auprĂšs de la municipalitĂ© et ont poursuivi les derniers prĂ©paratifs, en s’appuyant entiĂšrement sur JĂ©hovah. Finalement, on a dit aux frĂšres responsables de prendre contact avec les autoritĂ©s le jeudi pour connaĂźtre leur dĂ©cision. Le jeudi aprĂšs-midi, les frĂšres ont obtenu le feu vert pour tenir leur assemblĂ©e. Il Ă©tait extraordinaire et particuliĂšrement beau de compter 12 115 assistants et 1 943 baptisĂ©s ce week-end-​lĂ . Deux jours aprĂšs l’assemblĂ©e, les frĂšres ont de nouveau rendu visite aux responsables municipaux et les ont remerciĂ©s d’avoir autorisĂ© la tenue de l’assemblĂ©e. Ils ont offert au maire de la ville un exemplaire du livre Le plus grand homme de tous les temps. Ce dernier a alors dit “ Je n’ai pas assistĂ© Ă  l’assemblĂ©e, mais je suis au courant de tout ce qui s’y est passĂ©. Je n’ai jamais rien entendu de mieux. Je vous promets qu’à chaque fois que vous aurez besoin d’une autorisation pour tenir vos rassemblements, je serai toujours disposĂ© Ă  vous l’accorder. ” Depuis lors, les frĂšres organisent rĂ©guliĂšrement des assemblĂ©es de district dans la magnifique ville d’Odessa. Une assemblĂ©e internationale mĂ©morable L’assemblĂ©e internationale “ L’enseignement divin ” tenue Ă  Kiev en aoĂ»t 1993 a constituĂ© un autre Ă©vĂ©nement trĂšs important. L’assistance, qui s’est Ă©levĂ©e Ă  64 714 personnes parmi lesquelles figuraient des milliers de dĂ©lĂ©guĂ©s originaires de 30 pays, est la plus importante qui ait jamais Ă©tĂ© enregistrĂ©e en Ukraine. Les parties du programme prĂ©sentĂ©es en anglais ont Ă©tĂ© traduites simultanĂ©ment en 16 langues. On a Ă©tĂ© impressionnĂ© de voir et d’entendre les frĂšres et sƓurs de cinq sections du stade se lever et rĂ©pondre oui aux deux questions posĂ©es aux candidats au baptĂȘme. Pendant les deux heures et demie qui ont suivi, 7 402 personnes se sont fait baptiser, dans six piscines. C’est le nombre de baptĂȘmes le plus Ă©levĂ© de l’histoire moderne du peuple de Dieu jamais enregistrĂ© Ă  une assemblĂ©e. Les TĂ©moins de JĂ©hovah se rappelleront toujours avec beaucoup de joie cet Ă©vĂ©nement remarquable. Comment a-​t-​il Ă©tĂ© possible d’organiser une telle assemblĂ©e sachant qu’il n’y avait que 11 congrĂ©gations dans la ville ? Comme lors des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, les frĂšres de Pologne sont venus aider le service logement, qui a passĂ© des contrats avec le plus possible d’hĂŽtels et de rĂ©sidences universitaires, allant mĂȘme jusqu’à louer des bateaux de croisiĂšre. La tĂąche la plus compliquĂ©e consistait Ă  obtenir l’autorisation de louer le stade. Outre les compĂ©titions sportives, ce stade accueillait un immense marchĂ© le week-end, et personne n’avait jamais eu la permission d’en changer le jour. Cependant, l’autorisation a Ă©tĂ© accordĂ©e. MĂȘme les autoritĂ©s municipales ont constituĂ© un comitĂ© spĂ©cial pour aider les frĂšres dans leurs prĂ©paratifs. Des chefs de diffĂ©rents services municipaux, tels que les services de police, de transport et de tourisme y ont participĂ©. Une disposition particuliĂšre a Ă©tĂ© prise pour transporter les dĂ©lĂ©guĂ©s de l’assemblĂ©e d’un bout Ă  l’autre de la ville. Les transports publics ont Ă©tĂ© payĂ©s Ă  l’avance pour que ceux qui porteraient un badge n’aient pas Ă  acheter leur ticket dans le bus ; les frĂšres remboursaient l’avance sur le lieu de l’assemblĂ©e. De cette maniĂšre, ils pouvaient monter rapidement dans le mĂ©tro, les tramways et les autobus quand ils se rendaient au Stade de la RĂ©publique aujourd’hui Stade olympique — l’un des plus grands stades d’Europe de l’est — et en revenaient. Pour le confort des dĂ©lĂ©guĂ©s, davantage de boulangeries dans les environs du stade ont ouvert leurs portes afin que les frĂšres puissent facilement se procurer de la nourriture pour le lendemain. Le chef de la police a Ă©tĂ© si surpris de l’ordre qui rĂ©gnait lors de l’assemblĂ©e qu’il a dit “ Tout ce que vous avez fait, ainsi que votre belle conduite, m’a impressionnĂ© beaucoup plus que votre prĂ©dication. Les gens oublieront peut-ĂȘtre ce qu’ils ont entendu, mais ils n’oublieront jamais ce qu’ils ont vu. ” Plusieurs femmes qui travaillaient dans une station de mĂ©tro voisine sont venues dans les bureaux de l’administration de l’assemblĂ©e pour remercier les dĂ©lĂ©guĂ©s de leur bonne conduite. Ces femmes ont dĂ©clarĂ© “ Nous avons travaillĂ© ici pour de nombreux Ă©vĂ©nements politiques et sportifs, mais c’est la premiĂšre fois que nous voyons des visiteurs aussi polis et joyeux qui s’intĂ©ressent Ă  nous. Ils nous ont tous saluĂ©es. D’habitude, lors des autres Ă©vĂ©nements, les gens ne nous disent mĂȘme pas bonjour. ” Les congrĂ©gations de Kiev ont continuĂ© d’ĂȘtre bien occupĂ©es aprĂšs l’assemblĂ©e, car prĂšs de 2 500 personnes, qui voulaient en savoir plus, ont laissĂ© leur adresse. Il y a Ă  prĂ©sent plus de 50 congrĂ©gations de TĂ©moins zĂ©lĂ©s Ă  Kiev. Un groupe de frĂšres qui se rendaient Ă  l’assemblĂ©e ont Ă©tĂ© dĂ©possĂ©dĂ©s de tous leurs biens. Cependant, comme ils Ă©taient dĂ©terminĂ©s Ă  s’enrichir spirituellement, ils ont dĂ©cidĂ© de poursuivre leur voyage vers Kiev. Ils sont arrivĂ©s Ă  l’assemblĂ©e avec pour seuls vĂȘtements ceux qu’ils portaient. Des frĂšres de l’ex-TchĂ©coslovaquie avaient apportĂ© des habits en plus pour quiconque serait dans le besoin. Quand les membres de l’administration de l’assemblĂ©e en ont eu connaissance, ils ont rapidement fait le nĂ©cessaire pour que les frĂšres qui avaient Ă©tĂ© volĂ©s reçoivent ce dont ils avaient besoin. De l’aide pour progresser Ces exemples d’amour dĂ©sintĂ©ressĂ© ne sont pas des cas isolĂ©s. En 1991, le CollĂšge central a invitĂ© plusieurs filiales d’Europe de l’Ouest Ă  envoyer de la nourriture et des vĂȘtements aux TĂ©moins d’Europe de l’Est. Les frĂšres ont Ă©tĂ© heureux de pouvoir apporter leur aide, et leur Ă©lan gĂ©nĂ©reux a dĂ©passĂ© toutes les espĂ©rances. Nombre d’entre eux ont offert de la nourriture et des vĂȘtements usagĂ©s, tandis que d’autres ont achetĂ© des vĂȘtements neufs. Les filiales d’Europe de l’Ouest ont rĂ©ceptionnĂ© des cartons, des valises et des sacs remplis de ces dons. Des tonnes de nourriture et de vĂȘtements ont Ă©tĂ© envoyĂ©s d’Allemagne, d’Autriche, du Danemark, d’Italie, des Pays-Bas, de SuĂšde et de Suisse jusqu’à Lvov par des convois de camions. Souvent, les frĂšres ont mĂȘme offert leurs camions pour qu’ils servent Ă  l’Ɠuvre du Royaume en Europe de l’Est. Aux frontiĂšres, les autoritĂ©s se sont montrĂ©es trĂšs coopĂ©ratives pour dĂ©livrer les documents nĂ©cessaires afin que les livraisons se fassent sans trop de difficultĂ©s. Tous ceux qui ont livrĂ© les dons ont Ă©tĂ© impressionnĂ©s par l’accueil qu’ils ont reçu. Un groupe qui s’est rendu des Pays-Bas jusqu’à Lvov a fait ce rapport “ Il y avait 140 frĂšres sur place pour dĂ©charger les camions. Avant de se mettre Ă  l’Ɠuvre, ces frĂšres humbles ont montrĂ© qu’ils s’appuyaient sur JĂ©hovah en le priant tous unis. Quand tout a Ă©tĂ© dĂ©chargĂ©, ils se sont de nouveau rassemblĂ©s pour prononcer une priĂšre de remerciement Ă  JĂ©hovah. AprĂšs avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’hospitalitĂ© des frĂšres locaux, qui nous ont offert pratiquement tout du peu qu’ils avaient, nous avons Ă©tĂ© escortĂ©s jusqu’à la route principale, oĂč ils ont prononcĂ© une priĂšre sur le bord de la route avant de nous quitter. “ Pendant le trajet du retour, nous avions beaucoup de choses sur lesquelles mĂ©diter l’hospitalitĂ© des frĂšres d’Allemagne et de Pologne, celle de nos frĂšres de Lvov ; leur foi forte et leur recours Ă  la priĂšre ; l’hospitalitĂ© qu’ils ont manifestĂ©e en nous offrant le logement et le couvert alors qu’ils sont eux-​mĂȘmes dans le dĂ©nuement ; leur unitĂ© et leur entraide, ainsi que leur reconnaissance. Nous avons Ă©galement pensĂ© aux frĂšres et sƓurs de notre pays, qui ont Ă©tĂ© si gĂ©nĂ©reux dans leurs contributions. ” Un autre chauffeur, du Danemark, a dit “ Nous nous sommes aperçus que nous rapportions plus que ce que nous avions apportĂ©. L’amour et l’esprit de sacrifice que nos frĂšres ukrainiens ont manifestĂ©s ont grandement fortifiĂ© notre foi. ” Bon nombre de choses ont Ă©tĂ© distribuĂ©es en Moldavie, dans les pays baltes, au Kazakhstan, en Russie et dans d’autres rĂ©gions oĂč il y avait Ă©galement d’importants besoins. Certaines cargaisons ont Ă©tĂ© envoyĂ©es par conteneur en SibĂ©rie et Ă  Khabarovsk, Ă  plus de 7 000 kilomĂštres Ă  l’est. Des frĂšres et sƓurs qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de cette aide ont Ă©crit des lettres de remerciement touchantes, encourageantes et qui attestent l’unitĂ© du peuple de Dieu. Tous ceux qui ont participĂ© Ă  l’opĂ©ration ont ainsi pu constater la vĂ©racitĂ© de ces paroles de JĂ©sus “ Il y a plus de bonheur Ă  donner qu’à recevoir. ” — Actes 2035. Vers la fin de l’annĂ©e 1998, une catastrophe a touchĂ© la Transcarpatie. Selon des sources officielles, 6 754 maisons ont Ă©tĂ© inondĂ©es et 895 foyers totalement dĂ©truits par des coulĂ©es de boue ; 37 appartenaient Ă  des TĂ©moins. ImmĂ©diatement, la filiale de Lvov a envoyĂ© sur place un camion transportant de la nourriture, de l’eau, du savon, des lits et des couvertures. Plus tard, des frĂšres du Canada et d’Allemagne ont envoyĂ© des vĂȘtements et des accessoires mĂ©nagers. Des TĂ©moins de Hongrie, de Pologne, de RĂ©publique tchĂšque et de Slovaquie ont fourni de la nourriture et ont Ă©galement expĂ©diĂ© des matĂ©riaux de construction pour rebĂątir les habitations. De plus, nombre de frĂšres de l’endroit ont participĂ© au travail de reconstruction. Des TĂ©moins ont fourni de la nourriture, des vĂȘtements et du bois de chauffage non seulement Ă  leurs compagnons, mais Ă©galement Ă  d’autres personnes. Ils ont nettoyĂ© des cours et des champs, et aidĂ© Ă  rĂ©parer les maisons de non-TĂ©moins. L’apport d’une aide spirituelle Toutefois, le soutien fourni n’était pas seulement d’ordre matĂ©riel. AprĂšs plus de 50 ans d’interdiction, les TĂ©moins ukrainiens manquaient d’expĂ©rience pour organiser l’Ɠuvre dans un contexte de libertĂ©. C’est pourquoi, en 1992, la filiale d’Allemagne a envoyĂ© des frĂšres prĂȘter leur concours dans ce domaine, ce qui a posĂ© le fondement pour le fonctionnement du futur BĂ©thel. Plus tard, d’autres frĂšres venus d’Allemagne, du Canada et des États-Unis ont apportĂ© leur aide pour superviser l’activitĂ© consistant Ă  faire des disciples. Il y avait Ă©galement grand besoin de prĂ©dicateurs expĂ©rimentĂ©s. Au dĂ©but, de nombreux diplĂŽmĂ©s de l’École de formation ministĂ©rielle sont venus de Pologne pour assurer la direction des congrĂ©gations et, plus tard, des circonscriptions et des districts dans tout le pays. Par ailleurs, des couples venus du Canada et des États-Unis se dĂ©pensent actuellement dans le service de la circonscription. D’autres frĂšres, originaires de Hongrie, d’Italie, de RĂ©publique tchĂšque et de Slovaquie servent comme surveillants de circonscription. Ces dispositions ont aidĂ© de nombreuses congrĂ©gations locales Ă  appliquer les normes bibliques et Ă  apporter les changements nĂ©cessaires dans de nombreux aspects du ministĂšre. Reconnaissants pour les publications bibliques La seconde moitiĂ© des annĂ©es 90 a Ă©tĂ© marquĂ©e par des campagnes spĂ©ciales de diffusion de publications. À la suite de la distribution des Nouvelles du Royaume no 35, en 1997, prĂšs de 10 000 personnes ont renvoyĂ© un coupon-rĂ©ponse pour recevoir soit une brochure Ce que Dieu attend de nous, soit la visite d’un TĂ©moin. Nos publications sont apprĂ©ciĂ©es partout dans le pays. Lorsque des frĂšres ont visitĂ© une maternitĂ©, on leur a demandĂ© d’apporter chaque semaine 12 exemplaires du livre Le secret du bonheur familial pour l’hĂŽpital. Pourquoi ? Le personnel dĂ©sirait offrir Ă  chaque couple un exemplaire du livre avec le certificat de naissance de son nouveau-nĂ©. Au cours de ces derniĂšres annĂ©es, de nombreuses personnes ont dĂ©couvert nos pĂ©riodiques et en sont venues Ă  les apprĂ©cier. Par exemple, tandis qu’ils prĂȘchaient dans un parc, des TĂ©moins ont proposĂ© un numĂ©ro de RĂ©veillez-vous ! Ă  un monsieur. Cet homme les a remerciĂ©s et leur a demandĂ© “ Combien vous dois-​je ? ” “ Notre Ɠuvre est soutenue par des offrandes volontaires ”, ont expliquĂ© les frĂšres. Le monsieur leur a donnĂ© un billet d’une grivna — l’équivalent de 60 cents Ă  l’époque — s’est assis sur un banc du parc et s’est immĂ©diatement mis Ă  lire le pĂ©riodique. Pendant ce temps, les frĂšres ont prĂȘchĂ© Ă  d’autres personnes dans le parc. Moins d’un quart d’heure aprĂšs, le monsieur est venu Ă  la rencontre des frĂšres et leur a fait don d’une autre grivna pour le pĂ©riodique qu’ils lui avaient laissĂ©. Puis il est retournĂ© s’asseoir et a continuĂ© sa lecture pendant que les frĂšres poursuivaient leur prĂ©dication. Au bout d’un moment, le monsieur est revenu voir les frĂšres pour leur offrir Ă  nouveau une grivna. Il leur a dit qu’il avait trouvĂ© le pĂ©riodique extrĂȘmement intĂ©ressant et qu’il voulait le lire rĂ©guliĂšrement. Un enseignement de qualitĂ© accĂ©lĂšre la croissance spirituelle AprĂšs que notre Ɠuvre a Ă©tĂ© lĂ©galement enregistrĂ©e, les choses ont avancĂ©, mais non sans obstacle. Dans les premiers temps, certains ont eu des difficultĂ©s Ă  s’habituer au ministĂšre de maison en maison, car pendant plus d’un demi-siĂšcle le tĂ©moignage avait Ă©tĂ© donnĂ© de maniĂšre informelle. Mais avec l’aide de l’esprit de JĂ©hovah, les frĂšres et sƓurs ont rĂ©ussi Ă  s’adapter Ă  ce qui Ă©tait pour eux une nouvelle maniĂšre de prĂȘcher. Il est Ă©galement devenu possible d’organiser les cinq rĂ©unions hebdomadaires dans chaque congrĂ©gation. Cela a grandement contribuĂ© Ă  unir les proclamateurs et Ă  les inciter Ă  se prĂ©parer Ă  accomplir une plus grande activitĂ©. Les frĂšres ont appris rapidement et ont progressĂ© dans de nombreuses facettes de leur ministĂšre. De nouvelles Ă©coles ont assurĂ© aux TĂ©moins ukrainiens une bonne formation. Par exemple, en 1991 l’École du ministĂšre thĂ©ocratique a Ă©tĂ© instaurĂ©e dans toutes les congrĂ©gations pour former les TĂ©moins dans l’Ɠuvre de prĂ©dication. À partir de 1992, l’École du ministĂšre du Royaume, destinĂ©e aux anciens et aux assistants ministĂ©riels, a grandement aidĂ© les frĂšres Ă  prendre la tĂȘte dans le ministĂšre, Ă  assurer l’enseignement dans les congrĂ©gations et Ă  prendre soin du troupeau. En 1996, l’École des pionniers a dĂ©butĂ© en Ukraine. Au cours des cinq premiĂšres annĂ©es, plus de 7 400 pionniers permanents ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de ce cours de deux semaines. Dans quelle mesure cela leur a-​t-​il Ă©tĂ© profitable ? Un pionnier a Ă©crit “ J’ai Ă©tĂ© heureux d’ĂȘtre comme de l’argile entre les mains de JĂ©hovah et d’ĂȘtre façonnĂ© par l’intermĂ©diaire de cette Ă©cole. ” Un autre pionnier a dĂ©clarĂ© “ AprĂšs l’École des pionniers, j’ai commencĂ© Ă  briller ’. ” Une classe a Ă©crit “ Cette Ă©cole s’est rĂ©vĂ©lĂ©e ĂȘtre une vraie bĂ©nĂ©diction pour tous ceux qui y ont assistĂ©. Elle nous a donnĂ© l’envie de nous intĂ©resser sincĂšrement aux gens. ” L’école a grandement contribuĂ© Ă  l’enregistrement de 57 maximums consĂ©cutifs pour ce qui est du nombre de pionniers permanents. Étant donnĂ© la situation Ă©conomique difficile, nombreux sont ceux qui se demandent comment les pionniers arrivent Ă  subvenir Ă  leurs besoins. Un pionnier, qui est assistant ministĂ©riel et a trois enfants Ă  nourrir, explique “ Ma femme et moi gĂ©rons scrupuleusement nos besoins et nous nous contentons des choses vraiment indispensables Ă  la vie. Nous menons une vie modeste et nous nous appuyons sur JĂ©hovah. En ayant un bon point de vue, nous sommes nous-​mĂȘmes Ă©tonnĂ©s de constater que nous avons parfois besoin de bien peu pour joindre les deux bouts. ” L’École de formation ministĂ©rielle a Ă©tĂ© inaugurĂ©e en 1999. PrĂšs d’une centaine de frĂšres en ont suivi les cours durant la premiĂšre annĂ©e. Pour beaucoup, assister Ă  ces deux mois de formation dans un contexte Ă©conomique difficile Ă©tait un vĂ©ritable dĂ©fi. Il ne fait cependant aucun doute que JĂ©hovah les a soutenus. Un frĂšre qui a reçu une invitation Ă  assister Ă  l’École de formation ministĂ©rielle Ă©tait pionnier permanent dans un territoire Ă©loignĂ©. Son compagnon de service et lui avaient Ă©conomisĂ© assez d’argent pour acheter de la nourriture et du charbon en prĂ©vision de l’hiver. Lorsqu’il a reçu l’invitation, tous deux ont dĂ» choisir entre acheter du charbon ou un billet de train pour pouvoir assister aux cours. Ils en ont discutĂ© ensemble et ont finalement dĂ©cidĂ© que le frĂšre se rendrait Ă  l’école. Peu de temps aprĂšs, la sƓur de ce frĂšre, qui vit Ă  l’étranger, lui a envoyĂ© de l’argent, suffisamment pour faire le voyage jusqu’au lieu oĂč devait se tenir l’école. À la fin des cours, ce frĂšre a Ă©tĂ© nommĂ© pionnier spĂ©cial. Ce genre de programme de formation prĂ©pare les serviteurs de JĂ©hovah Ă  ĂȘtre plus efficaces dans leur ministĂšre et dans les activitĂ©s de la congrĂ©gation. Les proclamateurs apprennent Ă  prĂȘcher avec plus d’habiletĂ©, les anciens et les assistants ministĂ©riels Ă  ĂȘtre une plus grande source d’encouragement dans leur congrĂ©gation. En consĂ©quence, les congrĂ©gations continuent de s’affermir dans la foi et de croĂźtre en nombre ’. — Actes 165. Un accroissement rapide rend nĂ©cessaires des changements Depuis l’enregistrement lĂ©gal de nos activitĂ©s, le nombre de TĂ©moins de JĂ©hovah en Ukraine a plus que quadruplĂ©. On a connu un accroissement extraordinaire dans de nombreuses rĂ©gions du pays, ce qui a suscitĂ© un Ă©norme besoin en anciens expĂ©rimentĂ©s. Il n’est pas rare qu’une congrĂ©gation soit scindĂ©e dĂšs qu’on dispose d’un deuxiĂšme ancien. Certaines congrĂ©gations comptent jusqu’à 500 proclamateurs. Devant cet accroissement rapide, il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire d’opĂ©rer des changements en matiĂšre de gestion. Jusque dans les annĂ©es 60 la filiale de Pologne a participĂ© Ă  la direction de l’Ɠuvre en Ukraine, puis la filiale d’Allemagne a pris le relais. En septembre 1998, l’Ukraine disposait de sa propre filiale sous la direction du siĂšge mondial Ă  Brooklyn. Un comitĂ© de filiale a alors Ă©tĂ© formĂ© pour traiter les questions d’organisation. L’accroissement rapide a Ă©galement rendu nĂ©cessaire l’agrandissement des bĂątiments de la filiale. À partir de 1991, Lvov a servi de centre de distribution des publications pour les 15 rĂ©publiques de l’ex-URSS. L’annĂ©e suivante, deux couples de la filiale d’Allemagne sont arrivĂ©s. Peu de temps aprĂšs, un petit bureau a Ă©tĂ© ouvert Ă  Lvov. Un an plus tard, on a achetĂ© une maison qui servirait de centre administratif. Au dĂ©but de 1995, le nombre de volontaires travaillant pour le bureau d’Ukraine a augmentĂ© rapidement, ce qui a entraĂźnĂ© un nouveau dĂ©mĂ©nagement du bureau, cette fois dans un complexe de six Salles du Royaume, dans lesquelles se rĂ©unissaient 17 congrĂ©gations. Pendant tout ce temps, les frĂšres se demandaient “ Quand et oĂč allons-​nous construire notre BĂ©thel ? ” La construction d’un BĂ©thel et de Salles du Royaume DĂšs 1992, les frĂšres se sont mis Ă  la recherche d’un terrain pour construire les bĂątiments de la filiale. Plusieurs annĂ©es ont passĂ© durant lesquelles on a examinĂ© divers endroits susceptibles de convenir. Les frĂšres ont fait de cette question l’objet de leurs priĂšres Ă  JĂ©hovah, confiants qu’en temps voulu ils trouveraient un lieu appropriĂ©. Au dĂ©but de l’annĂ©e 1998, on a trouvĂ© un terrain dans une pittoresque forĂȘt de pins, dans la petite ville de Brioukhovitchi, Ă  cinq kilomĂštres au nord de Lvov. C’est prĂšs de cet endroit que, durant l’interdiction, deux congrĂ©gations avaient tenu leurs rĂ©unions. Un frĂšre s’est exclamĂ© “ Je n’aurais jamais pensĂ© que, dix ans aprĂšs notre derniĂšre rĂ©union dans la forĂȘt, je reviendrais Ă  ce mĂȘme endroit — oĂč se trouve notre nouvelle filiale —, mais dans des circonstances complĂštement diffĂ©rentes ! ” Fin 1998, les premiers serviteurs internationaux sont arrivĂ©s sur place. Les frĂšres du Bureau d’ingĂ©nierie rĂ©gional Ă  Selters, en Allemagne, ont travaillĂ© d’arrache-pied pour prĂ©parer les plans. Au dĂ©but de janvier 1999, aprĂšs avoir reçu l’autorisation du gouvernement, les frĂšres ont commencĂ© les travaux. Plus de 250 volontaires, de 22 nationalitĂ©s, travaillaient sur le chantier, et jusqu’à 250 volontaires du pays venaient Ă©galement apporter leur aide le week-end. Nombreux sont ceux qui ont Ă©tĂ© trĂšs heureux de travailler sur ce projet. Des congrĂ©gations entiĂšres ont louĂ© des autobus pour se rendre Ă  Brioukhovitchi et se porter volontaires le week-end. Souvent, les frĂšres et sƓurs voyageaient toute la nuit pour ĂȘtre sur le chantier Ă  temps et participer Ă  la construction. AprĂšs une journĂ©e de dur travail, ils passaient une autre nuit sur la route et rentraient chez eux fatiguĂ©s, mais heureux et dĂ©sireux de revenir. Un groupe de 20 frĂšres a voyagĂ© en train pendant 34 heures depuis la rĂ©gion de Lougansk, dans l’est de l’Ukraine, pour travailler huit heures Ă  la construction du BĂ©thel. Pour ces huit heures de travail, chaque frĂšre a pris deux jours de congĂ© et dĂ©pensĂ© plus de la moitiĂ© d’un mois de salaire pour l’achat des billets de train. Cet esprit de sacrifice a encouragĂ© toute l’équipe de construction et la famille du BĂ©thel. Les travaux ont progressĂ© rapidement, ce qui a permis d’inaugurer la filiale le 19 mai 2001. À cette occasion 35 pays Ă©taient reprĂ©sentĂ©s. Lors des rĂ©unions spĂ©ciales du lendemain, Theodore Jaracz s’est adressĂ© Ă  une foule de 30 881 personnes Ă  Lvov, et Gerrit Lösch a pris la parole devant 41 142 personnes Ă  Kiev, soit un total de 72 023 assistants. Qu’en est-​il des Salles du Royaume ? Depuis 1939, annĂ©e oĂč plusieurs salles de Transcarpatie ont Ă©tĂ© dĂ©truites, l’Ukraine ne disposait d’aucune Salle du Royaume... jusqu’en 1993. Cette annĂ©e-​lĂ , en seulement huit mois, un magnifique complexe de quatre Salles du Royaume a Ă©tĂ© construit dans le village de Dibrova, en Transcarpatie. Peu de temps aprĂšs, six autres salles ont Ă©tĂ© construites dans d’autres rĂ©gions d’Ukraine. En raison de l’important accroissement du nombre de proclamateurs, il y avait grand besoin de Salles du Royaume. Toutefois, Ă  cause de la complexitĂ© des procĂ©dures administratives, de l’inflation et de l’augmentation du coĂ»t des matĂ©riaux de construction, seulement 110 salles ont pu ĂȘtre construites dans les annĂ©es 90. Il en fallait des centaines d’autres ! C’est pourquoi, en 2000, on a Ă©tabli un nouveau programme de construction de Salles du Royaume, qui contribue d’ores et dĂ©jĂ  Ă  combler ces besoins. En avant dans l’Ɠuvre de la moisson ! En septembre 2001, il y avait en Ukraine 120 028 TĂ©moins de JĂ©hovah dans 1 183 congrĂ©gations, desservies par 39 surveillants de circonscription. Les graines de vĂ©ritĂ© semĂ©es sur une longue pĂ©riode ont produit une abondance de bons fruits. Certaines familles comptent cinq gĂ©nĂ©rations de TĂ©moins de JĂ©hovah. Cela prouve que la “ terre ” est indiscutablement belle. “ AprĂšs avoir entendu la parole avec un cƓur beau et bon ”, nombreux sont ceux qui “ la retiennent ”. Au fil des ans, les frĂšres ont “ plantĂ© ” des graines, souvent avec larmes ; d’autres ont “ arrosĂ© ” la terre fertile. JĂ©hovah fait croĂźtre et ses TĂ©moins fidĂšles continuent de porter du fruit avec endurance ’ en Ukraine. — Luc 815 ; 1 Cor. 36. Dans certains territoires, la proportion de TĂ©moins par rapport Ă  la population est saisissante. Par exemple, dans huit villages de Transcarpatie oĂč l’on parle le roumain, il y a 59 congrĂ©gations rĂ©parties en trois circonscriptions. Les efforts des opposants, religieux ou non, visant Ă  dĂ©raciner les TĂ©moins de JĂ©hovah d’Ukraine par l’exil et par une persĂ©cution implacable ont Ă©tĂ© vains. Le cƓur des gens de ce pays s’est rĂ©vĂ©lĂ© fertile pour les graines de la vĂ©ritĂ© biblique. Aujourd’hui, les TĂ©moins de JĂ©hovah rĂ©coltent une moisson abondante. Le prophĂšte Amos a annoncĂ© une Ă©poque de moisson oĂč “ le laboureur rejoindra le moissonneur ”. Amos 913. La bĂ©nĂ©diction de JĂ©hovah rend la terre si productive que la moisson se poursuit alors mĂȘme qu’arrive le moment de labourer pour la saison suivante. Les TĂ©moins de JĂ©hovah d’Ukraine ont constatĂ© la vĂ©racitĂ© de cette prophĂ©tie. Lorsqu’ils envisagent l’avenir, ils estiment que les perspectives d’accroissement sont des plus encourageantes, compte tenu des plus de 250 000 personnes qui ont assistĂ© au MĂ©morial en 2001. En Amos 915 JĂ©hovah promet “ À coup sĂ»r je les planterai sur leur sol, et ils ne seront plus dĂ©racinĂ©s de dessus leur sol que je leur ai donnĂ©. ” Tout en continuant de semer des graines de vĂ©ritĂ© et de moissonner d’abondantes rĂ©coltes, les serviteurs de Dieu attendent avec impatience le jour oĂč JĂ©hovah accomplira complĂštement sa promesse. Dans l’intervalle, quand nous levons les yeux et que nous regardons les champs, nous constatons qu’ils sont effectivement blancs pour la moisson ’. — Jean 435. [Entrefilet, page 140] “ Danyil aurait pu ĂȘtre pendu, mais en raison de son Ăąge il n’a Ă©tĂ© condamnĂ© qu’à quatre mois de prison. ” [Entrefilet, page 145] “ Les TĂ©moins se dĂ©marquaient du reste du camp. Leur comportement montrait qu’ils avaient quelque chose de trĂšs important Ă  dire aux autres prisonniers. ” [Entrefilet, page 166] Le 8 avril 1951, plus de 6 100 TĂ©moins ont Ă©tĂ© exilĂ©s d’Ukraine occidentale en SibĂ©rie. [Entrefilet, page 174] “ Il n’était pas rare que nos sƓurs assument les responsabilitĂ©s de serviteur de congrĂ©gation et mĂȘme, dans certaines rĂ©gions, de serviteur de circonscription. ” [Entrefilet, page 183] Au lieu de partir en voyage de noces, il a passĂ© dix ans en prison. [Entrefilet, page 184] “ Il Ă©tait trĂšs pĂ©nible de laisser ma petite fille chĂ©rie Ă  une personne que je n’avais jamais vue auparavant. ” [Entrefilet, page 193] Constatant qu’ils ne pouvaient rĂ©duire les TĂ©moins de JĂ©hovah au silence par l’exil, l’emprisonnement, la violence et la torture, les services de sĂ©curitĂ© ont employĂ© de nouvelles tactiques. [Entrefilet, page 207] Le KGB a envoyĂ© aux frĂšres dissidents une lettre, prĂ©sentĂ©e comme venant de frĂšre Knorr. [Entrefilet, page 212] Les agents du KGB Ă©taient particuliĂšrement vigilants Ă  l’époque du MĂ©morial, car ils savaient toujours approximativement Ă  quelle date il aurait lieu. [Entrefilet, page 231] C’était la premiĂšre fois que les frĂšres pouvaient avoir dans les mains l’original d’une publication biblique. [Entrefilet, page 238] “ Tout ce que vous avez fait, ainsi que votre belle conduite, m’a impressionnĂ© beaucoup plus que votre prĂ©dication. Les gens [...] n’oublieront jamais ce qu’ils ont vu. ” [Entrefilet, page 241] “ L’amour et l’esprit de sacrifice que nos frĂšres ukrainiens ont manifestĂ©s ont grandement fortifiĂ© notre foi. ” [Entrefilet, page 249] Pour ces huit heures de travail, chaque frĂšre a pris deux jours de congĂ© et dĂ©pensĂ© plus de la moitiĂ© d’un mois de salaire pour l’achat des billets de train. [EncadrĂ©/Illustrations, page 124] La traduction de la Bible au cours des siĂšcles Durant un certain temps, les Ukrainiens ont utilisĂ© la Bible en vieux slavon d’église, version qui avait Ă©tĂ© traduite au IXe siĂšcle. Au fil du temps la langue a Ă©voluĂ©, si bien que cette version a Ă©tĂ© rĂ©visĂ©e. Vers la fin du XVe siĂšcle, l’archevĂȘque Gennadius a supervisĂ© une rĂ©vision complĂšte de la Bible en slavon. Cette Ă©dition a elle-​mĂȘme Ă©tĂ© rĂ©visĂ©e, ce qui a donnĂ© en fin de compte la premiĂšre Bible imprimĂ©e en slavon. Cette traduction, connue sous le nom de Bible d’Ostrog, a Ă©tĂ© imprimĂ©e en Ukraine en 1581. Encore aujourd’hui, les spĂ©cialistes la considĂšrent comme un excellent exemple en matiĂšre d’impression. Elle a servi de base pour les traductions ultĂ©rieures de la Bible en ukrainien et en russe. [Illustration] Ivan Fedorov a imprimĂ© la Bible d’Ostrog en Ukraine en 1581. [EncadrĂ©/Illustration, page 141] Entretien avec Vasyl Kaline Date de naissance 1947 Date de baptĂȘme 1965 Parcours ExilĂ© de 1951 Ă  1965. A imprimĂ© des publications en utilisant la mĂ©thode photographique de 1974 Ă  1991. Sert Ă  la filiale de Russie depuis 1993. Mon pĂšre a connu diffĂ©rentes formes de gouvernement et plusieurs rĂ©gimes politiques. Par exemple, sous l’occupation nazie, les Allemands l’ont battu croyant qu’il Ă©tait communiste. En fait, un prĂȘtre avait dit aux officiers allemands que les TĂ©moins de JĂ©hovah Ă©taient des communistes parce qu’ils n’allaient pas Ă  l’église. Puis le rĂ©gime soviĂ©tique a fait son apparition. Une fois encore, mon pĂšre, ainsi que beaucoup d’autres, a Ă©tĂ© victime de l’oppression. Parce que les croyances des TĂ©moins de JĂ©hovah diffĂ©raient de celles de la religion qui prĂ©valait Ă  l’époque, on l’a pris pour un espion amĂ©ricain. C’est la raison pour laquelle mon pĂšre a Ă©tĂ© exilĂ© avec sa famille en SibĂ©rie, oĂč il est restĂ© jusqu’à sa mort. [EncadrĂ©/Illustration, pages 147-151] Entretien avec Ivan Lytvak Date de naissance 1922 Date de baptĂȘme 1942 Parcours EmprisonnĂ© de 1944 Ă  1946. EnvoyĂ© dans des camps de travail de 1947 Ă  1953, dans l’extrĂȘme nord de la Russie. En 1947 j’ai Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© parce que je ne faisais pas de politique. On m’a internĂ© dans une prison de trĂšs haute sĂ©curitĂ© Ă  Loutsk, en Ukraine, oĂč je devais rester assis et droit, les mains sur les genoux ; je ne pouvais pas Ă©tendre les jambes. J’ai dĂ» endurer cette position pendant trois mois. Un homme en manteau noir m’interrogeait. Il voulait que je lui dise quels Ă©taient les frĂšres qui dirigeaient l’Ɠuvre. Il savait que je les connaissais, mais j’ai refusĂ© de lui donner leur nom. Le 5 mai 1947, le tribunal militaire m’a condamnĂ© Ă  dix ans d’internement dans un camp isolĂ© de trĂšs haute sĂ©curitĂ©. Comme j’étais jeune Ă  l’époque, on m’a classĂ© dans ce qu’on appelait la premiĂšre catĂ©gorie. Tous ceux qui en faisaient partie Ă©taient des jeunes garçons, TĂ©moins ou non. On nous a transportĂ©s dans des fourgons Ă  bestiaux jusqu’à Vorkouta, dans l’extrĂȘme nord de la Russie. LĂ , on nous a fait monter Ă  bord d’un bateau Ă  vapeur et nous avons naviguĂ© pendant quatre jours jusqu’au dĂ©troit de Kara. Il y avait peu de traces de vie Ă  cet endroit ; rien que de la toundra et des bouleaux nains arctiques. De lĂ , on nous a forcĂ©s Ă  marcher pendant quatre jours et quatre nuits. Nous Ă©tions jeunes. On nous a donnĂ© des croĂ»tons de pain sec et de la viande de renne fumĂ©e, ainsi que des bols et des couvertures chaudes. Il pleuvait Ă  verse. Les couvertures Ă©taient tellement trempĂ©es qu’il devenait impossible de les transporter. Alors deux par deux nous prenions une couverture et nous l’essorions, de sorte qu’elle redevenait plus lĂ©gĂšre. Nous sommes finalement parvenus Ă  destination. Je n’arrĂȘtais pas de me dire Encore un peu et j’aurai un toit pour m’abriter ! ’ Mais nous sommes arrivĂ©s dans une Ă©tendue de mousse Ă©paisse. Les gardes nous ont dit “ Installez-​vous. Vous ĂȘtes chez vous. ” Des prisonniers pleuraient ; d’autres maudissaient le gouvernement. Je n’ai jamais maudit personne lĂ -bas. Je priais silencieusement “ JĂ©hovah, mon Dieu, tu es mon refuge et ma forteresse. Sois mon refuge ici aussi. ” Les gardes ont entourĂ© l’endroit d’une corde, car ils n’avaient pas de fil de fer, et certains se sont postĂ©s en sentinelles. Comme d’habitude, les gardes passaient leur temps Ă  lire et nous avertissaient que si nous nous approchions d’eux Ă  moins de deux mĂštres, nous serions abattus. Nous avons passĂ© la nuit couchĂ©s dans la mousse. La pluie ruisselait sur nous. Je me suis rĂ©veillĂ© en pleine nuit et j’ai regardĂ© les 1 500 corps allongĂ©s au-dessus desquels s’élevait de la vapeur. Quand je me suis de nouveau rĂ©veillĂ©, le matin, j’avais tout un cĂŽtĂ© dans l’eau ; la mousse n’absorbait plus. Il n’y avait rien Ă  manger. On nous a ordonnĂ© d’amĂ©nager un terrain d’atterrissage afin qu’un avion puisse se poser et nous apporter de la nourriture. Les gardes disposaient d’un tracteur spĂ©cial, Ă©quipĂ© d’énormes pneus qui l’empĂȘchaient de s’embourber. Il transportait des provisions Ă  leur intention, mais il n’y avait rien pour nous. Nous avons travaillĂ© pendant trois jours et trois nuits Ă  prĂ©parer le terrain d’atterrissage. Il nous fallait arracher la mousse pour que l’avion puisse se poser. Un petit avion a apportĂ© de la farine. Les gardes ont mĂ©langĂ© la farine Ă  de l’eau bouillie, et nous l’ont donnĂ©e Ă  manger. Le travail nous cassait les reins. Nous avons construit une route et posĂ© des rails de chemin de fer. Nous ressemblions Ă  un tapis roulant humain, transportant d’énormes cailloux. L’hiver, il faisait toujours nuit et trĂšs froid. Nous dormions Ă  la belle Ă©toile, sans rien au-dessus de nos tĂȘtes. La pluie nous transperçait. Nous Ă©tions trempĂ©s, affamĂ©s et gelĂ©s. Mais comme nous Ă©tions jeunes, nous avions quand mĂȘme de l’énergie. Les gardes nous disaient de ne pas nous inquiĂ©ter, que nous aurions bientĂŽt un toit. Finalement, un tracteur militaire a apportĂ© suffisamment de toile pour abriter 400 personnes. Nous avons tendu la toile en hauteur, mais nous ne pouvions toujours dormir que sur de la mousse. Nous avons tous ramassĂ© de l’herbe et l’avons Ă©talĂ©e sous nos tentes de fortune ; en pourrissant elle a formĂ© une sorte de compost. C’est lĂ -dessus que nous dormions. Nous avons fini par avoir des poux. Ils nous mordaient pratiquement Ă  mort. Nous n’en avions pas seulement sur le corps, mais partout sur nos vĂȘtements des gros et des petits ; c’était terrible. Lorsque nous revenions du travail et que nous nous allongions, ils nous dĂ©voraient et alors nous ne cessions de nous gratter. Ils se rĂ©galaient pendant que nous dormions. Nous avons alors dit au contremaĂźtre “ Les poux sont en train de nous dĂ©vorer vivants. ” Ce Ă  quoi il a rĂ©pondu “ BientĂŽt nous vous en dĂ©barrasserons. ” Les autoritĂ©s carcĂ©rales Ă©taient obligĂ©es d’attendre que le temps soit plus clĂ©ment parce qu’il faisait rĂ©guliĂšrement − 30 °C. Finalement le temps s’est quelque peu radouci, et les gardes ont sorti un systĂšme de dĂ©sinfection portatif. Toutefois, il faisait encore − 20 °C et la tente Ă©tait toute dĂ©chirĂ©e. “ DĂ©shabillez-​vous ! nous a-​t-​on ordonnĂ©. Vous allez vous laver. DĂ©shabillez-​vous ! Nous allons dĂ©sinfecter vos vĂȘtements. ” Nous Ă©tions donc lĂ , par − 20 °C, en train d’enlever nos vĂȘtements sous une tente tout en lambeaux. On nous a apportĂ© des cartons que nous avons utilisĂ©s comme plancher. Une fois assis, j’ai regardĂ© mon corps. C’était horrible ! J’ai alors regardĂ© mon voisin. Il Ă©tait dans le mĂȘme Ă©tat. Plus un seul muscle. Nous n’avions plus que la peau sur les os. Je n’arrivais mĂȘme plus Ă  grimper dans un camion. J’étais Ă©puisĂ©. Et pourtant, je faisais partie de la premiĂšre catĂ©gorie un jeune travailleur en pleine santĂ©. Je commençais Ă  penser que j’allais bientĂŽt mourir. Beaucoup de jeunes mouraient. À prĂ©sent je priais intensĂ©ment JĂ©hovah de m’aider, car il semblait n’y avoir aucune issue. Certains, qui n’étaient pas TĂ©moins, laissaient volontairement une main ou une jambe geler, puis la coupaient pour ne plus avoir Ă  travailler. C’était atroce. Un jour, je me tenais prĂšs d’un des postes de garde quand j’ai aperçu un mĂ©decin. J’avais voyagĂ© avec lui aprĂšs mon arrestation et je lui avais donnĂ© le tĂ©moignage au sujet du Royaume de Dieu. Il Ă©tait prisonnier, puis on l’avait amnistiĂ©. Je me suis approchĂ© de lui, je l’ai observĂ©, et effectivement il semblait libre. Je l’ai appelĂ© — je crois qu’il s’appelait Sacha. Il m’a regardĂ© et m’a dit “ Ivan, c’est bien toi ? ” À ces mots, je me suis mis Ă  pleurer comme un petit garçon. “ Va immĂ©diatement au poste mĂ©dical ”, m’a-​t-​il ordonnĂ©. Je me suis rendu au poste mĂ©dical, et on m’a enlevĂ© de la premiĂšre catĂ©gorie de travailleurs. Cependant j’étais toujours dans le camp. Comme je faisais dĂ©sormais partie de la troisiĂšme catĂ©gorie, on m’a envoyĂ© dans la zone rĂ©servĂ©e Ă  ceux qui avaient besoin de repos. Le commandant m’a dit “ Je ne t’ai pas demandĂ© de venir ici. C’est toi qui l’as voulu. Tiens-​toi Ă  carreau et fais ton travail. ” Alors, petit Ă  petit, j’ai commencĂ© Ă  m’habituer Ă  ma nouvelle vie. Je n’étais plus astreint Ă  la mĂȘme besogne Ă©reintante. J’ai Ă©tĂ© libĂ©rĂ© le 16 aoĂ»t 1953. “ Tu es libre de partir et d’aller oĂč bon te semble ”, m’a-​t-​on dit. Avant toute chose, je suis allĂ© dans la forĂȘt pour remercier JĂ©hovah de m’avoir sauvegardĂ©. Je me suis avancĂ© dans cette petite forĂȘt, je me suis agenouillĂ© et j’ai remerciĂ© JĂ©hovah de m’avoir gardĂ© en vie pour me permettre Ă  l’avenir de glorifier son saint nom. [Entrefilet] “ Encore un peu et j’aurai un toit pour m’abriter ! ” [Entrefilet] “ Je me suis avancĂ© dans cette petite forĂȘt, je me suis agenouillĂ© et j’ai remerciĂ© JĂ©hovah de m’avoir gardĂ© en vie. ” [EncadrĂ©/Illustration, pages 155, 156] Entretien avec Volodymyr Levtchouk Date de naissance 1930 Date de baptĂȘme 1954 Parcours EmprisonnĂ© pour activisme politique de 1946 Ă  1954. A rencontrĂ© les TĂ©moins de JĂ©hovah dans un camp de travail en Mordovie. J’étais un nationaliste ukrainien. Pour cette raison, en 1946 les communistes m’ont condamnĂ© Ă  purger 15 ans dans un camp. Il s’y trouvait des TĂ©moins de JĂ©hovah. Ils m’ont donnĂ© le tĂ©moignage et j’ai immĂ©diatement reconnu la vĂ©ritĂ©. Nous n’avions pas de bible, car nous Ă©tions dans un camp de haute sĂ©curitĂ©. Je me suis donc mis Ă  rechercher des petits morceaux de papier que j’ai mis de cĂŽtĂ©. AprĂšs en avoir rĂ©cupĂ©rĂ© quelques-uns, je me suis constituĂ© un petit carnet. Je demandais aux frĂšres de me citer tous les versets dont ils se souvenaient et Ă  quel endroit on les trouvait dans la Bible, puis je les inscrivais sur mon carnet. J’ai Ă©galement interrogĂ© ceux qui sont arrivĂ©s plus tard. Si quelqu’un connaissait les grandes lignes d’une prophĂ©tie biblique, j’en prenais Ă©galement note. J’ai rĂ©uni de nombreux textes bibliques, et j’ai commencĂ© Ă  m’en servir dans le cadre de ma prĂ©dication. Lorsque j’ai commencĂ© Ă  prĂȘcher, il y avait un certain nombre de jeunes comme moi. ÂgĂ© de 16 ans, j’étais le benjamin. Je me suis adressĂ© Ă  eux en disant “ Nous avons souffert pour rien. Nous et bien d’autres avons risquĂ© notre vie pour rien. Aucune idĂ©ologie politique ne nous apportera quoi que ce soit de bon. Vous devez prendre le parti du Royaume de Dieu ! ” J’ai citĂ© les versets que j’avais mĂ©morisĂ©s grĂące Ă  mon carnet. J’avais une trĂšs bonne mĂ©moire Ă  l’époque. Je n’ai pas mis longtemps Ă  les convaincre, et ils ont commencĂ© Ă  s’associer Ă  nous, aux TĂ©moins de JĂ©hovah. Ils sont devenus des frĂšres. [EncadrĂ©/Illustration, page 157] Peines infligĂ©es aux TĂ©moins de JĂ©hovah Exil interne Les exilĂ©s Ă©taient envoyĂ©s dans une rĂ©gion reculĂ©e, gĂ©nĂ©ralement en SibĂ©rie, oĂč ils devaient travailler et habiter. Ils n’étaient pas autorisĂ©s Ă  quitter leur lieu de rĂ©sidence. Une fois par semaine ou une fois par mois, ils devaient se prĂ©senter Ă  la police locale. Internement Trois Ă  dix prisonniers Ă©taient confinĂ©s dans une cellule. On leur servait de la nourriture deux ou trois fois par jour. Une fois par jour ou une fois par semaine, on les autorisait Ă  marcher dans la cour de la prison. Aucun travail ne leur Ă©tait demandĂ©. Camps de prisonniers La plupart Ă©taient situĂ©s en SibĂ©rie. Des centaines de prisonniers s’entassaient dans des baraquements qui pouvaient en gĂ©nĂ©ral accueillir entre 20 et 100 dĂ©tenus. Ils travaillaient au moins huit heures par jour dans l’enceinte du camp ou en dehors. Le travail Ă©tait pĂ©nible et consistait Ă  construire des usines, Ă  poser des rails de chemin de fer ou Ă  abattre des arbres. Les dĂ©tenus Ă©taient constamment escortĂ©s par des gardes. À l’intĂ©rieur du camp, les prisonniers pouvaient se dĂ©placer librement aprĂšs les heures de travail. [Illustration] SibĂ©rie Russie Des enfants de TĂ©moins ukrainiens exilĂ©s coupent du bois pour se chauffer 1953. [EncadrĂ©/Illustration, pages 161, 162] Entretien avec Fyodor Kaline Date de naissance 1931 Date de baptĂȘme 1950 Parcours ExilĂ© de 1951 Ă  1965. EmprisonnĂ© de 1962 Ă  1965. Un jour, tandis que j’étais en prison et soumis Ă  un interrogatoire, JĂ©hovah a accompli ce qui, pour moi, Ă©quivaut Ă  un miracle. Le directeur du KGB ComitĂ© pour la sĂ©curitĂ© d’État est venu muni d’un document. L’enquĂȘteur Ă©tait assis, et le directeur du KGB s’est assis Ă  cĂŽtĂ© de lui en lui disant “ Donnez-​lui ça ! Qu’il voie que ses frĂšres d’AmĂ©rique sont malhonnĂȘtes ! ” Ils m’ont tendu le papier. Il s’agissait d’une rĂ©solution adoptĂ©e Ă  l’occasion d’une assemblĂ©e. Je l’ai lue une premiĂšre fois, puis une seconde fois attentivement. Le directeur du KGB a fini par s’impatienter “ M. Kaline ! Vous voulez l’apprendre par cƓur ? ” Je lui ai rĂ©pondu “ C’est-Ă -dire que la premiĂšre fois je l’ai juste parcourue. Je veux comprendre ce que cela signifie. ” IntĂ©rieurement, je pleurais de joie. Quand j’ai eu fini de lire la rĂ©solution, je la leur ai rendue et je leur ai dit “ Je vous suis vraiment reconnaissant et je remercie JĂ©hovah Dieu de vous avoir poussĂ©s Ă  faire cela. Aujourd’hui, grĂące Ă  la lecture de cette rĂ©solution, ma foi est devenue beaucoup plus forte. Je partage l’opinion de ces TĂ©moins et je veux louer le nom de Dieu sans rĂ©serve. Je parlerai de lui aux prisonniers du camp et en prison, et partout oĂč je me trouverai. C’est ma mission. “ Peu importent les tortures que vous me ferez subir, vous ne me ferez pas taire. Dans cette rĂ©solution, les TĂ©moins ne disent pas qu’ils sont prĂȘts Ă  organiser une sorte de rĂ©volte. Ils dĂ©clarent simplement qu’ils sont dĂ©terminĂ©s Ă  servir JĂ©hovah, sachant qu’il peut les aider Ă  demeurer fidĂšles, quoi qu’il leur arrive, mĂȘme la plus dure des persĂ©cutions. Je prie JĂ©hovah Dieu de me fortifier dans cette pĂ©riode difficile afin de rester ferme dans la foi. “ Mais je ne me laisserai pas Ă©branler ! Cette rĂ©solution m’a Ă©normĂ©ment fortifiĂ©. Maintenant, si vous me mettez contre un mur pour me fusiller, je ne tremblerai pas. JĂ©hovah sauve, mĂȘme si ce doit ĂȘtre par la rĂ©surrection ! ” Je voyais bien que les enquĂȘteurs Ă©taient contrariĂ©s. Ils se rendaient compte qu’ils avaient commis une grossiĂšre erreur. La rĂ©solution m’avait galvanisĂ©, alors qu’elle Ă©tait censĂ©e affaiblir ma foi. [EncadrĂ©/Illustration, pages 167-169] Entretien avec Maria Popovitch Date de naissance 1932 Date de baptĂȘme 1948 Parcours A passĂ© six ans en prison et dans des camps de travail. A aidĂ© plus de dix personnes Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Lorsque j’ai Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e le 27 avril 1950, j’étais enceinte de cinq mois. Le 18 juillet, on m’a condamnĂ©e Ă  dix ans d’emprisonnement pour avoir prĂȘchĂ©, pour avoir exposĂ© la vĂ©ritĂ© Ă  d’autres. Sept d’entre nous ont Ă©tĂ© condamnĂ©s, quatre frĂšres et trois sƓurs. On nous a infligĂ© Ă  tous une peine de dix ans. Mon fils est nĂ© le 13 aoĂ»t. En prison je ne me suis pas dĂ©couragĂ©e. J’avais appris dans la Parole de Dieu, la Bible, que l’on Ă©tait heureux si l’on souffrait comme chrĂ©tien, et non pas comme meurtrier ou voleur. Et j’étais effectivement heureuse. J’éprouvais de la joie dans mon cƓur. On m’a mise en isolement cellulaire, oĂč j’ai fait les cent pas en chantant. Un soldat a ouvert le judas et m’a dit “ Tu arrives Ă  chanter dans cette situation ? ” “ Je suis heureuse parce que je sais que je n’ai fait de mal Ă  personne ”, ai-​je rĂ©pondu. Il a alors refermĂ© le judas. Personne ne m’a battue. On me disait “ Renonce Ă  ta foi. Regarde dans quel Ă©tat tu es. ” C’était pour me rappeler que j’allais donner naissance Ă  mon bĂ©bĂ© en prison. Mais j’étais heureuse parce que j’avais Ă©tĂ© condamnĂ©e en raison de ma foi dans la Parole de Dieu. Cela me rĂ©jouissait. Je savais que je n’étais pas une criminelle, et que je supportais tout cela Ă  cause de ma foi en JĂ©hovah. C’est ce qui m’a aidĂ©e Ă  garder ma joie durant tout ce temps. VoilĂ  tout. Plus tard, alors que je travaillais dans le camp, mes mains ont gelĂ©. On m’a alors envoyĂ©e Ă  l’hĂŽpital. LĂ , la doctoresse s’est prise d’affection pour moi. Elle m’a dit “ Vous n’ĂȘtes pas en bonne santĂ©. Pourquoi ne viendriez-​vous pas travailler pour moi ? ” Évidemment, cette idĂ©e n’a pas enchantĂ© le directeur du camp. “ Pourquoi voulez-​vous que cette femme travaille pour vous ? a-​t-​il demandĂ©. Choisissez quelqu’un d’un autre groupe. ” Elle lui a rĂ©pondu “ Je ne veux pas quelqu’un d’autre. J’ai besoin de gens honnĂȘtes et bons dans mon service. Et c’est elle qui va venir travailler dans cet hĂŽpital. Je sais qu’elle ne volera rien et qu’elle ne se mettra pas Ă  prendre de la drogue. ” Nous inspirions confiance. Nos gardiens avaient une considĂ©ration particuliĂšre pour les gens de foi. Ils voyaient le genre de personnes que nous Ă©tions. Cela nous Ă©tait profitable. Finalement, la doctoresse a rĂ©ussi Ă  persuader le directeur. Lui aussi voulait me garder parce que j’étais habile dans l’abattage des arbres. Quel que soit l’endroit oĂč ils travaillaient, les serviteurs de JĂ©hovah Ă©taient toujours des travailleurs honnĂȘtes et consciencieux. Note Le fils de Maria est nĂ© en prison Ă  Vinnitsa, en Ukraine. Les deux annĂ©es suivantes, on l’a gardĂ© Ă  l’orphelinat de la prison. Ensuite, des membres de sa famille l’ont remis Ă  son pĂšre, qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© exilĂ© en SibĂ©rie. Quand sƓur Popovitch a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e de prison, son fils avait six ans. [Entrefilet] “ Je suis heureuse parce que je sais que je n’ai fait de mal Ă  personne. ” [EncadrĂ©/Illustration, page 175] Entretien avec Maria Fedoun Date de naissance 1939 Date de baptĂȘme 1958 Parcours ExilĂ©e de 1951 Ă  1965. Une fois installĂ©s dans le train, une fois calmĂ©s et en route vers l’exil, que nous restait-​il Ă  faire ? Comme nous connaissions des cantiques, nous nous sommes mis Ă  chanter. Nous avons chantĂ© tous les cantiques dont nous nous souvenions, ceux du recueil. Au dĂ©but nous n’entendions chanter que dans notre wagon, mais plus tard, quand le train s’est arrĂȘtĂ© pour en laisser passer d’autres, nous nous sommes aperçus que d’autres trains transportaient des frĂšres. Leurs chants parvenaient jusqu’à nous. Certains Ă©taient de Moldavie ; ils Ă©taient suivis par les frĂšres roumains de Bucovine. Il y avait beaucoup de trains. Ils se dĂ©passaient en divers endroits. Nous avons pris conscience qu’ils Ă©taient remplis de frĂšres et sƓurs. Nous nous souvenions de nombreux cantiques. Beaucoup d’autres ont Ă©tĂ© composĂ©s dans ces wagons. Ils nous ont encouragĂ©s et mis dans la bonne disposition d’esprit. Ces cantiques ont vraiment dirigĂ© nos pensĂ©es vers JĂ©hovah. [EncadrĂ©/Illustration, page 177] Entretien avec Lydia Stachtchychine Date de naissance 1960 Date de baptĂȘme 1979 Parcours Fille de Maria Pilipiv, dont le tĂ©moignage figure aux pages 208-9. Lorsque j’étais enfant, mon grand-pĂšre Ă©tait ancien et dirigeait la congrĂ©gation. Je me souviens de son programme le matin il se levait, il faisait sa toilette, puis il priait. Ensuite il ouvrait la Bible, et nous nous asseyions tous pour lire le texte du jour et le chapitre d’oĂč il Ă©tait extrait. Mon grand-pĂšre me demandait rĂ©guliĂšrement de porter des documents importants — empaquetĂ©s ou mis dans un sac — Ă  un autre ancien, qui habitait en bordure de la ville. Pour me rendre chez lui il fallait que je grimpe une colline. Je ne l’aimais pas, cette colline. Elle Ă©tait escarpĂ©e, et la gravir Ă©tait pĂ©nible. Je rĂ©pondais souvent “ Papy, non, je n’ai pas envie d’y aller ! Je peux rester lĂ  ? ” Mais mon grand-pĂšre me disait “ Non, il faut que tu y ailles. Prends les documents. ” Je me disais “ Non je n’irai pas ! Je n’irai pas ! ” Puis “ Non, il faut que j’y aille, car il y a peut-ĂȘtre des choses importantes en jeu. ” C’est toujours Ă  cela que je pensais. Je n’avais vraiment pas envie d’y aller, mais je finissais toujours par partir. Je savais que personne d’autre ne pouvait le faire. Et cela arrivait trĂšs souvent. C’était mon travail, ma responsabilitĂ©. [EncadrĂ©/Illustration, pages 178, 179] Entretien avec Pavlo Rourak Date de naissance 1928 Date de baptĂȘme 1945 Parcours A passĂ© 15 ans en prison et dans des camps. Il est aujourd’hui surveillant-prĂ©sident d’une congrĂ©gation d’Artemovsk, dans l’est de l’Ukraine. En 1952, je me trouvais dans un camp Ă  la discipline de fer, Ă  Karaganda, en URSS. Nous Ă©tions dix TĂ©moins dans ce camp. Le temps passait si lentement que ça devenait dur pour nous. Nous gardions notre joie et ne perdions pas espoir, mais nous n’avions pas de nourriture spirituelle. Nous nous rĂ©unissions aprĂšs le travail et discutions ensemble, nous remĂ©morant ce que nous avions appris auparavant par l’intermĂ©diaire de “ l’esclave fidĂšle et avisĂ© ”. — Mat. 2445-47. J’ai dĂ©cidĂ© d’écrire Ă  ma sƓur pour lui faire part de notre situation dans le camp et lui expliquer que nous n’avions pas de nourriture spirituelle. Comme les prisonniers n’étaient pas autorisĂ©s Ă  envoyer ce genre de lettre, il m’a Ă©tĂ© difficile de la poster. MalgrĂ© tout, ma sƓur a finalement reçu la lettre. Elle a prĂ©parĂ© un colis, y a placĂ© du pain scandinave ainsi qu’un Nouveau Testament, puis elle a expĂ©diĂ© le tout. Le rĂšglement Ă©tait trĂšs strict. Les autoritĂ©s ne transmettaient pas toujours les colis aux prisonniers. Souvent, les responsables en brisaient le contenu. Tout Ă©tait soigneusement examinĂ©. Par exemple, ils vĂ©rifiaient les boĂźtes en fer-blanc pour voir s’il n’y avait rien de cachĂ© dans un double fond ou sur les cĂŽtĂ©s. Ils examinaient mĂȘme les petits pains. Un jour, j’ai vu que mon nom figurait sur la liste de ceux qui avaient reçu un colis. J’étais extrĂȘmement heureux, mĂȘme si je n’imaginais pas que ma sƓur m’ait envoyĂ© un Nouveau Testament. C’était le garde le plus sĂ©vĂšre qui Ă©tait chargĂ© de l’inspection ce jour-​lĂ  ; les prisonniers l’appelaient TĂȘte brĂ»lĂ©e. Lorsque je me suis prĂ©sentĂ© pour retirer mon colis, il m’a demandĂ© “ Tu attends un colis de quel endroit ? ” Je lui ai donnĂ© l’adresse de ma sƓur. Il a pris une pince et a ouvert le carton. Quand il a ĂŽtĂ© le couvercle, j’ai aperçu le Nouveau Testament coincĂ© entre le cĂŽtĂ© du carton et la nourriture. J’ai juste eu le temps de prier silencieusement “ JĂ©hovah, donne-​le-​moi. ” À ma grande surprise, le garde m’a dit “ Allez, dĂ©barrasse-​moi vite de ce carton ! ” StupĂ©fait de ce qui venait de se passer, j’ai refermĂ© le carton et je l’ai emportĂ© jusqu’au baraquement. J’ai sorti le Nouveau Testament et je l’ai cachĂ© dans mon matelas. Quand j’ai racontĂ© aux frĂšres que j’avais reçu un Nouveau Testament, aucun ne m’a cru. C’était un miracle de JĂ©hovah ! Il nous soutenait spirituellement parce que, dans notre situation, il Ă©tait impossible de se procurer quoi que ce soit. Nous avons remerciĂ© notre PĂšre cĂ©leste JĂ©hovah pour sa misĂ©ricorde et son soutien. Nous nous sommes mis Ă  lire et Ă  nous fortifier spirituellement. Nous lui en Ă©tions vraiment reconnaissants. [EncadrĂ©/Illustration, pages 180, 181] Entretien avec Lydia Bzovi Date de naissance 1937 Date de baptĂȘme 1955 Parcours ExilĂ©e de 1949 Ă  1965. Adolescente, l’absence de papa m’était trĂšs pĂ©nible. Nous aimions notre pĂšre, comme la plupart des enfants. Je n’ai pas pu lui dire au revoir. Ivan et moi ne l’avons pas vu partir parce que nous Ă©tions aux champs, Ă  rĂ©colter du millet. Lorsque nous sommes revenus, maman nous a dit que papa avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. J’ai Ă©prouvĂ© un sentiment de vide, de douleur, mais aucune panique, aucune haine. Il fallait s’y attendre. On nous rappelait constamment les paroles de JĂ©sus “ S’ils m’ont persĂ©cutĂ©, ils vous persĂ©cuteront aussi. ” Jean 1520. TrĂšs tĂŽt dans notre vie nous avons appris ce verset. Nous le connaissions aussi bien que le Notre PĂšre. Nous savions Ă©galement que le monde ne nous aimerait pas, car nous n’en faisions pas partie. Les autoritĂ©s agissaient par ignorance. Comme nous Ă©tions sous administration roumaine en Moldavie, papa savait qu’il pourrait se dĂ©fendre devant les tribunaux. Nous avons Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  assister au procĂšs. Cela a Ă©tĂ© un grand jour pour nous. Papa a donnĂ© un tĂ©moignage extraordinaire. Personne ne prĂȘtait attention aux accusations du procureur. Tout le monde Ă©coutait bouche bĂ©e le tĂ©moignage de papa. Il a parlĂ© pendant une heure quarante en faveur de la vĂ©ritĂ© et a donnĂ© un tĂ©moignage trĂšs clair. Des fonctionnaires du tribunal en pleuraient. Nous Ă©tions fiers que papa ait pu tĂ©moigner au tribunal pour dĂ©fendre publiquement la vĂ©ritĂ©. Nous n’éprouvions aucun dĂ©couragement. Note En 1943, les autoritĂ©s allemandes ont arrĂȘtĂ© les parents de sƓur Bzovi et les ont condamnĂ©s Ă  25 ans de prison pour leur prĂ©tendue coopĂ©ration avec les SoviĂ©tiques. Moins d’un an aprĂšs, les troupes soviĂ©tiques sont arrivĂ©es et les ont libĂ©rĂ©s. Par la suite, ces mĂȘmes autoritĂ©s soviĂ©tiques ont arrĂȘtĂ© le pĂšre de sƓur Bzovi. Au total, il a passĂ© 20 ans en prison. [Entrefilet] Nous aimions notre pĂšre, comme la plupart des enfants. Je n’ai pas pu lui dire au revoir. [EncadrĂ©/Illustrations, pages 186-189] Entretien avec Tamara Ravliouk Date de naissance 1940 Date de baptĂȘme 1958 Parcours ExilĂ©e en 1951. A aidĂ© une centaine de personnes Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Ceci est l’histoire d’Halyna. En 1958, lorsqu’elle avait 17 jours, ses parents ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Sa mĂšre et elle ont Ă©tĂ© envoyĂ©es dans un camp de prisonniers en SibĂ©rie. Tant que sa mĂšre a Ă©tĂ© en mesure de l’allaiter — jusqu’au cinquiĂšme mois —, Halyna a pu rester avec elle. Ensuite, sa mĂšre a dĂ» aller travailler, et le bĂ©bĂ© a Ă©tĂ© placĂ© dans un orphelinat. Notre famille vivait dans la province voisine de Tomsk. Des frĂšres ont Ă©crit une lettre Ă  notre congrĂ©gation pour demander si quelqu’un pourrait aller retirer le bĂ©bĂ© de l’orphelinat et l’élever jusqu’à la libĂ©ration de ses parents. Inutile de dire que lorsque la lettre a Ă©tĂ© lue, tout le monde en a Ă©tĂ© Ă©mu. Pour un enfant, une telle situation Ă©tait triste, voire dramatique. Les frĂšres nous ont accordĂ© un peu de temps pour y rĂ©flĂ©chir. Une semaine est passĂ©e, mais personne ne s’est proposĂ© pour prendre l’enfant. Les conditions de vie Ă©taient dures pour nous tous. La deuxiĂšme semaine, mon frĂšre aĂźnĂ© a dit Ă  ma mĂšre “ Prenons cette petite fille. ” Maman a rĂ©pondu “ Tu n’y penses pas, Vasia ? Je suis dĂ©jĂ  ĂągĂ©e et malade. Tu sais, s’occuper du bĂ©bĂ© de quelqu’un d’autre est une lourde responsabilitĂ©. Il ne s’agit pas d’un animal. Ce n’est pas une gĂ©nisse. C’est un bĂ©bĂ©. Et de quelqu’un d’autre en plus. ” “ C’est pour cela que nous devrions le prendre, maman, a dit mon frĂšre. Ce n’est pas un animal. Imagine un bĂ©bĂ© dans ces conditions, dans un camp ! Elle est encore si petite, si fragile. ” Puis il a ajoutĂ© “ Ne penses-​tu pas qu’un jour elle pourrait nous dire J’étais malade, j’étais en prison, j’avais faim, mais vous ne m’avez pas aidĂ©e ’ ? ” “ C’est vrai, cela pourrait arriver, a concĂ©dĂ© maman, mais c’est une Ă©norme responsabilitĂ© d’accepter le bĂ©bĂ© de quelqu’un d’autre. Que se passera-​t-​il si quelque chose lui arrive pendant que nous l’avons avec nous ? ” “ Et s’il lui arrive quelque chose alors qu’elle se trouve lĂ -bas ? ” a renchĂ©ri mon frĂšre. Puis, se tournant vers moi “ Il y a Tamara. Elle peut se dĂ©placer sans problĂšme et ramener le bĂ©bĂ©. Nous travaillerons tous pour subvenir aux besoins de cette enfant. ” Nous y avons rĂ©flĂ©chi, nous en avons discutĂ© et finalement nous avons dĂ©cidĂ© que j’irais chercher le bĂ©bĂ©. Je me suis donc rendue aux camps de Mariinski. Des frĂšres m’ont confiĂ© des publications pour que je les apporte lĂ -bas. Ils m’ont Ă©galement donnĂ© un appareil photo pour prendre une photo de la maman, parce que nous ne la connaissions pas. Je n’ai pas Ă©tĂ© autorisĂ©e Ă  pĂ©nĂ©trer dans le camp avec l’appareil photo, mais j’ai pu y faire entrer les publications. J’ai achetĂ© une marmite dans laquelle j’ai placĂ© les publications, puis j’ai mis des bouteilles d’huile par-dessus. Quand j’ai passĂ© la porte d’entrĂ©e du camp, le garde n’a pas vĂ©rifiĂ© s’il y avait quelque chose en dessous de l’huile. J’ai pu ainsi faire pĂ©nĂ©trer des publications dans le camp. J’ai pu faire la connaissance de la mĂšre du bĂ©bĂ©, Lydia Kourdas, et j’ai mĂȘme passĂ© la nuit dans le camp, le temps de prĂ©parer des documents pour que le bĂ©bĂ© puisse m’ĂȘtre remis. J’ai finalement ramenĂ© Halyna Ă  la maison. Quand nous sommes arrivĂ©es, elle avait cinq mois et quelques jours. Nous nous sommes tous bien occupĂ©s d’elle. MalgrĂ© tout, elle est tombĂ©e trĂšs malade. Des mĂ©decins sont venus, mais ils ne lui ont rien trouvĂ©. Pensant qu’il s’agissait de ma fille, ils m’ont prise Ă  partie “ Quel genre de mĂšre ĂȘtes-​vous ? Pourquoi ne la nourrissez-​vous pas ? ” Nous avions peur de dire que le bĂ©bĂ© Ă©tait nĂ© en prison, et nous ne savions pas comment agir. Je me suis mise Ă  pleurer et je n’ai rien rĂ©pondu. Les mĂ©decins me rĂ©primandaient ; ils ont criĂ© contre ma mĂšre, en disant que j’étais trop jeune quand on m’avait donnĂ©e en mariage, qu’à moi aussi, c’était du lait qu’il me fallait. J’avais alors 18 ans. Halyna Ă©tait trĂšs malade, et elle respirait difficilement. Je suis allĂ©e sous l’escalier et j’ai priĂ© “ JĂ©hovah Dieu, JĂ©hovah Dieu, si cette enfant doit mourir, prends ma vie Ă  la place de la sienne ! ” Halyna a commencĂ© Ă  suffoquer, juste devant les mĂ©decins, qui ont dit “ C’est sans espoir, elle ne survivra pas, elle ne survivra pas. ” Ils ont dit ça devant moi, devant ma mĂšre. Maman pleurait. Je priais. Mais finalement la petite a survĂ©cu. Elle est restĂ©e avec nous jusqu’à la libĂ©ration de sa mĂšre. Elle a passĂ© sept ans avec nous, et elle n’est plus jamais tombĂ©e malade, pas une seule fois. Halyna vit aujourd’hui Ă  Kharkov, en Ukraine. Elle est notre sƓur et sert comme pionniĂšre permanente. [Entrefilet] “ JĂ©hovah Dieu, JĂ©hovah Dieu, si cette enfant doit mourir, prends ma vie Ă  la place de la sienne ! ” [Illustration] De gauche Ă  droite Tamara Ravliouk anciennement Bouriak, SergeĂŻ Ravliouk, Halyna Kourdas, MykhaĂŻlo Bouriak, Maria Bouriak. [Illustration] De gauche Ă  droite SergeĂŻ et Tamara Ravliouk, Mykola et Halyna Kuibida anciennement Kourdas, Oleksi et Lydia Kourdas. [EncadrĂ©, page 192] Rapport d’un surveillant de circonscription, en 1958 “ La situation est trĂšs difficile. Les frĂšres peuvent ĂȘtre saisis d’apprendre qu’une dizaine de membres d’une organisation de jeunes communistes les espionnent presque tous. Sans oublier les voisins qui les dĂ©noncent, les faux frĂšres, l’omniprĂ©sence de la police, les condamnations Ă  passer 25 ans dans un camp ou une prison, l’exil en SibĂ©rie, le travail forcĂ© Ă  vie et la dĂ©tention parfois interminable dans une cellule obscure. Tout cela peut arriver Ă  quiconque prononce ne serait-​ce que quelques mots Ă  propos du Royaume de Dieu. “ Et pourtant, les proclamateurs n’ont pas peur. Ils dĂ©bordent d’amour pour JĂ©hovah Dieu. Leur comportement fait penser Ă  celui des anges et ils ne pensent en aucun cas Ă  abandonner le combat. Ils savent que l’Ɠuvre est celle de JĂ©hovah et qu’elle se poursuivra jusqu’à la victoire. Les frĂšres savent pour qui ils gardent leur intĂ©gritĂ©. Ils sont joyeux de souffrir pour JĂ©hovah. ” [EncadrĂ©/Illustration, pages 199-201] Entretien avec SergeĂŻ Ravliouk Date de naissance 1936 Date de baptĂȘme 1952 Parcours A passĂ© 16 ans en prison et dans des camps ; a Ă©tĂ© obligĂ© de dĂ©mĂ©nager Ă  sept reprises. A aidĂ© prĂšs de 150 personnes Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. L’entretien avec sa femme, Tamara, se trouve aux pages 186-9. SergeĂŻ est aujourd’hui ancien dans la congrĂ©gation de Rohan, prĂšs de la ville de Kharkov. J’ai vĂ©cu sept ans en Mordovie. Je me trouvais dans un camp de sĂ©curitĂ© maximale, ce qui n’a pas empĂȘchĂ© que de nombreuses publications y soient distribuĂ©es durant mon incarcĂ©ration. Des gardiens emportaient des publications chez eux, les lisaient puis les donnaient aux membres de leur famille. Parfois, au moment de la relĂšve, un gardien venait me voir pour me demander “ As-​tu quelque chose, SergeĂŻ ? ” “ Qu’est-​ce que vous voulez ? ” rĂ©pondais-​je. “ Juste quelque chose Ă  lire. ” “ Est-​ce qu’il y aura une fouille demain ? ” “ Oui. Il y en aura une demain au bloc cinq. ” “ D’accord. Sur un lit, sous une serviette, il y aura une Tour de Garde. Vous pourrez la prendre. ” On procĂ©dait Ă  la fouille et il rĂ©cupĂ©rait la Tour de Garde. Mais les gardiens ne trouvaient pas d’autres publications parce que nous savions Ă  l’avance qu’il y aurait une perquisition. C’est ainsi que certains gardiens nous aidaient. Ils Ă©taient attirĂ©s par la vĂ©ritĂ©, mais ils avaient peur de perdre leur travail. Au cours des nombreuses annĂ©es que des frĂšres ont passĂ©es lĂ , les gardiens ont vu comment nous vivions. Les gens raisonnables pouvaient constater que nous n’étions coupables d’aucun crime. Ils n’osaient pas cependant exprimer leur avis, sinon on les aurait pris pour des sympathisants des TĂ©moins de JĂ©hovah et ils auraient perdu leur emploi. Alors ils soutenaient notre Ɠuvre dans une certaine mesure. Ils prenaient des publications et les lisaient. Tout cela a contribuĂ© Ă  limiter le feu de la persĂ©cution. En 1966, nous Ă©tions environ 300 frĂšres en Mordovie. Les responsables du camp connaissaient la date Ă  laquelle le MĂ©morial devait ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ© cette annĂ©e-​lĂ  et ils ont dĂ©cidĂ© de restreindre notre libertĂ©. “ Vous Ă©tudiez dĂ©jĂ  votre Tour de Garde, mais nous allons mettre un terme Ă  ce MĂ©morial, nous ont-​ils dit. Vous ne pourrez rien faire. ” Les gardes des diffĂ©rentes unitĂ©s devaient rester dans leur bureau jusqu’à la fin de la pĂ©riode d’alerte. Tous Ă©taient Ă  leur poste le personnel de surveillance, le personnel administratif et le commandant du camp. Nous sommes donc tous sortis sur le chemin, vers la place oĂč nous faisions l’appel chaque jour, le matin et le soir. Alors, rassemblĂ©s par congrĂ©gations ou par groupes, nous avons marchĂ© autour de la place. Dans chaque groupe, un frĂšre prononçait le discours tout en marchant, tandis que les autres Ă©coutaient. Comme nous n’avions pas d’emblĂšmes, nous avons juste prĂ©vu un discours. À l’époque, il n’y avait pas de membre oint dans le camp. À 21 h 30, tout Ă©tait fini, tous les groupes avaient achevĂ© la cĂ©lĂ©bration en parcourant le chemin de retour. Le cantique, nous voulions le chanter tous ensemble. Nous nous sommes donc rĂ©unis prĂšs du bĂątiment des sanitaires, qui se trouvait dans le coin le plus Ă©loignĂ© de l’entrĂ©e du camp. Imaginez 300 hommes, dont 80 Ă  100 chantent Ă  la nuit tombĂ©e dans la taĂŻga. Imaginez l’écho de ce cantique ! Je me souviens que nous avons chantĂ© le cantique numĂ©ro 25, intitulĂ© “ Je suis mort pour vous ”, extrait de l’ancien recueil. Tout le monde le connaissait. Parfois, mĂȘme les soldats du haut des miradors nous criaient “ Chantez le cantique 25 ! ” Quand nous avons commencĂ© Ă  chanter cette nuit-​lĂ , tous les membres du personnel sont sortis des bureaux et se sont dirigĂ©s vers les sanitaires pour nous arrĂȘter. Mais lorsqu’ils sont arrivĂ©s, ils n’ont pas rĂ©ussi Ă  interrompre notre chant parce que tous les frĂšres qui ne chantaient pas avaient formĂ© une barriĂšre solide autour des chanteurs, si bien que les gardiens n’ont pu que tourner autour de nous jusqu’à ce que nous ayons fini. À la fin du cantique, nous nous sommes tous dispersĂ©s. Les gardiens ne savaient pas qui avait chantĂ© ou pas. Ils ne pouvaient pas tous nous mettre en isolement ! [EncadrĂ©/Illustration, pages 203, 204] Entretien avec Victor Popovitch Date de naissance 1950 Date de baptĂȘme 1967 Parcours NĂ© en prison, fils de Maria Popovitch, dont il est question aux pages 167-9. ArrĂȘtĂ© en 1970, a passĂ© quatre ans en prison Ă  cause de son activitĂ© de prĂ©dication. Au cours de trois journĂ©es d’audience judiciaire, 35 personnes ont attestĂ© que frĂšre Popovitch leur avait prĂȘchĂ©. Il ne faut pas analyser la situation dans laquelle les TĂ©moins de JĂ©hovah se sont trouvĂ©s d’un point de vue strictement humain. On ne peut attribuer au gouvernement l’entiĂšre responsabilitĂ© de la persĂ©cution du peuple de Dieu. La plupart des fonctionnaires n’ont fait que leur travail. Lorsque le gouvernement changeait, ils suivaient le mouvement, tandis que nous restions les mĂȘmes. Nous avons compris que la Bible rĂ©vĂ©lait d’oĂč venaient en rĂ©alitĂ© nos difficultĂ©s. Nous ne nous considĂ©rions pas seulement comme d’innocentes victimes de l’oppression humaine. Ce qui nous a aidĂ©s Ă  endurer c’est d’avoir une claire comprĂ©hension de la question soulevĂ©e dans le jardin d’Éden, celle du droit qu’a Dieu de gouverner. C’était une question encore en suspens. Nous savions que nous avions lĂ  l’occasion de prendre fait et cause pour la souverainetĂ© de JĂ©hovah. Nous avons adoptĂ© une position sur une question liĂ©e non seulement aux intĂ©rĂȘts des humains, mais Ă©galement aux intĂ©rĂȘts du Souverain de l’univers. Nous avions une comprĂ©hension beaucoup plus profonde des vĂ©ritables questions en jeu. Cela nous a rendus forts et nous a permis de garder notre intĂ©gritĂ© mĂȘme dans les situations les plus extrĂȘmes. Nous voyions au-delĂ  du simple aspect humain des choses. [Entrefilet] On ne peut attribuer au gouvernement l’entiĂšre responsabilitĂ© de la persĂ©cution du peuple de Dieu. [EncadrĂ©/Illustration, pages 208, 209] Entretien avec Maria Pilipiv Date de naissance 1934 Date de baptĂȘme 1952 Parcours S’est rendue en SibĂ©rie en 1951 pour voir sa sƓur qui avait Ă©tĂ© dĂ©portĂ©e lĂ -bas. Maria a connu la vĂ©ritĂ© en SibĂ©rie et a plus tard Ă©pousĂ© un frĂšre exilĂ©. Lorsque papa est mort, la police est venue Ă  la maison, en renfort. Il y avait des agents de la ville, mais aussi du district. Ils nous ont avertis qu’ils ne voulaient ni cantique ni priĂšre. Nous leur avons rĂ©pondu qu’il n’y avait aucune loi contre la priĂšre. Ils ont demandĂ© quand l’enterrement aurait lieu. Nous leur avons rĂ©pondu et ils sont partis. Les frĂšres sont arrivĂ©s tĂŽt. Il Ă©tait interdit de se rĂ©unir, mais on pouvait assister Ă  un enterrement. Nous avons commencĂ© de bonne heure, car nous savions que la police viendrait. Juste au moment oĂč un frĂšre commençait une priĂšre, un camion rempli de policiers est arrivĂ©. Le frĂšre a terminĂ© sa priĂšre et nous avons pris la direction du cimetiĂšre. Les policiers nous ont suivis et nous ont autorisĂ©s Ă  entrer dans le cimetiĂšre. Quand le frĂšre a prononcĂ© une seconde priĂšre, les policiers ont tentĂ© de l’arrĂȘter. Mais nous, les sƓurs, nous avons dĂ©cidĂ© que nous ne les laisserions pas faire. Il y avait de nombreux policiers. Nous avons alors formĂ© une barriĂšre autour du frĂšre. Dans l’agitation qui a suivi, une des sƓurs a emmenĂ© le frĂšre hors du cimetiĂšre, entre les maisons, puis dans le village. Tout d’un coup, un homme que nous connaissions s’est arrĂȘtĂ© en voiture ; le frĂšre est montĂ© Ă  bord et a ainsi pu s’échapper. La police l’a cherchĂ© partout, mais n’a pas rĂ©ussi Ă  le trouver. Alors les agents sont repartis. Les sƓurs protĂ©geaient souvent les frĂšres. En gĂ©nĂ©ral, c’est le contraire qui se produit, mais Ă  l’époque c’est ainsi que ça se passait. Les sƓurs devaient protĂ©ger les frĂšres, et cela s’est fait plus d’une fois. [Entrefilet] À l’époque c’est ainsi que ça se passait. Les sƓurs devaient protĂ©ger les frĂšres. [EncadrĂ©/Illustration, pages 220, 221] Entretien avec Petro Vlasiouk Date de naissance 1924 Date de baptĂȘme 1945 Parcours ExilĂ© de 1951 Ă  1965. Peu de temps aprĂšs que frĂšre Vlasiouk a Ă©tĂ© exilĂ©, son fils est tombĂ© malade et est dĂ©cĂ©dĂ©. L’annĂ©e suivante, aprĂšs avoir donnĂ© naissance Ă  un autre fils, sa femme a eu des complications et a fini par mourir. FrĂšre Vlasiouk s’est retrouvĂ© seul avec un bĂ©bĂ©. En 1953 il s’est remariĂ©, et sa seconde femme s’est occupĂ©e de l’enfant. Je faisais partie de ceux qui ont Ă©tĂ© exilĂ©s d’Ukraine en SibĂ©rie en 1951. Nous n’avions pas peur, vous savez. JĂ©hovah a insufflĂ© un tel esprit aux frĂšres qu’ils avaient la foi, une foi qui transparaissait dans leurs propos. Personne n’aurait jamais choisi de faire un tel voyage pour prĂȘcher en SibĂ©rie. À coup sĂ»r, JĂ©hovah a laissĂ© le gouvernement nous dĂ©placer lĂ -bas. Plus tard, les autoritĂ©s ont dĂ©clarĂ© “ Nous avons fait une grossiĂšre erreur. ” “ Comment cela ? ” ont demandĂ© les frĂšres. “ Nous vous avons amenĂ©s ici, et maintenant vous faites des disciples ici aussi ! ” Les frĂšres ont rĂ©torquĂ© “ Vous en commettrez d’autres. ” Leur deuxiĂšme grossiĂšre erreur, c’est de ne pas nous avoir autorisĂ©s Ă  rentrer chez nous aprĂšs qu’une amnistie a permis notre libĂ©ration. “ Allez oĂč vous voulez, mais ne retournez pas chez vous. ” Par la suite, ils ont pris conscience que c’était une mauvaise dĂ©cision. À cause de cette mesure, la bonne nouvelle s’est rĂ©pandue dans toute la Russie. [EncadrĂ©/Illustration, page 227] Entretien avec Anna Vovtchouk Date de naissance 1940 Date de baptĂȘme 1959 Parcours ExilĂ©e de 1951 Ă  1965. EnvoyĂ©e en SibĂ©rie Ă  l’ñge de 10 ans. A imprimĂ© clandestinement des publications bibliques de 1957 Ă  1980. Les agents du KGB essayaient souvent de nous obliger Ă  donner le nom des frĂšres. Ils nous montraient des photos. En gĂ©nĂ©ral, je leur disais “ Je ne sais rien qui puisse vous intĂ©resser. Pour vous je ne connais personne. ” C’est ce que nous leur rĂ©pondions systĂ©matiquement. Plus tard, peu de temps aprĂšs mon mariage, je me suis rendue Ă  pied en ville et j’ai rencontrĂ© le responsable local du KGB Ă  Angarsk. Il m’avait souvent convoquĂ©e pour me faire subir un interrogatoire et me connaissait bien. Il m’a dit “ Pour en revenir Ă  Stepan Vovtchouk, vous m’avez affirmĂ© que vous ne le connaissiez pas. Comment se fait-​il qu’à prĂ©sent vous soyez mariĂ©e avec lui ? ” Je lui ai rĂ©pondu “ N’est-​ce pas vous qui me l’avez prĂ©sentĂ© avec vos photos ? ” “ Voyez-​vous ça ! a-​t-​il dit en claquant des mains. C’est encore de notre faute ! ” Nous avons ri tous les deux. Ça reste un moment trĂšs amusant de ma vie. [EncadrĂ©/Illustration, pages 229, 230] Entretien avec Sofia Vovtchouk Date de naissance 1944 Date de baptĂȘme 1964 Parcours ExilĂ©e de 1951 Ă  1965. EnvoyĂ©e en SibĂ©rie Ă  l’ñge de sept ans avec sa mĂšre, sa sƓur et son frĂšre. Quand on nous a emmenĂ©s en SibĂ©rie, on nous a dit que nous y resterions pour toujours. Nous n’imaginions pas ĂȘtre libĂ©rĂ©s un jour. Lorsque nous lisions dans La Tour de Garde que des assemblĂ©es avaient lieu dans d’autres pays, nous priions JĂ©hovah pour qu’au moins une fois dans notre vie nous ayons l’occasion d’assister Ă  une assemblĂ©e comme celles-lĂ . Il ne fait aucun doute que JĂ©hovah nous a bĂ©nis. En 1989, nous avons pu assister Ă  l’assemblĂ©e internationale des TĂ©moins de JĂ©hovah en Pologne. La joie que nous avons Ă©prouvĂ©e est indescriptible. Les frĂšres de Pologne nous ont accueillis trĂšs chaleureusement. Nous sommes restĂ©s quatre jours avec eux. Nous assistions Ă  une assemblĂ©e ! C’était un pur bonheur que d’en apprendre davantage au sujet de JĂ©hovah et de recevoir l’instruction de la Parole de Dieu. Nous Ă©tions si heureux. Nous faisions part de nos expĂ©riences Ă  tout le monde. Quoique de nationalitĂ©s si diffĂ©rentes, tous Ă©taient nos frĂšres et sƓurs ! En nous promenant autour du stade nous avons ressenti une merveilleuse ambiance de paix. AprĂšs tout ce que nous avions vĂ©cu — l’interdiction pendant si longtemps — nous avions l’impression d’ĂȘtre dĂ©jĂ  dans le monde nouveau. Nous n’entendions aucune grossiĂšretĂ© et tout Ă©tait propre et magnifique. Nous avons passĂ© du temps avec des frĂšres et sƓurs une fois le programme terminĂ©. Nous ne sommes pas partis aussitĂŽt ; nous nous sommes joints aux autres et nous avons discutĂ© ensemble. Il y avait Ă©galement des interprĂštes quand nous ne comprenions pas la langue. MĂȘme lorsque nous ne nous comprenions pas, nous nous embrassions. Nous Ă©tions heureux. [EncadrĂ©/Illustration, pages 243, 244] Entretien avec Roman Yourkevitch Date de naissance 1956 Date de baptĂȘme 1973 Parcours A passĂ© six ans dans des camps de prisonniers Ă  cause de sa neutralitĂ©. Membre du ComitĂ© de la filiale d’Ukraine depuis 1993. La vĂ©ritĂ© pousse Ă  aider et Ă  soutenir les autres. Nous l’avons particuliĂšrement constatĂ© en 1998 lorsque d’importantes inondations ont touchĂ© la Transcarpatie, oĂč des centaines, oui, des centaines de personnes ont perdu leur maison et tous leurs biens en l’espace d’une nuit. En moins de deux jours un groupe de frĂšres Ă©taient sur les lieux et formaient des comitĂ©s de secours. Ces derniers planifiaient le genre d’aide Ă  apporter Ă  chaque famille, Ă  chaque village. Deux villages en particulier ont Ă©tĂ© durement touchĂ©s Vari et Vitchkov. En seulement deux ou trois jours, on avait dĂ©terminĂ© comment porter assistance Ă  telle ou telle famille et qui leur viendrait en aide. Des frĂšres sont alors arrivĂ©s en camion et ont commencĂ© Ă  dĂ©blayer les tonnes de boue. Ils ont apportĂ© du bois sec, ce qui a Ă©tonnĂ© tout le monde dans cette zone. Les non-TĂ©moins Ă©taient stupĂ©faits. Une sƓur de Vitchkov se trouvait sur les lieux oĂč une Ă©quipe de frĂšres Ă©taient en train de pelleter la boue. Un correspondant de presse s’est adressĂ© Ă  elle pour lui demander “ Connaissez-​vous ces gens ? ” “ Je ne les connais pas bien, a-​t-​elle rĂ©pondu, parce que nous parlons des langues diffĂ©rentes — le roumain, le hongrois, l’ukrainien et le russe. Mais je sais une chose ce sont mes frĂšres et sƓurs, et ils m’aident. ” En l’espace de deux ou trois jours les frĂšres ont envoyĂ© des secours ; ils ont pris soin de toutes les familles, qui ont Ă©tĂ© relogĂ©es Ă  d’autres endroits. Toutefois, au bout de six mois, presque toutes les maisons des frĂšres et sƓurs avaient Ă©tĂ© reconstruites, et les TĂ©moins Ă©taient les premiers de la rĂ©gion Ă  aller vivre dans leurs nouveaux foyers. [Graphique, page 254] Voir la publication Pionniers permanents en Ukraine 1990-​2001 10 000 8 000 6 000 4 000 2 000 0 1990 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 [Graphique, page 254] Voir la publication TĂ©moins de JĂ©hovah en Ukraine* 1939-​2001 120 000 100 000 80 000 60 000 40 000 20 000 0 1939 1946 1974 1986 1990 1992 1994 1996 1998 2001 [Note du graphique] Les chiffres des annĂ©es 1939-​1990 sont approximatifs. [Cartes, page 123] Voir la publication RUSSIE BÉLARUS POLOGNE VOLHYNIE GALICIE Lvov TRANSCARPATIE BUCOVINE UKRAINE KIEV Kharkov Dniepropetrovsk Lougansk ZaporoĆŸje Donetsk Odessa CRIMÉE MOLDAVIE ROUMANIE BULGARIE TURQUIE MER NOIRE [Illustrations pleine page, page 118] [Illustration, page 127] Vojtek Tchehy. [Illustration, page 129] La premiĂšre assemblĂ©e dans la ville de Borislav Galicie, en aoĂ»t 1932. [Illustration, page 130] AssemblĂ©e Ă  Solotvyno Transcarpatie, en 1932. [Illustration, page 132] Pendant 40 ans, Maria et Emil Zarysky ont accompli fidĂšlement leur activitĂ© de traducteurs. [Illustration, page 133] Le premier dĂ©pĂŽt de publications en Ukraine se trouvait dans cette maison, Ă  Oujgorod, de 1927 Ă  1931. [Illustration, page 134] Un groupe prĂȘt Ă  monter dans un autocar pour aller prĂȘcher dans la rĂ©gion de Rakhiv, dans les Carpates 1935 1 Vojtek Tchehy. [Illustration, page 135] Un vieux disque pour phonographe, “ La religion et le christianisme ”, en ukrainien. [Illustration, page 136] La congrĂ©gation de Kosmak, en 1938 1 Mykola Volotchi a vendu l’un de ses deux chevaux pour acheter un phonographe. [Illustration, page 137] Ludwik Kinicki, un ministre zĂ©lĂ© qui est mort fidĂšle Ă  JĂ©hovah dans un camp de concentration nazi, et dont beaucoup se souviennent avec affection. [Illustrations, page 142] Illia Hovoutchak en haut Ă  gauche se rendant Ă  cheval dans les montagnes, avec Onoufri Ryltchouk, pour prĂȘcher ; Ă  droite avec sa femme, Paraska. FrĂšre Hovoutchak a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© par la Gestapo aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© par un prĂȘtre catholique. [Illustration, page 146] Anastasia Kazak 1 avec d’autres TĂ©moins libĂ©rĂ©s du camp de concentration du Stutthof. [Illustrations, page 153] Ivan Maksymiouk Ă  gauche avec sa femme Ievdokia et son fils MykhaĂŻlo Ă  droite ont refusĂ© de renoncer Ă  leur fidĂ©litĂ©. [Illustration, page 158] PremiĂšres publications bibliques en ukrainien. [Illustration, page 170] À l’ñge de 20 ans, Gregori Melnyk devait s’occuper de ses deux petits frĂšres et de sa sƓur. [Illustration, page 176] Maria Tomilko est demeurĂ©e fidĂšle malgrĂ© 15 annĂ©es d’emprisonnement. [Illustration, page 182] Noutsou Bokotch lors d’une courte entrevue avec sa fille, en 1960. [Illustrations, page 185] Lydia et Oleksi Kourdas en haut ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et envoyĂ©s dans des camps diffĂ©rents quand leur fille, Halyna, avait 17 jours ; Halyna Kourdas, Ă  l’ñge de trois ans Ă  droite cette photo a Ă©tĂ© prise en 1961, alors que ses parents Ă©taient toujours en prison. [Illustration, page 191] La veille au soir de leur mariage, Hanna Chichko et Youri Kopos ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et condamnĂ©s Ă  dix ans d’internement dans un camp. Ils se sont mariĂ©s dix ans plus tard. [Illustration, page 191] Youri Kopos a passĂ© prĂšs d’un tiers de siĂšcle dans les prisons et les camps de travail soviĂ©tiques. [Illustration, page 194] Pavlo Ziatek a consacrĂ© sa vie entiĂšre au service de JĂ©hovah. [Illustration, page 196] Lettre de Nathan Knorr, datĂ©e du 18 mai 1962, Ă  l’intention des frĂšres de l’URSS. [Illustration, page 214] Les publications pour l’Ukraine et les autres parties de l’Union soviĂ©tique Ă©taient imprimĂ©es dans des bunkers comme celui-ci, dans l’est de l’Ukraine. [Illustration, page 216] En haut La colline boisĂ©e, au cƓur des Carpates, oĂč Ivan Dziabko travaillait dans un bunker dont l’emplacement Ă©tait tenu secret. [Illustration, page 216] Ci-dessus MykhaĂŻlo Dioloh, assis prĂšs de ce qui servait d’entrĂ©e au bunker oĂč il fournissait du papier Ă  Ivan Dziabko. [Illustration, page 216] À droite Ivan Dziabko. [Illustration, page 223] Au cours des 21 annĂ©es que Bela Meysar a passĂ©es en prison, sa femme, RĂ©gina, a parcouru au total plus de 140 000 kilomĂštres pour lui rendre de frĂ©quentes visites. [Illustration, page 224] MikhaĂŻl Dasevitch a Ă©tĂ© nommĂ© serviteur responsable pour le pays en 1971. [Illustration, page 233] L’enregistrement des TĂ©moins de JĂ©hovah en Ukraine, le 28 fĂ©vrier 1991, a Ă©tĂ© le premier du genre sur le territoire de l’URSS. [Illustrations, page 237] Lors de l’assemblĂ©e internationale Ă  Kiev, en 1993, 7 402 personnes se sont fait baptiser — le nombre de baptĂȘmes le plus Ă©levĂ© de l’histoire moderne du peuple de Dieu jamais enregistrĂ© Ă  une assemblĂ©e. [Illustration, page 246] La remise des diplĂŽmes de la premiĂšre classe de l’École de formation ministĂ©rielle Ă  Lvov, au dĂ©but de l’annĂ©e 1999. [Illustration, page 251] En haut Le complexe de Salles du Royaume oĂč la famille du BĂ©thel a effectuĂ© son activitĂ© de 1995 Ă  2001. [Illustration, page 251] Au milieu La maison utilisĂ©e par la famille du BĂ©thel de 1994 Ă  1995. [Illustration, page 251] En bas La Salle du Royaume de la ville de Nadvornaja — la premiĂšre construite dans le cadre du nouveau programme de construction de Salles du Royaume en Ukraine. [Illustrations, pages 252, 253] 1-3 Les bĂątiments de la filiale d’Ukraine, rĂ©cemment inaugurĂ©s. [Illustration, page 252] 4 Le ComitĂ© de la filiale de gauche Ă  droite assis Stepan Hlinski, Stepan Mikevitch ; debout AndreĂŻ Semkovitch, Roman Yourkevitch, John Didur et Jurgen Keck. [Illustration, page 253] 5 Theodore Jaracz, s’exprimant lors de l’inauguration de la filiale d’Ukraine, le 19 mai 2001. Je suis une lĂ©gende - Richard Matheson Je suis une lĂ©gende - Richard Matheson suis une lĂ©gende-Richard Matheson. A crazy world Je suis une lĂ©gende - Richard Matheson - Babelio Je suis une lĂ©gende - Richard Matheson Je suis une lĂ©gende – La KinopithĂšque Je suis une lĂ©gende – DĂ©jeuner sous la pluie Je Suis une LĂ©gende – Richard Matheson – Blog-O-Livre Avez-vous vu la fin alternative de “Je suis une lĂ©gende” ? 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Au chapitre Dracula — WikipĂ©dia Je suis une lĂ©gende “, de Richard Matheson - Au cafĂ© littĂ©raire de CĂ©line MicromĂ©gas de Voltaire RĂ©sumĂ© Superprof Le film, une contre-analyse de la sociĂ©tĂ© ? - PersĂ©e Au chapitre Lisez Le ScarabĂ©e d’or d’Edgar Allan Poe Fiche de lecture de Perrine Beaufils et lePetitLittĂ©raire en ligne Livres Je suis une lĂ©gende - Richard Matheson - Babelio Fantastique et Ă©vĂ©nement - Chapitre III. Le surnaturel et l’actant - Presses universitaires de Franche-ComtĂ© Avez-vous vu la fin alternative de “Je suis une lĂ©gende” ? Je lis donc je suis Bonjour vous pouvez gagner 20 point en m’aidant pouvez vous m’aider Ă  faire l’analyse de ce poĂšme - Je suis une lĂ©gende” de Richard Matheson seul au monde ? 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Toute l’histoire repose sur les Ă©changes Ă  travers la messagerie Ă©lectronique de deux adolescents, Sacha et Macha. L’Ɠuvre est donc parfaitement d’actualitĂ© Ă  l’ùre oĂč les tĂ©lĂ©phones portables et les ordinateurs ont atteint une performance telle que ni les distances ni le temps n’ont plus aucune limite. L’auteure aborde un sujet qui toucherait certainement un grand nombre de parents et de leurs enfants. Elle peut ainsi soulever ainsi les diffĂ©rentes facettes des correspondances via les mails et plus particuliĂšrement leurs contributions dans l’épanouissement d’une relation affective. Certains conflits aussi bien intĂ©rieurs qu’extĂ©rieurs peuvent ĂȘtre aussi bien rĂ©solus. Le livre a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© pour la premiĂšre fois en 2001 et en vient d’ĂȘtre rééditĂ© pour la troisiĂšme fois aux Ă©ditions Flammarion. Il a Ă©tĂ© adoptĂ© par plusieurs enseignants et comporte dans sa derniĂšre Ă©dition un cahier pĂ©dagogique. Il rassemble 160 pages et a Ă©tĂ© illustrĂ© par YaĂ«l Hassan. RĂ©sumĂ© du roman De Sacha Ă  Macha Un refuge dans les e-mails L’histoire se dĂ©roule en 2000 Ă  Paris. Sacha, 15 ans, fait partie de ces adolescents qui passent beaucoup de temps devant leur Ă©cran d’ordinateur dans leur chambre. Il est en classe de troisiĂšme. Sa mĂšre ne vit plus avec lui, ce qui le rend solitaire. Son pĂšre ne souhaitant pas en parler, il va se rĂ©fugier dans les mails pour chercher un semblant de rĂ©confort. Suite du rĂ©sumĂ© de Sacha Ă  Macha, c’est ainsi qu’il passe le plus clair de son temps Ă  rĂ©diger des mails qu’il envoie Ă  des destinataires imaginaires, mais portant un nom Ă  consonance bien particuliĂšre un nom russe. Il va adresser des messages Ă  des pseudos comme Anouchka ou Natacha. AprĂšs quelques envois infructueux, il tente Macha. Il y a quelqu’un ? » telle est son Ă©ternelle question pour trouver un interlocuteur hypothĂ©tique qui se prĂȘtera Ă  son jeu. Finalement, une jeune fille qui lui est totalement inconnue rĂ©pond Ă  son appel Macha. Et avec quelle rĂ©ponse ! Bien sĂ»r qu’il y a quelqu’un, puisque je suis lĂ , moi ! Quelqu’un ou plutĂŽt quelqu’une. Ou mĂȘme ni quelqu’un ni quelqu’une mais moi, Macha
 ». Ils ont presque le mĂȘme Ăąge elle, 14 ans, mais Macha n’est encore qu’en quatriĂšme. Ils habitent tous les deux dans les environs de Paris. Sacha et Macha deux caractĂšres opposĂ©s Une correspondance assez extraordinaire se tisse alors, avec beaucoup de maladresse au dĂ©part, mais prendra une bonne consistance au fil des jours. En effet, Sacha est un jeune collĂ©gien rĂ©servĂ© et d’humeur souvent maussade, tandis que Macha se montre plutĂŽt bavarde. Elle dĂ©barque ainsi dans l’univers un peu fermĂ© de Sacha avec toute sa candeur et sa joie de vivre. Toutefois, elle n’a pas les mĂȘmes dispositions que le jeune garçon, car elle ne peut surfer que lorsque son frĂšre veut bien lui cĂ©der son ordinateur. Elle peut Ă©galement en profiter lorsque celui-ci n’est pas lĂ . Ce manque d’expĂ©rience sur les pratiques du web lui fait commettre quelques bourdes qui pourraient ĂȘtre impardonnables pour d’autres internautes. Mais Sacha ne s’en formalise pas vraiment et se contente de lui lancer une rĂ©ponse brĂšve trouvĂ©e au hasard, sans trop d’effort de rĂ©flexion. Leurs gouts en matiĂšre d’Ɠuvre musicale divergent radicalement puisque Sacha prĂ©fĂšre Ă©couter les musiques russes et l’ArmĂ©e Rouge, tandis Macha lit PrĂ©vert et est fan de Brassens. La dĂ©couverte du secret Quoiqu’il en soit les frĂ©quents Ă©changes virtuels meublĂ©s d’innombrables confidences donneront naissance bientĂŽt Ă  une vĂ©ritable amitiĂ© qui sera elle bien rĂ©elle et ressentie par les deux adolescents. Toutefois, d’un commun accord ils ont dĂ©cidĂ© de ne pas prĂ©cipiter la dĂ©couverte de l’un par l’autre. TrĂšs vite Macha sentit que le garçon esquive certains sujets et dĂ©ploie divers astuces son secret. Dans ce passage de Sacha Ă  Macha, elle pressent que Sacha a dĂ» subir un drame dans sa vie. Elle ne mettra pas beaucoup de temps Ă  dĂ©couvrir la personnalitĂ© de Sacha, sa situation et son Ă©tat d’ñme. Elle va alors en faire le sujet inĂ©vitable de leurs diffĂ©rentes conversations. Elle ira mĂȘme jusqu’à prendre l’initiative de lui profĂ©rer des ordres dans certaines situations. Docile, Sacha s’y soumet. Et c’est tout naturellement que les problĂšmes de Sacha restent le noyau de leurs communications. Elle finira par apprendre alors que Sacha veut retrouver sa mĂšre. Le seul indice qu’il dĂ©tient c’est qu’il a vu le jour Ă  Leningrad. Sur la demande de Macha il acceptera d’aller poser la question Ă  son pĂšre qui ne lui livrera aucune information rassurante. Il va alors s’imaginer diffĂ©rents scĂ©narios dont certains font vraiment passer son pĂšre pour un monstre. Macha tente de le persuader qu’il n’en est pas ainsi et parvient plus ou moins Ă  calmer le jeu. Retrouver sa mĂšre coĂ»te que coĂ»te Sacha se rend seul en Russie Ă  la recherche de sa mĂšre. Il aura quelques difficultĂ©s avec son entrĂ©e, faute de papiers adĂ©quats, mais il va bĂ©nĂ©ficier de l’aide de personnes de bonne volontĂ© pour y parvenir. Il y restera sans rien trouver pendant un temps tellement long que Macha s’inquiĂšte, son pĂšre Ă©galement. Écoutant son instinct, Macha est alors allĂ©e Ă  la gare tous les jours pour l’attendre jusqu’au jour oĂč il dĂ©barque enfin. Ce sera la premiĂšre rencontre entre ces deux adolescents que la magie d’internet a rĂ©ussi Ă  relier par une belle amitiĂ©. Une fois retournĂ© Ă  la maison, Sacha demande une nouvelle fois des explications franches avec son pĂšre. Ce dernier daignera Ă  lui avouer que c’est sa mĂšre qui les a abandonnĂ©s. Toutefois, Sacha ne saura pas encore la vĂ©ritable raison de cet abandon. Pour continuer le rĂ©sumĂ© de Sacha Ă  Macha de Hausfater, il reprit ses Ă©changent de mails avec Macha et ils conviennent d’une seconde rencontre. Dans leurs mails ils commencent Ă  Ă©chafauder des projets de vacances notamment Ă  destination de la Russie. En effet, Macha et son pĂšre prĂ©voient d’y sĂ©journer. Peut-ĂȘtre arriveront-ils Ă  retrouver la mĂšre Sacha qui comme par hasard porte le prĂ©nom de 
 Macha ? Conclusion du rĂ©sumĂ© de Sacha Ă  Macha De Sacha Ă  Macha » est un roman Ă©pistolaire moderne Ă©crit Ă  quatre mains par Rachel Hausfater et YaĂ«l Hassan, paru en 2001. Sacha est un jeune garçon en derniĂšre annĂ©e de collĂšge. Il vit seul avec son pĂšre, et ne connaĂźt rien de sa mĂšre disparue, son pĂšre refusant de lui en parler. Adolescent rĂ©servĂ© et solitaire, il aimerait mieux connaĂźtre la Russie, son pays d’origine. Comme des bouteilles Ă  la mer, il envoie de multiples e-mails Ă  des destinataires inconnus, sur le seul critĂšre de leur prĂ©nom Ă  consonance slave. L’un d’entre eux sera lu par Macha, une jeune fille dynamique, vive et joyeuse. Les deux jeunes gens vont commencer Ă  correspondre, se livrant peu Ă  peu, avec retenue et pudeur, sans prĂ©cipitation. La confiance qui se noue entre eux va les aider Ă  grandir. Le jeune garçon, aprĂšs avoir confiĂ© son secret quant Ă  sa mĂšre, dĂ©cide de partir Ă  Leningrad, sa ville de naissance. Ce livre traite des thĂšmes de la solitude, des secrets de famille, et de la recherche de son identitĂ©. Il transmet notamment un message important, celui de l’importance de la communication entre les ĂȘtres humains, en particulier pour prĂ©venir ou rĂ©soudre de nombreux conflits. Biographie de l’auteur Rachel Hausfater Rachel Hausfater est nĂ©e le 3 dĂ©cembre 1955 non loin de Paris. Si toute petite, elle voulait devenir clown dans un cirque, Ă  huit ans elle change de vocation pour s’orienter vers l’écriture. Son adolescence et sa jeunesse ont Ă©tĂ© transportĂ©es par les vagues des tendances des annĂ©es 70, notamment dans le domaine du rock et du phĂ©nomĂšne hippie. Elle s’est initiĂ©e Ă  toute sorte de mĂ©tier et a sĂ©journĂ© Ă  Berlin Allemagne, en IsraĂ«l et aux États-Unis. ParallĂšlement, elle Ă©crit, notamment le soir. Elle atterrit finalement au collĂšge de Bobigny et y exerce comme professeur d’anglais. Elle possĂšde Ă  son actif aujourd’hui plus d’une vingtaine de livres essentiellement destinĂ©s aux enfants et Ă  la jeunesse. Ses Ɠuvres tournent autour des thĂšmes comme l’amour, la guerre, l’adolescence et l’enfance, parmi lesquelles figurent Danse interdite, Moche ou encore De Sacha Ă  Macha. Elle est la mĂšre de trois enfants. Elle est divorcĂ©e.

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